Human Rights Watch fait le bilan de l’année 2022 pour le Liban / Le chef du Hezbollah répond au patriarche Raï / Beyrouth dégringole au classement international des villes ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS /
LIBAN – 20 janvier 2023

 
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Human Rights Watch dresse le triste bilan de l’année 2022 pour le Liban. Une année marquée par une explosion de la pauvreté et des prix dans tous les domaines et par un affaiblissement des droits fondamentaux des Libanais et des populations réfugiées ou immigrées.

Autrefois considérée comme la capitale de la Suisse du Moyen-Orient, Beyrouth a été classée par Numbeo à la 240e place sur 243 du classement international des villes recensées. Ce mauvais classement traduit les conséquences de la crise économique et politique que traverse le pays et qui impacte lourdement la qualité de vie des citoyens de la capitale.

Dans un registre plus économique et malgré la crise, la réindustrialisation du Liban connaît un nouvel essor. Comme pour faire face à la pénurie généralisée, certains investisseurs font le pari de la production locale écoulée sur le marché national.


Human Rights Watch paints a bleak picture of the year 2022 for Lebanon. A year marked by an explosion of poverty and prices in all areas and a weakening of the fundamental rights of Lebanese and refugee or immigrant populations.

Once considered the capital of Switzerland in the Middle East, Beirut has been ranked 240th out of 243 cities in the international ranking by Numbeo. This poor ranking reflects the consequences of the economic and political crisis that the country is going through, which is having a heavy impact on the quality of life of the capital's citizens.

On a more economic level, and despite the crisis, the reindustrialisation of Lebanon is experiencing a new boom. As if to cope with the general shortage, some investors are betting on local production sold on the national market.

 
 

Info phare - Source  Société civile

 
 

Human Rights Watch fait le bilan de l’année 2022 pour le Liban

Dans son rapport annuel, l’organisation internationale revient sur l’année 2022 et résume les principaux événements qui ont émaillé la vie politique et sociale libanaise.

L’organisation précise tout d’abord que deux ans après l’explosion du port de Beyrouth, la justice libanaise peine encore à qualifier et à identifier les responsables de la catastrophe qui a ravagé la capitale libanaise. HRW indique que les lenteurs du système judiciaire libanais illustrent le manque d’indépendance de ce dernier, incapable de porter atteinte aux responsables politiques potentiellement coupables des négligences qui ont mené à la catastrophe.

HRW revient ensuite sur les conséquences de la crise économique que traverse le pays depuis 2019. L’organisation indique que 70 % des ménages ont déclaré, dans le cadre d’un sondage, avoir des difficultés à joindre les deux bouts, et que le ménage moyen libanais déclarait un revenu mensuel de 70 dollars US.

L’organisation indique, par ailleurs, que le Liban est aujourd’hui en proie à de réelles atteintes à la liberté d’expression. Ces atteintes prennent la forme d’un usage abusif de lois pénales relatives à l’insulte ou à la diffamation, utilisées pour faire taire toute tentative de critique à l’égard des politiques gouvernementales ainsi que la corruption caractéristique du pays.

Le sujet des travailleurs migrants figure aussi dans ce rapport qui rappelle que des dizaines de milliers de travailleurs domestiques migrants sont soumis à un régime restrictif et abusif de lois, règlements et coutumes, traditionnellement appelé kafala. L’organisation rappelle que les tentatives de démantèlement de ce système ont toutes été bloquées.

Enfin, le rapport revient sur la situation critique des réfugiés syriens dont l’écrasante majorité (90 %) vit dans une extrême pauvreté et que l’État libanais prévoit de renvoyer en Syrie, malgré les risques d’abus et de persécutions de la part du régime syrien.

Human Rights Watch reviews the year 2022 for Lebanon

In the framework of its report, the international organisation looks back on the year 2022 and summarises the main events that marked the political and social life of Lebanon.

The organisation states first of all that two years after the explosion in the port of Beirut, the Lebanese justice system is still struggling to qualify and identify those responsible for the disaster that devastated the Lebanese capital. HRW says that the slowness of the Lebanese judicial system illustrates its lack of independence and its inability to bring to justice the political leaders potentially responsible for the negligence that led to the disaster.

HWR then returns to the consequences of the economic crisis that the country has been experiencing since 2019. The organisation indicates that 70% of households declared, in a survey, that they had difficulty making ends meet, and that the average Lebanese household declared a monthly income of 70 US dollars.

