Appel au “génocide des musulmans” lors d’une convention de l’extrême droite hindouiste / Persécutions des chrétiens lors des fêtes de Noël / Gel des financements étrangers pour 6000 ONGs ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / INDE
10 janvier 2022
 
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L’année 2021 s’est conclue en Inde par plusieurs grandes actualités menaçant dangereusement le pluralisme culturel et religieux du pays. Pour la première fois depuis l’arrivée au pouvoir du BJP en 2014, des organisations de l'extrême droite hindoue ont ouvertement lancé un appel à la violence physique contre les musulmans afin de “défendre la nation hindoue”. Si ces propos d’une extrême dangerosité et violence n’ont pas été condamnés par le BJP ou le Premier Ministre Modi, ils ont suscité de vives réactions au sein de la société civile, et font craindre des émeutes inter-communautaires. Ces discours, prononcés lors d’une convention religieuse à Haridwar, témoignent de la banalisation de la parole haineuse et violente dans un climat d’impunité. Outre la communauté musulmane, constamment persécutée par les extrémistes hindous, les chrétiens ont été également victimes d’agressions et d'intimidations ces dernières semaines notamment autour de la période de Noël, à travers des actes de violence lors de messes ou de manifestations dans les rues. Le gel de fonds internationaux de l’organisation fondée par Mère Teresa, Missionaries for Charity, décidée le jour de Noël, vient confirmer institutionnellement un discours porté par les groupuscules hindous. Ainsi, le gouvernement durcit le ton face aux minorités religieuses, dans un contexte de fragilisation de son assise électorale dans divers États du Nord de l’Inde, où des élections législatives auront lieu en 2022. 

The year 2021 concluded in India with several major news developments that dangerously endanger the country's cultural and religious pluralism. For the first time since the BJP came to power in 2014, far-right Hindu organizations openly called for physical violence against Muslims to "defend the Hindu nation." While these extremely dangerous and violent remarks were not condemned by the BJP or Prime Minister Modi, they sparked strong reactions within civil society, letting fear intercommunal riots. These discourses, made during a religious convention in Haridwar, show that hateful and violent speech has become commonplace, and that there is a climate of impunity for it. After the Muslim community, which is constantly targeted by Hindu extremists, Christians have also been victims of aggression and intimidation in recent weeks, particularly around the Christmas period, through acts of violence during masses or demonstrations in the streets. The freezing of international funds of the organization founded by Mother Teresa, Missionaries for Charity, decided on Christmas day, is an institutional backing of the discourse Hindu groups.The government is thus hardening its stance towards religious minorities in a context of weakening electoral support in various states in northern India, where legislative elections will be held in 2022. 

 
 

Infos phares 

 
 

Appel au “génocide des musulmans” par les nationalistes hindous lors d'une convention à Haridwar

Entre le 17 et le 19 décembre, des chefs religieux, des activistes de droite, des militants fondamentalistes purs et des membres d'organisations de l’Hindutva se sont réunis à Haridwar (Uttarakhand) pour un événement appelé "Dharma Sansad" ou "Parlement religieux". Cet événement a été le théâtre d'un déferlement de discours haineux appelant au “génocide des musulmans” et à “prendre les armes et être prêt à recourir à la violence” pour "défendre la nation hindoue”. 

Deux leaders du BJP, Ashwini Upadhyay, qui avait déjà appelé à la violence contre les musulmans, et Mahila Morcha Udita Tyagi, ont assisté à l'événement, lui apportant ainsi le soutien implicite du parti. 

Cet appel à la violence contre une communauté désignée n'a pas été condamné par le BJP ou le gouvernement de Modi, et les partis d'oppositions se sont très peu exprimés à ce sujet. Quant à la réponse judiciaire dans l'Etat de l'Uttarakhand dirigé par le BJP, la police n'a pas procédé à des interpellations des personnalités ayant prononcé ces discours, mais a en revanche interpellé Jitendra Narayan Tyagi, alias Wasim Rizvi, ainsi que d'autres personnes pour leurs présumés discours haineux lors de cette convention. 

