Situation des réfugies, déplacés internes et retournés au Cameroun / Coopération réfugiés-hôtes / L'ONU demande justice pour les victimes d'atrocités au Cameroun / Bilan des droits humains au Cameroun en 2020 ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / CAMEROUN – 27 janvier 2021
 
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La crise post-électorale en République centrafricaine plonge les réfugiés centrafricains installés au Cameroun dans l’incertitude. Avec les difficultés d’intégration rencontrées  par certains réfugiés et malgré les activités agricoles développées sur les terres offertes par des membres de leurs communautés d’accueil, une partie des Centrafricains installés au Cameroun espérait pouvoir regagner leur pays d’origine à travers les « rapatriements volontaires ». Ce sont au contraire, plus de 5 000 nouveaux réfugiés qui ont traversé la frontière à l’Est.  Les besoins de ces personnes s’ajoutent à ceux d’autres réfugiés installés dans le pays depuis 2014 et ceux des personnes déplacées internes et retournées de la crise anglophone et du terrorisme dans le nord du pays. Après une année 2020 peu favorable pour les droits humains au Cameroun, l’Organisation des Nations Unies et d’autres organisations humanitaires s’inquiètent des violences enregistrées au mois de janvier 2021.

The post-election crisis in the Central African Republic plunges the Central African refugees living in Cameroon into uncertainty. With the integration difficulties encountered by some refugees and despite the agricultural activities developed on the land offered by members of their host community, some of the Central Africans settled in Cameroon hoped to be able to return to their country of origin through "voluntary repatriation". On the contrary, more than 5,000 new refugees crossed the border to the east. The needs of these people are adding to those of other refugees settled in the country since 2014 and those of internally displaced and returnees from the Anglophone crisis and terrorism in the Far-North. After an unfavourable 2020 year  for human rights in Cameroon, the United Nations and humanitarian organizations raise concern about the violence recorded in January 2021.

 
 

Info Phare - Source Institutionnelle

 
 

La coopération intercommunautaire autonomise les réfugiés centrafricains à l’Est.

La Région de l’Est du Cameroun accueille le plus grand nombre de réfugiés originaires de la République centrafricaine. Installés au sein des communautés hôtes de l’est du Cameroun, plusieurs d’entre ces réfugiés centrafricains ont développé des activités agricoles sur les terres mises à leur disposition par les membres de leurs communautés d’accueil. Des témoignages recueillis par les Nations Unies soutiennent que la participation des réfugiés aux activités génératrices de revenus dans les communautés hôtes renforce leur autonomie et la prise en charge de l’éducation de leurs enfants. Toutefois, des investissements sont encore nécessaires pour leur permettre d’exploiter l’espace disponible autour d’eux et de transporter aisément leur production vers les centres de consommation.

Inter-community cooperation empowers Central African refugees in the east.

The eastern region of Cameroon hosts the largest number of refugees from the Central African Republic. Settled in the host communities of eastern Cameroon, many of these Central African refugees developed agricultural activities on the land made available to them by members of their host communities. Testimonies collected by the United Nations maintain that the participation of refugees in income-generating activities in host communities strengthens their autonomy and supports the education of their children. But investments are still needed to allow them to exploit the available space around them and easily transport their production to consumption centers.

 
 

Source médiatique

 
 

L’option de « dé-radicaliser » présente ses premiers résultats.

Le 18 janvier dernier, à l’occasion d’une réunion de coordination du Comité National de Désarmement, Démobilisation et Réintégration (CNDDR), son responsable  présentait les activités réalisées en 2020. Si les centres de l’Extrême Nord accueillent de nouveaux ex-combattants de la secte Boko Haram, 134 autres originaires du Nigeria et accueillis dans ces centres ont regagné leur pays. Le rythme de défections au sein du groupe Boko Haram et des groupes armés séparatistes est lent mais les responsables du CNDDR gardent espoir avec l’arrivée de neuf autres anciens combattants séparatistes le 17 janvier 2021.

The option to "de-radicalize" presents its first results.

