Procès de l'attentat contre Charlie Hebdo / Enquête IFOP sur la liberté d'expression et les caricatures / Discours d'Emmanuel Macron au Panthéon / Tension autour du référendum sur l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / FRANCE -
08 septembre 2020
 
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La rentrée de septembre en France est riche d’événements ayant trait au pluralisme culturel et religieux. Le mercredi 2 septembre s’ouvrait le procès de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo réveillant le débat sur la liberté d’expression. Le journal a commandé une enquête IFOP pour mesurer l’évolution de l’opinion publique sur la question de la liberté d’expression et des caricatures. Ses résultats soulignent la pensée des jeunes musulmans à contre-courant de l’opinion générale : 26 % d’entre eux ne condamnent pas explicitement les auteurs des attentats et 71 % n’auraient pas participé à la minute de silence en hommage aux victimes. Ces résultats soulignent le défi auquel fait face aujourd’hui l’Éducation nationale. Le président de la République Emmanuel Macron s’est exprimé à ce sujet pour réaffirmer ce qu’il nomme le « droit de blasphémer ».

Le vendredi 4 septembre à l’occasion de la cérémonie des 150 ans de la proclamation de la République par Léon Gambetta, Emmanuel Macron a prononcé un discours rappelant les grandes lignes de sa politique contre les séparatismes. L’événement a permis de préciser l’agenda de la loi à venir contre les séparatismes : un séminaire gouvernemental aura lieu mercredi prochain à ce sujet, et un déplacement du président la deuxième semaine de septembre offrira plus de détail sur la loi avant sa présentation en novembre.

En Nouvelle-Calédonie, le dialogue est rompu entre le gouvernement et les indépendantistes kanaks. Ces derniers dénoncent le manque de volonté du gouvernement à organiser la suite de la décolonisation, démontrant pour eux leur partialité. La situation fait craindre la montée des tensions, voire d’éventuelles violences au lendemain du second scrutin pour l’indépendance qui se tiendra en octobre.

The return to school in France in September is full of events relating to cultural and religious pluralism. Wednesday September 2 started the trial of the attack on the Charlie Hebdo newspaper, igniting the debate on freedom of expression. The newspaper commissioned an IFOP survey to measure changes in public opinion on the issue of freedom of expression and satirics cartoons. Its results underscore the thinking of young Muslims going against general opinion: 26% of them do not explicitly condemn the perpetrators of the attacks and 71% would not have participated in the minute of silence in tribute to the victims. These results underline the challenge facing the national education system. President Emmanuel Macron has spoken on this subject to reaffirm what he calls the "right to blaspheme".

On Friday, September 4, on the occasion of the 150th anniversary ceremony of the proclamation of the Republic by Léon Gambetta, Emmanuel Macron gave a speech recalling the main lines of his policy against separatism. The event clarified the agenda for the upcoming law against separatism: a government seminar will be held next Wednesday on this subject, and a visit by the president the second week of September will provide more details on the law before its presentation in November.

In New Caledonia, dialogue has broken down between the government and the Kanak separatists. The latter denounce the government's lack of will to organize the continuation of decolonization, demonstrating for them their partiality. The situation raises fears of rising tensions and even possible violence after the second independence ballot to be held in October.

 
 

L'info phare - source médiatique

 
 

Macron célèbre la République « indivisible » avant de dévoiler le projet de loi contre les séparatismes (article payant)

Le vendredi 4 septembre dernier avait lieu au Panthéon la cérémonie des 150 ans de la proclamation de la République par Léon Gambetta. La cérémonie a été présidée par Emmanuel Macron qui a tenu à cette occasion un discours réaffirmant les principes de la République comme « une et indivisible ». Il a dénoncé les séparatismes qui sévissent en France et son intention de lutter contre. Un projet de loi va être présenté au mois de novembre. Durant la deuxième semaine de septembre, le président de la République sera en déplacement sur le thème de l’égalité des chances. Un bon moyen de rappeler que son projet contre les séparatismes ne vise pas à stigmatiser la population musulmane. Il donnera à cette occasion plus de détails sur le texte qui sera proposé à l’automne.