De nombreuses voix se sont élevées pour réclamer des poursuites judiciaires, notamment soixante-seize avocats de la Cour suprême ayant écrit au président de la Cour suprême de l'Inde pour lui demander de s'auto-saisir de cette affaire. Ce courrier a été suivi par une lettre signée par cinq anciens chefs de l'armée, trente gradé et des dizaines de hauts fonctionnaires à la retraite, et adressée au Premier ministre, au président et aux chefs des corps armés. Ces deux courriers s’inquiètent des risques de guerre civile si les autorités restent passives. Le Ministère des Affaires étrangères pakistanais a par ailleurs convoqué un représentant de la diplomatie indienne à Islamabad afin de lui communiquer son inquiétude devant l'absence de réaction du gouvernement face aux appels à la violence. La journaliste Rana Ayyub dénonce le double-discours de Modi qui a présenté l'Inde comme l'incarnation de la liberté d'expression, de l'Etat de droit et d'une éthique séculière et pluraliste lors du Sommet pour la Démocratie, mais qui ne prend pas position face à un événement mettant en péril les relations intercommunautaires en Inde. 

Hindu nationalists call for "genocide of Muslims" at Haridwar convention


Between December 17 and 19, religious leaders, right-wing activists, fundamentalist activists and Hindutva organizations gathered in Haridwar (Uttarakhand) for an event called "Dharma Sansad" or "Religious Parliament". The event saw an outpouring of hate speech calling for "genocide of Muslims" and exhorting the audience to "take up arms and be ready to resort to violence" to "defend the Hindu nation." 

BJP leaders Ashwini Upadhyay, who had previously called for violence against Muslims, and Mahila Morcha Udita Tyagi both attended the event, thus lending a level of BJP support. 

This call for violence against a designated community was not condemned by the BJP nor by Modi’s government, and opposition parties said very little about it. As for the judicial response in the BJP-ruled state of Uttarakhand, the police did not arrest any of the prominent speakers, but did arrest Jitendra Narayan Tyagi, alias Wasim Rizvi, among others for alleged hate speech during the convention. 

There have been many calls for legal action, including a letter from 76 Supreme Court lawyers to the president of the Supreme Court to take suo moto cognizance of the case. This was followed by a letter from five former army chiefs, 30 senior officers and dozens of retired senior officials to the Prime Minister, the President and the chiefs of the armed forces. Both letters expressed concern about the risk of civil war if the authorities remain passive. The Pakistani Ministry of Foreign Affairs has also summoned a representative of Indian diplomacy to Islamabad to express concern about the government's lack of response to calls for violence. Journalist Rana Ayyub denounced Modi's double standard of presenting India as the embodiment of freedom of expression, the rule of law and a secular and pluralistic ethos at the Democracy Summit, but not taking a stand on an event that is jeopardizing intercommunal relations in India. 

 
 

Les chrétiens pris pour cibles durant les fêtes de Noël 

Sept incidents violents autour de Noël ont été recensés dans l'Uttar Pradesh, l’Assam et l’Haryana, dont l'irruption d'organisations extrémistes hindoues lors de messes et dans les écoles missionnaires, des arrestations arbitraires de membres du clergé accusés de conversions religieuses, ou encore des effigies du Père Noël et de Jésus brûlées dans les rues. Ces incidents indiquent une escalade de la violence depuis plusieurs mois envers la communauté chrétienne d'Inde, laquelle représente 2% de la population, en particulier dans les États du centre et du Nord de l'Inde où des lois contre les conversions religieuses forcées ont été adoptées. Les organisations de l’extrême droite hindouiste accusent les missionnaires chrétiens de conversions forcées d’hindous de basses castes, qui font le choix de la conversion pour échapper à la violence et aux discriminations. Ces lois sont appliquées de manière arbitraire par ces organisations qui intimident, menacent ou agressent des membres du clergé ou de la communauté chrétienne. 