The organisation also said that Lebanon is currently experiencing real attacks on freedom of expression. These violations take the form of the abuse of criminal insult and defamation laws, which are used to silence any attempt to criticise government policies and the country's characteristic corruption.

The subject of migrant workers also figures in the report, which recalls that tens of thousands of migrant domestic workers are subject to a restrictive and abusive regime of laws, regulations and customs, traditionally called kafala. The organisation recalls that attempts to dismantle this system have all been blocked.

Finally, the report returns to the critical situation of Syrian refugees, the overwhelming majority of whom (90%) live in extreme poverty and whom the Lebanese state plans to send back to Syria, despite the risks of abuse and persecution by the Syrian regime.

 
 

Source religieuse

 
 

Le patriarche Raï dénonce un plan visant à usurper les postes-clés des chrétiens 

Dans son homélie dominicale, le patriarche maronite Raï a dénoncé la corruption et l’arrogance des responsables politiques libanais qui contribuent à maintenir le pays dans sa situation critique.

Par ailleurs, Mgr Raï a ouvertement dénoncé les tentatives qui auraient pour but d’usurper les postes-clés alloués aux chrétiens et plus précisément aux chrétiens maronites en maintenant ces derniers dans une vacance prolongée, vacance qui serait la porte ouverte à une récupération des pouvoirs politiques, rattachés à ses postes, par d’autres postes appartenant à d’autres confessions libanaises.

Prenant clairement le parti d’une défense claire des intérêts politiques chrétiens et plus précisément maronites, le patriarche Raï a mis en garde contre les guerres intestines que se livrent les différentes factions et personnalités chrétiennes et qui affaiblissent la position politique globale de la confession chrétienne au Liban.

Patriarch Rai denounces plan to usurp key Christian positions 

In his Sunday homily, the Maronite Patriarch Raï denounced the corruption and arrogance of Lebanese politicians who contribute to maintaining the country in its critical situation.

Furthermore, Bishop Raï openly denounced attempts to usurp key posts allocated to Christians and more precisely to Maronite Christians by maintaining a prolonged vacancy in these posts, a vacancy that would open the door to a recovery of political powers, attached to these posts, by other posts belonging to other Lebanese confessions.

Clearly advocating a clear defence of Christian, and more specifically Maronite, political interests, Patriarch Rai warned against internal wars between different Christian factions and personalities, which weaken the overall political position of the Christian confession in Lebanon.

 
 

Source médiatique

 
 

Le chef du Hezbollah répond au patriarche Raï

Dans le cadre d’un discours prononcé ce mardi, le secrétaire général du Hezbollah a profité de l’occasion pour répondre aux propos tenus par le patriarche maronite Raï. Dans son homélie dominicale, le patriarche maronite avait dénoncé des tentatives visant à usurper les postes-clés qui reviennent de droit aux chrétiens dans une allusion à l’absence d’élection d’un nouveau président de la République malgré la fin du mandat de l’ex-président Michel Aoun depuis plusieurs mois déjà. 

Le chef du Hezbollah a ainsi affirmé que personne n’avait l’intention de maintenir sciemment les postes maronites de l’État dans un état de vacance et que l’ensemble des forces politiques souhaitait l’élection rapide d’un nouveau président de la République et la formation d’un nouveau gouvernement. Le secrétaire général du Hezbollah a par ailleurs mis l’accent sur la nécessité d’éviter toute incitation sectaire.

Poursuivant son intervention, le chef du Hezbollah a affirmé qu’il était légitime pour son parti de souhaiter l’élection d’un président de la République qui ne le trahirait pas, tout comme il a estimé qu’il était légitime pour les autres partis libanais de ne pas souhaiter l’élection d’un président proche du Hezbollah.

Enfin, commentant la prochaine tenue d’un conseil des ministres, le secrétaire général du Hezbollah a affirmé que son parti participerait à cette réunion dans la limite des questions urgentes et sans volonté de défier l’une ou l’autre des formations politiques opposées à la tenue de cette réunion, dans une allusion directe au Courant Patriotique Libre qui considère que la tenue de cette réunion, sans président de la République élue, constitue un empiètement du Premier ministre sunnite sur les prérogatives du président de la République maronite.