Macron celebrates the "indivisible" Republic before unveiling the bill against separatism

On Friday, September 4, the ceremony of 150 years of the proclamation of the Republic by Léon Gambetta took place at the Pantheon. The ceremony was chaired by Emmanuel Macron who held on this occasion a speech reaffirming the principles of the Republic as "one and indivisible". He denounced the separatisms that are rife in France and his intention to fight against it. A bill will be presented in November. During the second week of September, the President of the Republic will be traveling on the theme of equal opportunities. A good way to remember that his project against separatism does not aim to stigmatize the Muslim population. He will give more details on the text that will be proposed in the fall.

 
 

Source médiatique

 
 

Gérald Darmanin va "proposer de pénaliser" les certificats de virginité

Dans le cadre du projet de loi contre les séparatismes, attendu en novembre et qui fera l’objet d’un séminaire gouvernemental mercredi prochain, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, accompagné de Marlène Schiappa, ministre déléguée à la citoyenneté, a annoncé vouloir interdire et pénaliser les certificats de virginité. Délivré par un médecin, ces derniers ont pour objectif d’attester la virginité d’une femme en vue d’un mariage religieux.

Gérald Darmanin will "propose to penalize" virginity certificates

As part of the bill against separatism, expected in November and which will be the subject of a government seminar next Wednesday, Gérald Darmanin, Minister of the Interior, accompanied by Marlène Schiappa, Minister responsible for citizenship, announced wanting to ban and penalize virginity certificates. Issued by a doctor, these are intended to certify the virginity of a woman for a religious marriage.

 
 

Catholique ou non, l’écologie peut-elle rassembler ?

Un groupe hétéroclite de personnalités françaises a été invité à rencontrer le pape à Rome pour parler d’écologie. Dans la lignée de l’encyclique Laudato Si publiée il y a cinq ans, l’Église catholique veut démontrer que l’écologie est l’affaire de tous et qu’elle est capable de rassembler des personnes de tout horizon en ce sens.

Catholic or not, can ecology bring people together?

A motley group of French figures have been invited to meet the Pope in Rome to talk about ecology. In line with the encyclical Laudato Si published five years ago, the Catholic Church wants to demonstrate that ecology is everyone's business and that it is capable of bringing together people from all walks of life in this direction.

 
 

Le conseil d’État rejette le recours des Kanaks sur l’utilisation du drapeau tricolore

Le mardi 1er septembre, le conseil d’État a rejeté le recours des indépendantistes kanaks pour interdire l’utilisation du drapeau tricolore dans la campagne loyaliste du second référendum. Pour les indépendantistes, l’utilisation de l’emblème national engendre de la confusion et ils se questionnent sur la légalité de cet emploi par une partie de la population française pour mener campagne contre une autre partie de la population.

State Council rejects Kanaks' appeal over use of tricolor

On Tuesday, September 1, the Council of State rejected the appeal of the Kanak separatists to ban the use of the tricolor in the loyalist campaign of the second referendum. For the separatists, the use of the national emblem creates confusion and they question the legality of this use by part of the French population to campaign against another part of the population.

 
 

Nouvelle-Calédonie : un référendum sous tension

Si le premier référendum portant sur l’indépendance de la Kanaky-Nouvelle-Calédonie, ayant vu le non l’emporter il y a deux ans, s’était déroulé sans accroc majeur entre l’État français et les partenaires, le second scrutin prévu pour octobre est entouré de dissension. Le dialogue est rompu entre le gouvernement et les indépendantistes, ce que dénoncent les militants kanaks. Aucune discussion ne se tient aujourd’hui pour préparer l’après référendum que l’issue soit pour l’indépendance ou non faisant craindre l’aggravation de la situation. Les indépendantistes voient dans cette attitude de l’État français une position partisane pour le non à l’indépendance.

