Marche interdite/Soldats condamnés pour massacre de civils/Marche des femmes pour la paix/Craintes des hommes religieux ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / CAMEROUN – 22 septembre 2020
 
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Les militaires auteurs du meurtre de deux femmes, accusées d'être complices de Boko Haram, et de leurs enfants dans l’Extrême-Nord en 2018 ont été reconnus coupables par la justice militaire et condamnés à des peines d’emprisonnement. Ce verdict rassure les défenseurs des droits humains sur la volonté de Yaoundé de limiter l’impunité et les dérives dans la lutte contre le terrorisme dans l’Extrême-Nord. En même temps, la reconnaissance de la culpabilité des soldats dans ce massacre ainsi que dans celui de Ngarbuh survenu en février dernier dans la Région du Nord-Ouest porte un coup à l’image de l’armée et appelle à une action au sein des forces de sécurité.

A l’occasion de la Journée internationale de la Paix, les femmes anglophones demandent une nouvelle fois la fin des affrontements armés dans les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et proposent des pistes pour une sortie de crise.

Considérées comme antirépublicaines, les manifestations projetées par le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto sont interdites par le Gouvernement. Outre cette interdiction, le Gouvernement et d’autres acteurs politiques et sociaux appellent les Camerounais à ignorer les appels du MRC qui promet des rassemblements dans tout le pays. Face à ce bras de fer annoncé entre les pouvoirs publics et le MRC, une partie de la population se dit inquiète. Cette inquiétude se justifie également par le déploiement impressionnant des forces de défense dans les villes de Douala et Yaoundé depuis la semaine dernière.

L’ONG Human Rights Watch  considère l’interdiction de la marche du MRC et de ses alliés comme « une répression à l’encontre de l’opposition ».

The soldiers responsible for the murder of two women and their children in the Far-North in 2018 were found guilty by the military court and sentenced to prison terms. This verdict reassures human rights defenders of Yaounde's desire to address abuses in the fight against terrorism in the Far-North. At the same time, finding soldiers guilty in this massacre as well as in Ngarbuh's one that occurred last February in the North-West Region tarnishes the image of the army and calls for action within security forces.

On the occasion of the International Day of Peace, Anglophone women are once again calling for an end to armed clashes in the North-West and South-West Regions and offer avenues for a way out of the crisis.

Considered anti-republican, the demonstrations planned by the Cameroon Renaissance Movement (MRC) of Maurice Kamto are banned by the Government. In addition to this ban, the Government and other political and social actors are calling on Cameroonians to ignore appeals from the MRC which promises rallies across the country. Faced with these conflicting announcements between the public authorities and the MRC, part of the population is worried. This is also justified by the impressive deployment of defence forces in the cities of Douala and Yaounde since last week. Hunan Rights Watch sees the long ban on the demonstrations of the CRM and its allies as "a crackdown on the opposition."

 
 

L'info phare : Source médiatique 

 
 

Cameroun : cinq militaires condamnés pour le meurtre de deux femmes et de leurs enfants.

Le tribunal militaire de Yaoundé a rendu sa sentence lundi dernier dans l’affaire des massacres de Zelevet survenus en 2018. Quatre des cinq militaires reconnus coupables écopent d’une peine d’emprisonnement de dix ans. Le cinquième militaire écope quant à lui de deux ans d’emprisonnement pour violation de consignes et pourra être libéré immédiatement pour avoir déjà purgé sa peine.
En 2018, la vidéo du massacre de deux femmes et de leurs enfants par des soldats avait suscité une indignation générale au Cameroun face à ce qui était considérée comme une violation grave des droits humains dans la lutte contre le terrorisme. Alors que le groupe terroriste Boko Haram et sa faction dissidente multiplient des attaques meurtrières dans la région de l’Extrême-Nord, les organismes de défense des droits humains appellent à travailler pour concilier la lutte antiterroriste et le respect des droits humains. Ce verdict et celui prononcé dans le cadre du massacre de Ngarbuh survenu dans le Nord-Ouest marquent une avancée vers l’impunité souhaitée pour les crimes militaires et les autres violations de droits humains dans les zones en guerre.

Cameroon: five soldiers convicted of the murder of two women and their children.

Last Monday, the Yaounde military court handed out its sentence in the Zelevet massacres that occured in 2018. Four of the five soldiers found guilty have received a 10-year prison sentence. The fifth soldier was sentenced to two years imprisonment for breacking orders and could be released immediately once his sentence is served.

In 2018, the video of the massacre of two women and their children by soldiers sparked general indignation in Cameroon and was considered a serious human rights violation in the fight against terrorism. As the terrorist group Boko Haram and its divisive faction escalate deadly attacks in the Far-North region, human rights organizations are calling for work to reconcile the fight against terrorism with respect for human rights. This verdict and the one handed down in the Ngarbuh massacre in the Northwest mark a step towards the desired end to impunity for military crimes and other human rights violations in war zones.

