Lancement du plan de réponse humanitaire 2021 / Attaque d'un convoi des Nations Unies / Flambée des incursions de Boko Haram / Décès du cardinal Christian Tumi / Coalition de l'opposition pour un nouveau code électoral / Digitalisation de la campagne contre le discours de haine ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / CAMEROUN – 12 avril 2021
 
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Les exactions du groupe terroriste Boko Haram, la crise anglophone et la crise centrafricaine font du Cameroun un des foyers importants des déplacements forcés sur le continent africain. L’organisation Human Rights Watch (HRW) observe une flambée des incursions meurtrières des combattants du groupe Boko Haram dans la région de l’Extrême Nord du Cameroun. Quelques jours avant le lancement du plan de réponse humanitaire 2021 au Cameroun, un convoi humanitaire des Nations Unies essuyait les tirs des combattants séparatistes dans la région du Sud-Ouest. Une situation qui hypothèque l’assistance aux personnes prises au piège des conflits dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Si les besoins humanitaires sont en baisse, ils demeurent importants et l’assurance de la sécurité des travailleurs humanitaires est une équation à résoudre dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest où ils sont pris pour cible.

Dans la recherche de la cohésion sociale, des initiatives se multiplient. La lutte contre le discours de haine se poursuit mais les acteurs de terrain sont négligés. Après le lancement d’une campagne nationale de lutte contre le discours de haine, la Commission Nationale de Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme (CNPBM) souhaite digitaliser ses interventions et consulte les entreprises ainsi que les institutions publiques du secteur des télécommunications. En marge de la session parlementaire en cours, un réseau parlementaire pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme a été mis sur pied.

La promotion du vivre-ensemble au Cameroun se fera désormais sans le cardinal Christian Tumi, un personnage qui a consacré les derniers moments de sa vie à la recherche d’une solution à la crise anglophone.


The abuses of the terrorist group Boko Haram, the Anglophone crisis and the Central African crisis make Cameroon one of the major hot spots of forced displacement on the African continent. Human Rights Watch (HRW) observes a surge in deadly incursions by fighters from the Boko Haram group in the Far North region of Cameroon. A few days before the launch of the 2021 humanitarian response plan in Cameroon, a United Nations humanitarian convoy was attacked by armed separatist fighters in the southwest region. A situation that jeopardizes assistance to people trapped in conflicts in the North West and South West regions. While humanitarian needs are declining, they remain high and ensuring the safety of aid workers is an equation to be resolved in the North West and South West where they are targeted.

In the search for social cohesion, initiatives are multiplying. The fight against hate speech continues but the actors on the ground are neglected. After the launch of a national campaign to fight this scourge, the National Commission for the Promotion of Bilingualism and Multiculturalism (NCPBM) wishes to digitalize its interventions and consults with companies and public institutions in the telecommunications sector. On the sidelines of the current parliamentary session, a parliamentary network for the promotion of bilingualism and multiculturalism has been set up.

The promotion of living together in Cameroon will now be done without Cardinal Christian Tumi who devoted the last moments of his life to the search for a solution to the Anglophone crisis.
 
 

Info Phare - Source institutionnelle

 
 

Lancement du plan de réponse humanitaire 2021 au Cameroun

Les exactions du groupe terroriste Boko Haram, la crise anglophone et la crise centrafricaine font du Cameroun un des foyers importants des déplacements forcés sur le continent africain. Les besoins humanitaires sont en baisse, mais demeurent toujours importants en raison de la flambée des violences dans les différents foyers de tension ces derniers mois. Alors que les acteurs humanitaires et le gouvernement camerounais travaillent ensemble pour apporter l’assistance nécessaire aux personnes déplacées internes et aux réfugiés, leurs perceptions des besoins réels sont discordantes. Les chiffres proposés par les évaluations multisectorielles inclusives sont largement supérieurs à ceux du gouvernement. Le gouvernement estime qu’un tiers des financements sollicités par les acteurs humanitaires est suffisant pour couvrir les besoins identifiés.