Christians targeted during Christmas celebrations 

Seven violent incidents around Christmas were recorded in Uttar Pradesh, Assam and Haryana, including the intrusion of Hindu extremist organizations during masses and in missionary schools, arbitrary arrests of clergy accused of religious conversions, and the burning of effigies of Santa Claus and Jesus in the streets. These incidents indicate an escalation of violence over the past several months against India's Christian community, which makes up 2% of the population, particularly in central and northern states where laws against forced religious conversions have been passed. Right-wing Hindu organizations accuse Christian missionaries of forcibly converting low-caste Hindus who choose to convert to escape violence and discrimination. These laws are enforced arbitrarily by these organizations who intimidate, threaten or assault members of the clergy or the Christian community. 

 
 

Gel des financements internationaux pour les organisations de Mère Teresa 

Le 25 décembre, le Ministère de l’Intérieur indien a gelé les financements internationaux pour les organisations Missionaries of Charity fondées par Mère Teresa en 1950. Missionaries of Charity compte des milliers de religieuses qui supervisent des projets tels que des foyers pour enfants abandonnés, des écoles, des cliniques et des hospices. Le gouvernement a refusé de renouveler l’autorisation permettant de recevoir des fonds internationaux, citant des “éléments défavorables”. Cette décision survient dans un climat de généralisation du sentiment anti-chrétien dans le pays, deux semaines après les accusations par des groupes de l’extrême droite hindoue de conversions forcées vers le christianisme dans les écoles et les projets gérés par l’organisation. Missionaries of Charity dément ces accusations, et suspend ses activités jusqu’à l’obtention d’une nouvelle autorisation pour recevoir des fonds internationaux. En réponse à cette décision, le chef du gouvernement de l’Odisha a débloqué des fonds de l’Etat afin de permettre à l’organisation d’entretenir les orphelinats et foyers installés dans la région.

Freeze on international funding for Mother Teresa's organizations 

On December 25, the Indian Ministry of Home Affairs froze international funding for the Missionaries of Charity organizations founded by Mother Teresa in 1950. Missionaries of Charity has thousands of nuns who oversee projects such as homes for abandoned children, schools, clinics and hospices. The government refused to renew the authorization to receive international funds, citing "unfavorable elements". The decision comes amid widespread anti-Christian sentiment in the country and two weeks after accusations by far-right Hindu organizations of forced conversions to Christianity in schools and projects run by the organization. The organization denies these accusations, and is suspending its activities until it obtains a new authorization to receive international funds.  In response to this decision, the Chief Minister of Odisha offered state funds to enable the organization to maintain orphanages and homes in the region.

 
 

Interdiction de recevoir des fonds étrangers pour 6000 ONGs en Inde 

Le Ministère de l’Intérieur indien a attendu jusqu’au 31 décembre 2021 pour se prononcer sur le renouvellement des autorisations d'utilisation de fonds internationaux pour plus de 22 000 ONGs. Le nouvel amendement de 2020 à la loi sur financements internationaux (Foreign Contribution (Regulation) Act, 2010) requiert de prouver que la source et l’usage des fonds sont en adéquation avec les missions de l’organisation, et que celles-ci ne représentent pas de danger pour “l’intérêt public” ou “la sécurité nationale”, dont les définitions sont floues. Le gouvernement souhaite ainsi cibler des organisations travaillant sur des sujets perçus comme sensibles notamment la pollution, le climat, les droits humains, le travail des enfants et l’esclavage moderne, ainsi que la religion. Amnesty International, People’s Watch, Greenpeace et Missionaries of Charity se sont vus retirer cette licence au cours de l’année, et Oxfam ainsi que 6000 autres associations viennent de perdre le droit de recevoir des fonds étrangers, ce qui réduit considérablement la capacité d’action de la société civile en Inde.