Hezbollah leader responds to Patriarch Rai

In a speech delivered on Tuesday, the Secretary General of Hezbollah took the opportunity to respond to the remarks made by the Maronite Patriarch Rai. In his Sunday homily, Patriarch Rai had denounced attempts to usurp the key positions that rightfully belong to Christians in an allusion to the absence of election of a new president of the Republic despite the end of the mandate of former President Michel Aoun for several months already. 

The Hezbollah leader said that no one had the intention to knowingly keep the Maronite posts of the state in a state of vacancy and that all political forces wanted the rapid election of a new President of the Republic and the formation of a new government. The Secretary General of Hezbollah also stressed the need to avoid any sectarian incitement.

Continuing his speech, the Hezbollah leader affirmed that it was legitimate for his party to wish for the election of a president of the Republic who would not betray it, just as he considered that it was legitimate for the other Lebanese parties not to wish for the election of a president close to Hezbollah.

Finally, commenting on the upcoming Council of Ministers, the Secretary General of Hezbollah said that his party would participate in this meeting within the limits of urgent matters and without wanting to challenge any of the political formations opposed to the holding of this Council, in a direct reference to the Free Patriotic Current which considers that the holding of this meeting without the elected President of the Republic constitutes an encroachment of the Sunni Prime Minister on the prerogatives of the President of the Maronite Republic.

 
 

Beyrouth dégringole au classement international des villes

240e sur 243, c’est le triste classement attribué par Numbeo à la capitale libanaise autrefois connue pour la qualité de ses services et de vie.

Cette chute est principalement due aux conséquences de la crise économique que traverse le pays. Numbeo rappelle que les prix de la capitale ont augmenté de 170 % pour l’alimentation et de 235 % pour le logement alors que le pouvoir d’achat n’a cessé de chuter dans une dynamique inversement proportionnelle à l’augmentation du coût de la vie dans le pays et plus particulièrement à Beyrouth.

Face à cette situation et en l’absence de perspectives d’améliorations à court terme, près d’un million de jeunes libanais souhaiteraient quitter le pays. 240 000 personnes sont déjà parties depuis le mois de mai dernier.

Beirut falls in international city rankings

240th out of 243, this is the sad ranking attributed by Numbeo to the Lebanese capital formerly known for the quality of its services and life.

Mainly due to the consequences of the economic crisis that the country is going through, Numbeo reminds us that capital prices have increased by 170% for food and 235% for housing while purchasing power has continued to fall in a dynamic inversely proportional to the increase in the cost of living in the country and more particularly in Beirut.

Faced with this situation and in the absence of prospects for improvement in the short term, nearly one million young Lebanese would like to leave the country, while according to parliamentary sources, 240,000 people have already left since last May.

 
 

La crise comme moteur de la réindustrialisation 

Face à l’augmentation généralisée des prix et alors que les Libanais tentent de trouver les solutions les moins onéreuses pour leurs besoins élémentaires, certains investisseurs tentent d’apporter à la population des solutions locales en investissant dans des industries de productions locales.

Dans son reportage, Arte va à la rencontre d’un producteur de pâtes, soucieux de contribuer à la sécurité alimentaire de la population et qui arrive à proposer des produits deux fois moins chers que les produits importés. Le reportage donne aussi la parole à une entreprise pharmaceutique locale qui permet, avec ses homologues nationaux, aux Libanais de faire face aux nombreuses pénuries de médicaments que connaît le pays depuis plusieurs mois en assurant la production de près de 30 % des médicaments mis sur le marché national.

Cependant, malgré ces efforts, les investissements industriels restent freinés par la faillite actuelle du système bancaire et par l’absence d’un État de droit garantissant le respect de la loi à l’égard de l’ensemble de ses citoyens.

The crisis is driving reindustrialisation

Faced with the general increase in prices and while the Lebanese are trying to find the cheapest solutions for their basic needs, some investors are trying to provide the population with local solutions by investing in local production industries.

In its report, Arte meets a pasta producer who wants to contribute to the food security of the population and who manages to offer products half the price of imported products. The report also gives the floor to a local pharmaceutical company which, along with its national counterparts, enables the Lebanese to cope with the numerous shortages of medicines that the country has been experiencing for several months by ensuring the production of nearly 30% of the medicines placed on the national market.

However, despite these efforts, industrial investments remain hampered by the current bankruptcy of the banking system and the absence of a state of law guaranteeing the respect of the law for all its citizens.

 
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.