Launch of the 2021 humanitarian response plan in Cameroon

The abuses of the terrorist group Boko Haram, the Anglophone crisis and the Central African crisis make Cameroon one of the major centers of forced displacement on the African continent. Humanitarian needs are decreasing, but still remain important due to the surge in violence in the various hotbeds of tension in recent months. While humanitarian actors and the Cameroonian Government work together to provide the necessary assistance to IDPs and refugees, their perceptions of the real needs are conflicting. The figures proposed by inclusive multisectoral evaluations are significantly higher than those of the Government. The Government estimates that a third of the funding requested by humanitarian actors is sufficient to cover the needs identified.

 
 

Source institutionnelle

 
 

Un convoi des Nations Unies attaqué dans la région du Sud-Ouest

Une attaque condamnée par le coordonnateur humanitaire au Cameroun a ciblé deux véhicules transportant sept membres du personnel en mission dans le village Ikata. Si elle n’a fait aucune victime, elle s’inscrit dans la longue liste d’actes de représailles commis par les groupes armés contre le personnel humanitaire dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les enlèvements, assassinats et autres actes de violence à l’encontre du personnel humanitaire dans ces régions limitent l’accès des plus vulnérables à l’assistance dont ils ont besoin.

United Nations convoy attacked in the South West region

An attack condemned by the Humanitarian coordinator in Cameroon targeted two vehicles carrying 7 staff members on mission in the village of Ikata. While no casualties were registered, it is one reprisals committed by armed groups against humanitarian workers in the North West and South West regions. Kidnappings, killings and other acts of violence against humanitarian workers in these areas limit the access of the most vulnerable to the assistance they need.

 
 

Source société civile 

 
 

Les attaques de Boko Haram s’intensifient dans la région de l’Extrême-Nord

Alors que le ministre camerounais de l’Administration territoriale Paul Atanga Nji déclarait encore en mars dernier que Boko Haram était « sous contrôle » et qu’il « vit ses derniers jours », L’ONG Human Rights Watch soutient au contraire que ce groupe terroriste accroît dangereusement ses actions dans la région de l’Extrême-Nord. Avec les inquiétudes des populations des villages ciblés par les combattants de Boko Haram et des acteurs humanitaires, l’organisation réclame un renforcement de la présence militaire et le contrôle de la conformité de l’action des membres des forces de défense et de sécurité aux dispositions pertinentes en matière de droits de l’homme et de droit humanitaire.

Boko Haram attacks are escalating in the Far North region

While the Cameroonian Minister of Territorial Administration Paul Atanga Nji declared last year that Boko Haram was "under control" and that it "is living its last days", the NGO Human Rights Watch maintains on the contrary that this terrorist group dangerously increases its actions in the Far North region. With the concerns of the populations of the villages targeted by Boko Haram fighters and humanitarian actors, the organization calls for a strengthening of the military presence and monitoring of the compliance of the action of members of the defence and security forces with the provisions of human rights and humanitarian law.

 
 

Sources médiatiques

 
 

Décès du cardinal Christian Tumi, une figure influente de la scène politico-religieuse

Présenté comme « le trait d’union » entre les Camerounais anglophones et francophones au Cameroun, le cardinal Christian Tumi est décédé la semaine dernière à l’âge de 91 ans. Connu pour ses positions politiques aux antipodes du discours gouvernemental, il est également célèbre pour son action au sein de l’Église catholique au Cameroun et pour son activisme en faveur de la paix et du vivre-ensemble. Au tout début de la crise anglophone qui a ressurgi en 2016, il s’était proposé d’organiser une conférence générale des anglophones. Il était présent aux travaux du Grand Dialogue National convoqué en 2019 par le président Biya pour trouver une solution durable aux crises en cours dans le pays.

Death of Cardinal Christian Tumi, an influential figure in the political-religious scene

Presented in Cameroon as "the link" between Anglophone and Francophone Cameroonians, Cardinal Christian Tumi passed away last week at the age of 91. Known for his political positions at the antipodes of Government’s discourse, he is also famous for his action within the Catholic Church in Cameroon and for his activism in favour of peace and living together. At the very beginning of the Anglophone crisis that resurfaced in 2016, he proposed to organize a general conference of Anglophones. He then participated in the Major National Dialogue convened in 2019 by President Biya to find a lasting solution to the crises in course in the country.