6,000 NGOs in India denied permission to receive foreign funds

India's Ministry of Home Affairs has waited until December 31, 2021 to decide on the renewal of approvals to use international funds for more than 22,000 NGOs. The new 2020 amendment to the Foreign Contribution (Regulation) Act, 2010, requires proof that the source and use of funds are consistent with the organization's mission and do not pose a danger to "public interest" or "national security", which are not clearly defined. The government aims to target organizations working on issues perceived as sensitive, including pollution, climate, human rights, child labor and modern slavery, as well as religion. Amnesty International, People's Watch, Greenpeace and Missionaries of Charity had their licenses revoked during the year, and Oxfam, among 6,000 other organizations, lost its right to receive foreign funding, which considerably reduces the capacity of civil society to act in India. 

 
 

Source médiatique

 
 

Arrestation d’un leader extrémiste hindou suite à un discours glorificateur de Godse, l'assassin de Gandhi

Kalicharan Maharaj a été arrêté à la suite de ses propos lors d’un “Dharam Sansad” organisé dans la ville de Raipur, au Chhattisgarh. Lors de cet événement, ce leader extrémiste hindou rejette l’héritage de Gandhi en affirmant que ses actions ont détruit la nation indienne, et a déclaré vouer une obédience pour son assassin, Nathuram Godse, dont il salue l’acte.

Hindu extremist leader arrested after glorifying Gandhi's assassin Godse


Kalicharan Maharaj was arrested following his speech during a "Dharam Sansad" organized in the city of Raipur, Chhattisgarh. During this event, the Hindu extremist leader rejected Gandhi's legacy by claiming that his actions destroyed the Indian nation, and declared his obedience to his assassin, Nathuram Godse, whose act he praised.

 
 

Un projet de loi envisage l’âge minimum légal du mariage pour les femmes à 21 ans

Le Prohibition of Child Marriage (Amendment) Bill 2021, projet de loi actuellement en commission parlementaire, prévoit de passer l’âge légal du mariage pour les femmes de 18 à 21 ans, ce qui a suscité des réactions parmi les représentants religieux. Cette loi aura la primauté sur les lois personnelles relatives à chaque communauté religieuse qui régissent le mariage, le divorce et les questions de succession. Certains pointent du doigt l’application difficile de cette mesure dans les communautés marginalisées qui pourraient contourner l’obligation ou subir des pressions extérieures. D’autres organisations saluent ce projet de loi qui correspond aux réalités actuelles du mariage en Inde.

Bill considers minimum legal age of marriage for women at 21

The Prohibition of Child Marriage (Amendment) Bill 2021, a bill currently in parliamentary committee, plans to raise the legal age of marriage for women from 18 to 21, which has sparked reactions among religious representatives. This law will override the personal laws of each religious community that govern marriage, divorce and inheritance issues. Some organizations point to the difficulty of implementing this measure in marginalized communities, which may circumvent the requirement or be subject to outside pressure. Others applaud the bill for reflecting the current realities of marriage in India.

 
 

Polémique autour de la délimitation des circonscriptions électorales au Jammu-Cachemire 

Le gouvernement Modi avait annoncé la création d’une commission chargée de revoir la délimitation des circonscriptions électorales dans l’Etat du Jammu-Cachemire.Celle-ci vient de publier sa proposition, attribuant 43 circonscriptions au Jammu contre 37 auparavant et 47 circonscriptions au Cachemire contre 46 auparavant. Si ce découpage venait à être adopté, la région du Jammu à majorité hindoue représentant 43% de la population de l’Etat aurait une majorité de sièges face à la vallée du Cachemire de majorité musulmane et représentant 56% de la population. La proposition de découpage est remise en question par les figures politiques de la région, qui dénoncent le non-respect de la proportionnalité des sièges en fonction de la population, laquelle confère ainsi un avantage pour le BJP en vue d’élections futures. Depuis le 31 décembre, trois anciens chefs de gouvernements et des leaders politiques ont été assignés à domicile afin d’empêcher la tenue de la manifestation contre la décision de la commission.