 
 

Source Médiatique

 
 

Une marche de l’opposition prévue ce jour suscite des controverses.

Marche « anti-Biya », « Révolution », « Marche anti républicaine », « contestation des élections régionales », « mouvement insurrectionnel » ou « marche pour réclamer un cessez-le feu en zone anglophone », difficile à dire. La marche du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC) de Maurice Kamto, candidat malheureux à la présidentielle de 2018, alimente de nombreux débats au Cameroun depuis la semaine dernière. Alors que certains analystes estiment que le moment est mal choisi pour une manifestation publique en raison de la pandémie COVID 19, d’autres jugent qu’une telle manifestation pourrait dégénérer en affrontements violents entre partisans du MRC et les forces de l’ordre mobilisées et en alerte dans les villes de Yaoundé, Douala et Bafoussam.
Maurice Kamto essaierait-il de récupérer à son compte l’actualité au Mali ? C’est ce qu’affirment les leaders issus du parti au pouvoir qui appellent « le peuple » camerounais à ignorer ce qu’ils qualifient d’ « appel à l’insurrection ». Plusieurs autres partis politiques, associations et leaders s’opposent à la démarche de Kamto qui selon eux pourrait ouvrir un nouveau front alors que le pays paie chèrement le coût des conflits armés dans l’Extrême-Nord et les Régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Le Social Democratic Front (SDF) est revenu sur sa position après s’être dit favorable à la marche du 22 septembre. Avec l’interdiction de cette marche, la tension entre les soutiens du RDPC et les protagonistes de la marche s’est propagée sur les réseaux sociaux. Le MRC y promet de braver l’interdiction de manifester des autorités administratives.

An opposition demonstration scheduled for today creates controversy.

"Anti Biya" demonstration, "Revolution", "anti-republican demonstration", "rejection of regional elections", "insurrectionary movement" or " demands for a ceasefire in the Anglophone regions", difficult to say. The demonstration of the Cameroon Renaissance Movement (MRC) led by Maurice Kamto, the unsuccessful 2018 presidential candidate, has fueled many debates in Cameroon since last week. While some analysts believe that the timing for demonstration is not right due to the COVID 19 pandemic, others believe that this demonstration could degenerate into violent clashes between supporters of the MRC and the security forces mobilized and on alert in the cities of Yaounde, Douala and Bafoussam.
Would Maurice Kamto try to benefit from the situation in Mali? This is what the ruling party leaders say, calling on the Cameroonian "people" to ignore what they consider a "call for insurgency". Several political parties, associations and leaders oppose Kamto's approach, which they believe could open a new front in a country trapped in costly armed conflicts in the Far-North and the North-West and South-West Regions. The Social Democratic Front (SDF) reversed its position after it supported the September 22 demonstration. With the ban on the said demonstration, the tension between RDPC supporters and the organizers has spread to social media. The MRC promises to defy the ban on demonstrations by administrative authorities.

 
 

Dans le Cameroun anglophone, les femmes des mouvements religieux lancent un nouvel appel pour un cessez-le-feu.

A l’occasion de la Journée internationale de la Paix célébrée le 21 septembre 2020, les femmes issues de plusieurs mouvements religieux se sont jointes au SNWOT (Groupe de travail des femmes du Sud-Ouest et du Nord-Ouest) pour demander une nouvelle fois la fin du conflit armé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.  Elles estiment jouer leur partition pour mettre un terme à un conflit dont le bilan humanitaire ne cesse de s'aggraver. L’objectif de cette nouvelle sortie est de favoriser un cessez-le-feu de six mois afin de réunir les conditions pour des échanges entre le Gouvernement et les séparatistes. Ces femmes revendiquent également un renforcement de la participation des figures féminines au processus de paix au Cameroun et proposent des étapes pour une résolution pacifique à la crise. Elles invitent les groupes séparatistes et le Gouvernement à annoncer chacun un cessez-le-feu avant le mois de novembre.

In Anglophone Cameroon, women from religious movements are launching a new call for a ceasefire.

On the occasion of the International Day of Peace celebrated on 21 September, women from several religious movements joined SNWOT (South-West and North-West Women's Working Group) to renew demands for an end to armed clashes in the North-West and South-West regions. They believe they are playing their role to put an end to a conflict with dramatic humanitarian consequences. The aim of this new outing is to request a six-month ceasefire in order to create the conditions for exchanges between the Government and the separatists. These women also call to strengthen women’s participation in peace processes in Cameroon and suggest steps for a peaceful resolution of the crisis. They call on the separatist groups and the Government to announce a ceasefire before November.