New Caledonia: a referendum under pressure

If the first referendum on the independence of Kanaky-New Caledonia, having seen the no win two years ago, had taken place without a major hitch between the French state and the partners, the second election is scheduled for October is surrounded by dissension. Dialogue is broken between the government and the separatists, which the Kanak activists denounce. No discussions are being held today to prepare for the post-referendum, whether the outcome is independence or not, raising fears of the worsening of the situation. The separatists see this attitude of the French state as a partisan stance against independence.

 
 

« Charlie Hebdo » : Macron réaffirme « la liberté de blasphémer » en France

Le président de la République Emmanuel Macron a tenu à réaffirmer sa volonté de défendre « la liberté de blasphémer » à l’occasion de l’ouverture du procès de l’attentat contre le journal Charlie Hebdo. Il souhaite par-là défendre la liberté d’expression et afficher son soutien aux familles des victimes.

"Charlie Hebdo": Macron reaffirms "the freedom to blaspheme" in France

President Emmanuel Macron reaffirmed his determination to defend "the freedom to blaspheme" on the occasion of the opening of the trial for the attack on the Charlie Hebdo newspaper. In doing so, he wishes to defend freedom of expression and show his support for the families of the victims.

 
 

Source société civile

 
 

Droit au blasphème, caricatures, liberté d’expression… Les Français sont-ils encore « Charlie » ?

L’IFOP a publié une enquête commandée par le journal Charlie Hebdo à l’occasion de l’ouverture du procès de l’attentat contre le journal ayant eu lieu en 2015. L’enquête avait pour objectif de mesurer l’évolution de l’opinion sur la liberté d’expression, le droit au blasphème et les caricatures. Parmi les sondés, le choix a été de laisser une large part de personnes de confession musulmane s’exprimer sur la question. Entre autres, l’enquête démontre l’efficacité de la campagne menée en faveur de la liberté d’expression depuis les attentats, elle révèle aussi que si 72% des musulmans condamnent totalement les auteurs de l’attentat, contre 88% pour la moyenne nationale, l’idée selon laquelle le journal avait tort de publier ces caricatures est partagée par 69% des sondés de confession musulmane. L’enquête souligne aussi que 26% des jeunes musulmans ne condamnent pas explicitement les auteurs des attentats de 2015 et 74% d’entre eux déclarent qu’il n’aurait aujourd’hui pas participé à la minute de silence organisée en hommage aux journalistes victimes de l’attentat. Cette tendance n’est néanmoins pas propre aux jeunes musulmans. Parmi les jeunes de toutes confessions un jeune sur cinq ne condamne pas explicitement les auteurs des attentats.

Right to blasphemy, caricatures, freedom of expression ... Are the French still "Charlie"?

The IFOP published an investigation commissioned by the newspaper Charlie Hebdo on the occasion of the opening of the trial of the attack against the newspaper which took place in 2015. The objective of the investigation was to measure the evolution of the opinion on freedom of expression, the right to blasphemy and satirics cartoons. Among those polled, the choice was to let a large part of people of the Muslim faith speak out on the issue. Among other things, the survey demonstrates the effectiveness of the campaign for freedom of expression since the attacks, it also reveals that if 72% of Muslims totally condemn the perpetrators of the attack, against 88% for the national average, the idea that the newspaper was wrong to publish these cartoons is shared by 69% of respondents of Muslim faith. The survey also underlines that 26% of young Muslims do not explicitly condemn the perpetrators of the 2015 attacks and 74% of them declare that they would not have participated today in the minute of silence organized in tribute to journalists victims of the attack. However, this trend is not unique to young Muslims. One in five young people of all faiths do not explicitly condemn the perpetrators of the attacks.

 
 

Source académique

 
 

Croyant ou non croyant ? Pas si simple…

Anne-Laure Zwilling, sociologue, et Pierre Bréchon, politologue, proposent ici de revenir sur le panorama français et européen des non croyants et irréligieux. Ils soulignent en France la progression des « incroyants » depuis les années 1960, prouvée par les différentes enquêtes de sondages. Mais dans ce groupe, ils soulignent surtout la grande diversité des individus qui démontrent les différents rapports à la croyance en France et en Europe. Les rapports avec les institutions religieuses tendent à se distancier, tout comme l’impact de la religion dans la vie quotidienne parmi les croyants, dessinant de fait une grande diversité parmi les croyants et les non croyants.