On January 18, during a coordination meeting of the National Committee for Disarmament, Demobilization and Reintegration (NCDDR), its manager presented the activities carried out in 2020. If the NCDDR centres in the far North are welcoming new ex-combatants from the Boko Haram sect, 134 others from Nigeria and hosted in these centres have returned to their country. The pace of defections within the Boko Haram group and armed separatist groups is slow, but NCDDR officials remain hopeful with the arrival of 9 new separatist ex-combatants on January 17, 2021.

 
 

Le Ministre de l’Administration Territoriale rencontre les chefs traditionnels de la Région de l’Ouest et s’exprime sur leur mémorendum au Chef de l’État.

Au mois de novembre 2020, un groupe de chefs traditionnels de la Région de l’Ouest avait adressé un mémorendum au Président de la République. Dans ce mémorendum, les chefs traditionnels dénonçaient l’attitude des partis politiques qui « procèdent à la tribalisation de la scène politique nationale » et « exacerbent la haine tribale au mépris de la récente loi pénalisant les propos et faits tribalistes ». Après avoir condamné les critiques formulées à l’endroit de l’option militaire dans la résolution de la crise anglophone, le Ministre souligne que « le chef traditionnel doit rester le garant des us et coutumes de nos terroirs. Il ne saurait donc se mêler ou mêler ses populations au combat politique, mais impulser le développement au moment  où il est partie prenante du processus de décentralisation ».

Minister of Territorial Administration meets with traditional rulers in the Western region and speaks on their memorandum to the Head of State.

In November 2020, a group of traditional leaders from the West region sent a memorandum to the President of the Republic. In this memorandum, the traditional leaders denounced the attitude of political parties which "proceed to tribalize the national political scene" and "exacerbate tribal hatred in defiance of the recent law penalizing tribalist words and facts". After having condemned the criticisms around the military option for the resolution of the Anglophone crisis, the Minister stressed that "the traditional chief must remain the guarantor of the habits and customs of our lands. He/She cannot therefore mingle or mingle its populations in the political struggle, but stimulate development when it is a stakeholder in the decentralization process”.

 
 

Source Société civile

 
 

2020 : Une année noire pour les droits humains au Cameroun selon l’ONG Human Rights Watch.

Dans son « World Report 2021 », l’ONG Human Rights Watch a présenté un bilan peu reluisant de la situation des droits humains au Cameroun. La situation s’est dégradée à divers niveaux. Cette dégradation se justifie en partie par la crise sécuritaire dans les Régions anglophones, les abus et exécutions sommaires perpétrés par les groupes armés et les membres des forces de défense et de sécurité. Par ailleurs, la nouvelle poussée des exactions de la secte Boko Haram dans la Région de l’Extrême-Nord n’est pas sans conséquences sur les droits des personnes. En 2020, le pays avait été placé par le Secrétaire Général des Nations Unies parmi les pays dont la situation des droits des enfants mérite un suivi particulier.

2020: A dark year for human rights in Cameroon according to the NGO Human Rights Watch.

In its "World Report 2021", the NGO Human Rights Watch presented a gloomy assessment of the human rights situation in Cameroon. The situation has deteriorated on various levels. This deterioration is partly justified by the security crisis in the Anglophone regions, the abuses and summary executions perpetrated by armed groups and members of the defence and security forces. Moreover, the new surge in the Boko Haram’s atrocities in the Far North region also has consequences on rights. In 2020, the country was placed by the Secretary General of the United Nations among the countries whose children's rights situation deserves special monitoring.

 
 

Source institutionnelle

 
 

Cameroun : les autorités exhortées à demander justice pour les récentes attaques meurtrières.

Le 10 janvier dernier, de nouveaux massacres avaient été signalés dans la localité de Mautu dans la Région du Sud-ouest du Cameroun. Comme dans plusieurs autres cas, les groupes séparatistes attribuent la responsabilité  des massacres aux forces de défense et de sécurité. Le gouvernement a estimé qu’il s’agissait d’un montage pour discréditer l’armée et propose une enquête. Quelques jours avant cette attaque, une bombe artisanale placée sur l’itinéraire d’un cortège administratif avait fait plusieurs victimes dans le département de la Momo dans le Nord-Ouest. Inquiet au sujet des violences ciblant les civils et se félicitant de cette ouverture, le Secrétaire Général de Nations Unies « exhorte les autorités camerounaises à prendre toutes les mesures nécessaires pour traduire rapidement en justice les auteurs des deux attaques et renforcer la protection des civils ».