Controversy over delimitation of constituencies in Jammu and Kashmir


Modi’s government had announced a commission to review the delimitation of constituencies in Jammu and Kashmir. The commission has now released its proposal, allocating 43 constituencies to Jammu from the previous 37, and 47 constituencies to Kashmir from the previous 46. If this division is adopted, the Hindu-majority region of Jammu, which accounts for 43 per cent of the state's population, will have a majority of seats compared to the Muslim-majority Kashmir Valley, which accounts for 56 per cent of the population. The proposed division is being challenged by political figures in the region, who claim it does not respect the proportionality of seats based on population, giving the BJP an advantage in future elections. Since December 31, three former heads of government and political leaders have been under house arrest to prevent any protest against the commission's decision.

 
 

Les violences intercommunautaires minimisées par le BJP dans l’Etat du Tripura

D’après un rapport d’enquête commissionné par l’Editors Guild of India, le gouvernement du BJP au Tripura a instrumentalisé les violences intercommunautaires d’octobre afin de s’assurer des voix des Bengalis hindous, en justifiant les violences contre les musulmans comme “réaction naturelle” face aux attaques subies par les hindous au Bangladesh. Le rapport rappelle également les mesures de répression subies par les médias pour avoir couvert les violences.  

Inter-communal violence downplayed by BJP in Tripura state


According to an investigative report commissioned by the Editors Guild of India, the BJP government in Tripura instrumentalized the October communal violence in order to secure votes among Hindu Bengalis, justifying the violence against Muslims as a "natural reaction" to the attacks on Hindus in Bangladesh. The report also recalls the crackdown on the media for covering the violence.  


 
 

Adoption d’une législation contre les conversions religieuses forcées au Karnataka

Le Karnataka est le premier État du Sud de l’Inde à adopter une loi interdisant les conversions forcées, après les États du Nord dirigés par le BJP. Cette loi requiert l’autorisation préalable des autorités pour toute demande de conversion, et s’inscrit dans le cadre de la perception des extrémistes hindous d'organisation de conversions forcées orchestrées par les musulmans et chrétiens. 

Legislation against forced religious conversions passed in Karnataka


Karnataka is the first state in southern India to pass a law banning forced conversions, after the BJP-ruled northern states. This law requires prior permission from the authorities for any conversion request and is in line with the perception of Hindu extremists of organizing forced conversions orchestrated by Muslims and Christians.

 
 

L'urgence de déconstruire l'affirmation dangereuse de Mohan Bhagwat d'une “pureté de l'ADN indien“

Lors d’un évènement à Dharamshala en Himachal Pradesh, le dirigeant du RSS Mohan Bhagwat a avancé que “l’ADN des Indiens est resté inchangé depuis 40 000 ans”. A travers cet article, l’historien Tony Joseph retrace l’histoire des migrations en Inde afin de déconstruire la dangereuse rhétorique de la pureté de l’ADN, récurrente parmi la droite extrémiste hindoue. 

The urgency of deconstructing Mohan Bhagwat's dangerous claim of a "pure Indian DNA”

At an event in Dharamshala in Himachal Pradesh, RSS leader Mohan Bhagwat argued that "Indian DNA has remained unchanged for 40,000 years." In this article, historian Tony Joseph traces the history of migration in India in order to deconstruct the dangerous rhetoric of DNA purity which is recurrent among the Hindu extremist right. 

 
 

Deux hommes lynchés dans deux temples sikhs pour profanation

Deux incidents impliquant des actes de profanations de temples sikhs ont conduit à la mort de deux hommes au Penjab. Un homme s’est emparé de l’épée sacrée du Temple d’Or d’Amritsar et a été retrouvé mort à l’arrivée de la police. Un autre homme a été battu à mort pour avoir tenté de retirer le drapeau sikh d’un temple à Kapurthala. Ces deux incidents, perçus comme blasphématoires par la communauté sikhe, ont ravivé la mémoire d’actes similaires antérieurs ayant porté atteinte à la figure de Guru Granth Sahib, mais restés sans réponse des autorités. La Commission nationale des minorités s’est auto-saisie de l’affaire, et a demandé un rapport détaillé des faits aux autorités de l’Etat. 