 
 

Plusieurs partis politiques de l’opposition s’allient pour tenter d’imposer une révision du code électoral

Dans un communiqué cosigné par les responsables de cinq partis politiques dont le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), le Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), l’Union Démocratique du Cameroun (UDC) et le « Social Democratic Front (SDF) », l’opposition camerounaise a annoncé la naissance d’une coalition inédite. Par cette démarche, les partis politiques signataires du communiqué signé à Yaoundé s’engagent à « travailler ensemble à la mise en place d’un code électoral nouveau ou amendé au Cameroun ». Cette coalition traverse les « frontières culturelles » assignées à certains partis politiques tels que le MRC, SDF, UDC.

Several opposition political parties join forces to try to force a revision of the electoral code


In a statement co-signed by the leaders of 7 political parties including the Cameroon Renaissance Movement (CRM), the Cameroonian Parti for National Reconciliation (CPNR) , the Cameroon’s Democratic Union (CDU) and the Social Democratic Front (SDF), the Cameroonian opposition announced the birth of an unprecedented coalition. Through this union, the political parties signing the release in Yaoundé commit to "
working together for the establishment of a new or amended electoral code in Cameroon". This coalition crosses the “cultural borders” assigned to certain political parties such as the MRC, SDF, CDU.

 
 

Déjà 300 ex-associés de Boko Haram accueillis au centre de désarmement, démobilisation et réintégration de Meri dans l’Extrême-Nord

Cinquante-cinq ex-associés de Boko Haram ont rejoint le Centre de Désarmement, de Démobilisation et de Réintégration de Méri. Ceci porte le nombre total de pensionnaires de cette institution à 328, soit 115 hommes, 69 femmes et 144 enfants. Si les incursions meurtrières de Boko Haram se poursuivent dans la région, l’activité conjointe des forces de défense nationale et de la force multinationale mixte a facilité la reddition de certains des combattants du groupe terroriste.

Already 300 former associates of Boko Haram welcomed at the disarmament, demobilization and reintegration center of Meri in the Far North

Fifty-five new Boko Haram ex associates have joined the Disarmament, Demobilization and Reintegration Center in Meri. This brings the total number of residents of this institution to 328, including 115 men, 69 women and 144 children. While Boko Haram’s deadly incursions into the region continue, the joint activity of the national defence forces and the multinational joint force has facilitated the disarmament of some of the terrorist group’s fighters.

 
 

Un réseau parlementaire pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme

Réunis en session ordinaire du mois de mars, des parlementaires camerounais ont mis sur pied un réseau dédié à la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme au Cameroun. Le réseau des parlementaires pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (REP-Probim), créé le 5 avril dernier, se propose de combler les insuffisances du dispositif existant au Cameroun.

A parliamentary network to promote bilingualism and multiculturalism

Meeting in ordinary session in March, Cameroonian parliamentarians set up a network dedicated to the promotion of bilingualism and multiculturalism in Cameroon. The network of parliamentarians for the promotion of bilingualism and multiculturalism (REP-Probim) set up on April 5, intends to fill the gaps in the existing architecture for the promotion of bilingualism and multiculturalism in Cameroon.

 
 

La Commission Nationale de Promotion du Bilinguisme et du Multiculturalisme (CNPBM) compte digitaliser la campagne nationale contre le discours de haine

Au début du mois de mars 2021, la CNPBM lançait une campagne nationale de lutte contre le discours de haine au Cameroun. À travers cette campagne, l’institution comptait infléchir la courbe du discours haineux dans l’espace public au Cameroun. Des consultations sont engagées avec les entreprises de télécommunication, les médias privés et les institutions publiques du domaine des technologies de l’information et de la communication pour penser la digitalisation de ladite campagne. Outre les médias traditionnels, la CNPBM entend investir les réseaux sociaux qui amplifient le discours haineux au Cameroun.

The National Commission for the Promotion of Bilingualism and Multiculturalism (CNPBM) intends to digitize the national campaign against hate speech.

At early March 2021, the NCPBM launched a national campaign against hate speech in Cameroon. Through this campaign, the institution intended to turn the curve of hate speech in the public space in Cameroon. Consultations have been initiated with telecommunications companies, private media and public institutions in the field of Information and Communication Technologies to think about the digitalization of the said campaign. In addition to traditional media, the CNPBM intends to invest in social networks that amplify hate speech in Cameroon.

 
 
 
 
Pour aller plus loin
 
 

Humanitarian Needs Overview 2021

 

Humanitarian Response Plan 2021



 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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