Cameroon: authorities urged to seek justice for recent deadly attacks.

On January 10, new massacres were reported in the town of Mautu in the South West region of Cameroon. As in many other cases, separatist groups attribute responsibility for the massacres to the defence and security forces. The government has deemed this to be a scheme to discredit the army and is proposing an investigation. A few days before this attack, a homemade bomb placed on the route of an administrative convoy had killed several people in the department of Momo in the North-West. Worried about the violence targeting civilians and welcoming this openness, the Secretary General of the United Nations "urges the Cameroonian authorities to take all necessary measures to quickly bring the perpetrators of the two attacks to justice and to strengthen the protection of civilians".

 
 

De nouveaux réfugiés, déplacés internes et retournés dans le besoin urgent d’assistance.

Selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés, 60 000 Centrafricains ont quitté leur pays d’origine pour échapper aux violences postélectorales. Au moins 5 000 d’entre eux ont traversé la forêt pour rejoindre Garoua Boulaï dans la Région de l’Est. Alors que les réfugiés centrafricains espèrent avoir des logements et l’alimentation à Gado Badzere, la localité de Mamfé a accueilli les premiers retournés du Nigeria. Dans la Région de l’Extrême-Nord, les attaques de la secte Boko Haram ont entrainé de nombreux déplacements internes et internationaux.

New refugees, internally displaced persons and returnees in urgent need of assistance.

According to the United Nations High Commissioner for Refugees, 60,000 Central Africans left their country of origin to escape the ongoing post-election violence. At least 5,000 of them crossed the forest to reach Garoua Boulaï in the Eastern region. While CAR refugees hope for shelter and food in Gado Badzere, the town of Mamfé has welcomed the first returnees from Nigeria. In the Far-North region, attacks by the Boko Haram caused numerous internal and international displacements.

 
 

Source religieuse

 
 

L’évêque du diocèse de Maroua Mokolo lance un appel au secours des réfugiés et déplacés internes dans l’Extrême-Nord

Depuis le début des incursions meurtières de la secte Boko Haram dans la Région de l’Extrême-Nord, les mouvements religieux chrétiens et musulmans se sont mobilisés pour opposer un discours tolérant à la violence extrémiste et soutenir les populations en détresse. Des comités de vigilance composés de croyants de différentes religions ont été mis sur pied pour limiter les attentats. Néanmoins, selon El Hadj Boubakary de Mozogo cité par La Croix Africa, « la situation est redevenue intenable ». Pour soutenir son action sur le terrain, Caritas avait lancé un appel au mois de novembre 2020 pour soutenir les personnes prises au piège des conflits à la frontière entre le Nigeria et le Cameroun. Au séminaire de la Conférence épiscopale nationale tenue ce mois à l’ouest du Cameroun, l’évêque du diocèse de Maroua Mokolo a réitéré cet appel en présentant la situation des réfugiés et déplacés internes dans le nord du Cameroun.

Caritas is appealing for help to refugees and internally displaced people in the Far North

Since the start of the Boko Haram sect’s murderous incursions into the Far North region, Christian and Muslim religious movements have mobilized to oppose a  tolerant discourse to extremist violence and to support populations in distress. Vigilance committees made up of believers of different religions have been set up to limit the attacks. But according to El Hadj Boubakary of Mozogo quoted by La Croix Africa, "the situation has become untenable again". To support its action on the ground, Caritas launched an appeal in November 2020 to support people trapped in conflicts on the border between Nigeria and Cameroon. At the seminar of the national episcopal conference held this month in the West region Cameroon, the Bishop of the diocese of Maroua Mokolo reiterated this call by presenting the situation of refugees and internally displaced persons in northern Cameroon.

 
 
 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Cameroun. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Cameroun. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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