Two men lynched at two Sikh temples for desecration


Two incidents involving acts of desecration of Sikh temples have led to the death of two men in Punjab. One man grabbed the sacred sword from the Golden Temple in Amritsar and was found dead when police arrived. Another man was beaten to death for attempting to remove the Sikh flag from a temple in Kapurthala. These two incidents, perceived as blasphemous by the Sikh community, revived memories of earlier similar acts against the figure of Guru Granth Sahib, which went unanswered by the authorities. The National Commission for Minorities has taken up the case on its own initiative, and has requested a detailed report on the facts from the state authorities.

 
 

Demandes de garanties constitutionnelles par les communautés du Ladakh

A la mi-décembre, l’Apex Body of Leh et le Kargil Democratic Alliance, deux organisations créées en 2019 pour préserver les droits et l’identité culturelle du district, ont bloqué  l’activité de la région afin de réclamer des garanties constitutionnelles en matière d’emploi, de territoire et d’autonomie de gouvernement. Composé de musulmans, de bouddhistes et à 97% de populations tribales, le district du Ladakh a vu ses droits réduits après la révocation du statut autonome de l’Etat du Jammu-Cachemire. 

Ladakh communities demand constitutional guarantees


In mid-December, the Apex Body of Leh and the Kargil Democratic Alliance, two organizations formed in 2019 to preserve the district's cultural rights and identity, blocked activity in the region to demand constitutional guarantees of employment, territory, and self-government. Composed of Muslims, Buddhists and 97% tribal people, the Ladakh district has seen its rights curtailed after the revocation of the autonomous status of the state of Jammu and Kashmir. 

 
 

Mohan Bhagwat encourage les reconversions vers l’hindouisme

Le leader du RSS, Mohan Bhagwat, a appelé à deux reprises au “ghar wapsi” ou reconversion vers l'hindouisme de personnes converties. D’après ses propos, la prospérité et le développement de la nation indienne dépendent de la diffusion de l’hindouisme comme religion universelle. Il a lancé un appel aux membres du RSS de convaincre les convertis de se reconvertir en s'adaptant à leurs différents contextes culturels. Un discours similaire a également été tenu par Tejasvi Surya, directeur national de la branche jeunesse du BJP, qui a par ailleurs ajouté que les chrétiens et musulmans ont été convertis de force de l’hindouisme vers leur religion actuell

Mohan Bhagwat encourages conversions to Hinduism


RSS leader Mohan Bhagwat has twice called for "ghar wapsi" or conversion to Hinduism by converts. He said that the prosperity and development of the Indian nation depends on the spread of Hinduism as a universal religion. He appealed to the RSS members to convince the converts to reconvert by adapting to their different cultural backgrounds. A similar speech was also made by Tejasvi Surya, national director of the BJP's youth wing, who further added that Christians and Muslims have been forcibly converted from Hinduism to their present religion.

 
 

Une loi contre les lynchages va être adoptée au Jharkhand

Le gouvernement du Jharkhand s’est penché sur une nouvelle proposition de loi afin de contrevenir aux lynchages collectifs, et prévenir la violence collective en punissant toute incitation à la haine et à la violence. Si la loi venait à être adoptée, le Jharkhand serait le troisième État après le Bengale-occidental et le Rajasthan à avoir une loi punissant les lynchages collectifs. Dans cet Etat dirigé par une coalition du Congrès, le lynchage collectif ayant mené à la mort d’un jeune homme musulman en 2019 a placé ce sujet au centre du débat politique.

Anti-lynching law to be passed in Jharkhand

The Jharkhand government is considering a new bill to prevent mob lynching and mob violence by punishing incitement to hatred and violence. If passed, Jharkhand would be the third state after West Bengal and Rajasthan to have a law punishing mob lynching. In the state, which is ruled by a Congress coalition, the mob lynching that led to the death of a young Muslim man in 2019 has brought the issue to the forefront of the political debate.

 
 

Pour aller plus loin

Kashmir's Oldest Church, Built In 1896, To Reopen For Christmas (Religion Unplugged - 22/12/2021)

Ramachandra Guha: How Modi’s BJP ensures that the two-nation theory flourishes in India (Scroll.in - 19/12/2021)

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme en Inde. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in India. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.