Believer or unbeliever? Not that easy…

Anne-Laure Zwilling, sociologist, and Pierre Bréchon, political scientist, propose here to return to the French and European panorama of non-believers and irreligious people. They underline in France the progression of "unbelievers" since the 1960s, proven by various polls. But in this group, they especially underline the great diversity of individuals who demonstrate the different relationships to belief in France and in Europe. Relations with religious institutions tend to distance themselves, as does the impact of religion on daily life among believers, in fact drawing great diversity among believers and non-believers.

 
 

Le communautarisme, qu’est-ce que c’est ?

Jeremy Guedjn, historien, et Anne-Laure Zwilling, chercheuse en science des religions, expliquent le terme de « communautarisme » apparu en France dans les années 1990. Le sens qu’il a aujourd’hui dans le débat public, désignant tout groupe se repliant sur soi en valorisant ses différences avec le reste de la société, vient d’outre-mer et son objectif était critique : dénoncer un repli pouvant entraîner un isolement. Selon les auteurs, bien que le communautarisme soit une notion comportant d’importantes limites, il permet tout de même de comprendre certains enjeux majeurs de notre société. Le communautarisme religieux prend différentes formes en fonction de comment le groupe s’auto-identifie dans la société dans laquelle il vit et comment cette dernière le considère, créant de fait une multitude de communautarismes, qui ne sont pas forcément tous des menaces à la République.

Communitarianism, what is it?

Jeremy Guedjn, historian, and Anne-Laure Zwilling, researcher in the science of religions, explain the term “communitarianism” which appeared in France in the 1990s. The meaning it has today in public debate, designating any group which is withdrawing into oneself by valuing his differences with the rest of society, comes from overseas and his objective was critical: to denounce a withdrawal that could lead to isolation. According to the authors, although communitarianism is a concept with important limits, it still allows us to understand certain major issues in our society. Religious communitarianism takes different forms depending on how the group self-identifies in the society in which it lives and how the latter considers it, creating in fact a multitude of communitarianisms, which are not necessarily all threats to the Republic.

 
 

Qui sont les radicalisés au cœur de l’attention médiatique ?

Clément Beunas, doctorant en sociologie, revient sur le terme de « radicalisé », sa signification et les personnes désignées ainsi. Il souligne tout d’abord la grande hétérogénéité des personnes ainsi dénommées : des gilets jaunes aux auteurs d’attentats. Ceci s’explique par l’utilisation ancienne du terme qui désignait les opposants politiques traditionnels qui s’est étendue au radicalisé regroupant les caractéristiques suivantes : musulman, jeune et aliéné. Pour le radicalisé, le terme désigne à la fois celui qui est passé à l’acte violent tout comme celui attiré par ces mouvances. Dans les différents cas d’utilisation, le terme est un bon moyen de décrédibiliser la personne ainsi désignée perçue dès lors comme aliénée que ce soit par des forces extérieures dans le cas de la figure du radicalisé ou dans le champ politique de l’opposant.

Who are the radicalized at the heart of the media attention?

Clément Beunas, doctoral student in sociology, discusses the term “radicalized”, its meaning and the people designated as such. He first underlines the great heterogeneity of the people so called: from the yellow vests to the perpetrators of attacks. This is explained by the ancient use of the term for traditional political opponents which has spread to name the radicalized with the following characteristics: Muslim, young and alienated. For the radicalized, the term designates both those who have taken on violent action as well as those attracted to these movements. In the various cases of use, the term is a good means of discrediting the person thus designated, perceived therefore as alienated, whether by external forces in the case of the radicalized figure or in the political field of the opponent.

 
 
 
 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme en Centrafrique. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Central African Republic. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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