 
 

Le président de la Commission épiscopale nationale se dit inquiet de la situation politique du pays.

Mgr. Abraham Kome, Évêque de Bafang et Président de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun, estime que « le Cameroun ne vit plus dans la perspective de son progrès ». Pour lui, le sentiment de désespoir ressenti par une grande partie de la population camerounaise facilite les appels au soulèvement qui se multiplient depuis deux ans. Il constate une détérioration des mentalités et du bien-être social, due en partie au modèle de gouvernance en place. L’évêque préconise une révolution des mentalités et appelle à travailler pour cultiver la recherche de « l’être bien de l’ensemble » parmi les Camerounais.

The president of the National Episcopal Commission said he was worried about the political situation in the country.

Abraham Kome, Bishop of Bafang and President of the National Episcopal Conference of Cameroon, believes that “Cameroon no longer lives in the perspective of its progress”. He argues that, because a large number of Cameroonians live in despair, they can support the calls for an uprising that have been multiplied for two years. He notes shift in terms of mentalities and social well-being and finds its sources in the governance model in place. The bishop advocates for a revolution of mentalities and calls for work to cultivate the search for "general good" among Cameroonians.

 
 

Au dernier jour du dépôt des candidatures pour les élections régionales, ELECAM déplore des lenteurs.

A quelques heures de la clôture du dépôt des candidatures, la Direction Générale des Élections (ELECAM) réclame toujours des listes candidates pour les élections régionales. Les partis politiques sont toujours attendus dans plusieurs circonscriptions. Si le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) au pouvoir est le seul capable de produire des listes pour l’ensemble du territoire, l’opposition est quant à elle divisée. Certains partis politiques se présenteront dans leurs fiefs traditionnels malgré les appels au boycott. D’autres partis ont fait savoir qu’ils ne participeraient pas à ces élections dont les résultats seraient connus d’avance au regard de la victoire écrasante du RDPC aux élections municipales de février 2020. Le MRC appelle les autres partis politiques de l’opposition à se réunir autour de lui pour un boycott total.

On the last day of the submission of application for the regional elections, ELECAM deplores delays.

A few hours before the deadline for submitting applications for the regional elections, the General Direction of Elections is still expecting political parties to show up in several constituencies. While the ruling Cameroon Peolpe’s Democratic Movement (RPDC) is the only party capable of producing lists for the entire territory, the opposition is divided. Some political parties will run in their traditional strongholds despite calls for a boycott. Others have indicated that they will not participate in these elections as the results would already be known in advance due of the overwhelming victory of the RPDC lin the municipal elections in February 2020. In these regional elections, the MRC calls on the other opposition political parties to rally around a total boycott.

 
 

Source société civile

 
 

Cameroun : la répression à l’encontre de l’opposition s’accentue.

L’organisation Human Rights Watch estime que les raisons avancées par le Gouvernement pour interdire les manifestations publiques sont arbitraires. Son directeur pour l’Afrique centrale, Lewis Mudge, estime que les mesures administratives prises ces derniers jours pour dissuader les manifestants du MRC constituent « une tentative à peine voilée de la part du Gouvernement camerounais de se servir de la pandémie de COVID 19 et d’une loi antiterroriste draconienne comme prétextes pour supprimer le droit à la liberté de réunion ». L’agitation de la loi antiterroriste et des mesures de lutte contre la pandémie COVID 19 par l’administration pour interdire les manifestations publiques sont dénoncées par des partis politiques comme le MRC et le Cameroon People’s Party (CPP). Alors que plusieurs manifestations des partis d’opposition ont été interdites ces derniers mois, une source citée par Human Rights Watch soutient que celles soutenues par le parti au pouvoir sont tolérées. En pleine pandémie de COVID 19, l’Organisation des Nations Unies avait mis en garde les gouvernements sur une exploitation de la pandémie actuelle et la préservation de la santé publique pour faire taire les oppositions.

Cameroon: heightened crackdown on opposition.

Human Rights Watch considers that the reasons behind Government ban on public demonstrations are arbitrary. Its director for Central Africa, Lewis Mudge, believes that the recent administrative measures taken to deter the MRC protesters constitute "a thinly veiled attempt by the Cameroonian government to make use of the COVID 19 pandemic and a draconian anti-terrorism law as a pretext to suppress the right to freedom of assembly”. The agitation of the counterterrorism law and the COVID 19 measures to ban public protests are being viewed as biased by political parties like the MRC and the Cameroon People’s Party (CPP). While several demonstrations by opposition parties have been banned in past, a source quoted by Human Rights Watch maintains that those supported by the ruling party are tolerated. In the midst of the COVID 19 pandemic, the United Nations warned governments about exploiting the current pandemic and public health imperative to silence the opposition.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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