Amnesty international pointe du doigt la torture pratiquée dans les centres de détention des forces de sécurité libanaises / Retour sur l’histoire du Hezbollah / Le calvaire des migrants syriens et libanais continue ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS /
LIBAN –  9 septembre 2022

 
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La semaine politique libanaise a été marquée par un communiqué d’Amnesty International pointant du doigt les pratiques de torture infligées par les forces de sécurité libanaises à des détenus accusés d’appartenir à des factions djihadistes. Après la mort suspecte d’un détenu, l’organisation internationale a appelé à l’application de la loi anti-torture de 2017 et à la pleine compétence des juridictions civiles, au détriment des juridictions militaires, afin que justice soit rendue sur les sévices subis par les détenus.

Dans un contexte tout aussi dramatique, le départ des réfugiés syriens et des citoyens libanais continue par la voie maritime. Cette semaine a ainsi été marquée par la dérive d’une embarcation de fortune au large des côtes maltaises, italiennes et grecques pendant plus d’une dizaine de jours. Le sauvetage tardif de l’embarcation n'a pas empêché la mort d’au moins deux enfants présents à bord. 

Enfin, le Nouvel Economiste revient cette semaine sur l’histoire du Hezbollah et sa tentative de renouvellement politique et militaire.


The Lebanese political week was marked this week by a statement from Amnesty International pointing out the torture practices inflicted by the Lebanese security forces on detainees accused of belonging to jihadist factions. After the suspicious death of a detainee, the international organisation called for the implementation of the 2017 anti-torture law and the full jurisdiction of civilian courts, rather than military courts, to ensure justice for the detainees' abuses.

In an equally dramatic context, the departure of Syrian refugees and Lebanese citizens continues by sea. This week was marked by the drifting of a makeshift boat off the coasts of Malta, Italy and Greece for more than ten days. The late rescue of the boat did not prevent the death of at least two children on board. 

Finally, the Nouvel Economiste returns this week to the history of Hezbollah and its attempt at political and military renewal.

 
 

Info phare - Source Société civile

 
 

Amnesty International pointe du doigt la torture pratiquée dans les centres de détention des forces de sécurité libanaises

Dans un communiqué publié mardi, l’ONG demande le transfert du dossier de Bachar al-Saoud, du tribunal militaire à la justice civile. Dans son communiqué, l’ONG affirme que la mort de Bachar al-Saoud doit servir de rappel aux autorités libanaises pour qu’elles s’attaquent à la torture dans ses centres de détention.

Bachar el-Saoud est mort d’une crise cardiaque alors qu’il était placé sous la garde du service de sécurité de l’État après avoir été arrêté sans mandat par les services de sécurité. Selon l’ONG, les images du corps blessé du détenu syrien rappellent la nécessité d’appliquer la loi anti-torture de 2017 et d’assurer la compétence des juridictions civiles en matière de torture afin d’assurer une justice pour les victimes et leurs familles.

Amnesty International points to torture in Lebanese security forces' detention centres

In a statement issued on Tuesday, the NGO calls for the transfer of Bashar al-Saoud's case from the military court to the civil justice system. In its statement, the NGO said that the death of Bashar al-Saoud should serve as a reminder to the Lebanese authorities to tackle torture in its detention centres.

Bashar al-Saoud died of a heart attack while in the custody of the State Security Service after being arrested without a warrant by the security services. According to the NGO, the images of the Syrian detainee's wounded body are a reminder of the need to implement the 2017 anti-torture law and ensure the jurisdiction of civil courts over torture in order to provide just reparation to the families of victims.

 
 

Sources médiatiques

 
 

Retour sur l’histoire du Hezbollah

Dans son article cette semaine, le Nouvel Economiste revient sur l’histoire du Hezbollah qui a fêté, cet été, son quarantième anniversaire. Ces célébrations, plus fastueuses qu’à l’accoutumée, avaient principalement pour but de montrer l’image d’un parti fort, mais prêt à se renouveler pour faire face aux nouveaux défis économiques que traverse le pays du cèdre.

L’article revient d’abord sur la phase d’ascension du parti, axée sur la lutte armée contre Israël et qui grâce au retrait des forces israéliennes du Sud Liban en 2000 et l’échec tactique et stratégique israélien dans la guerre de 2006 mènera le parti à des sommets de popularité dans le monde arabe.

L’article s’attache ensuite à étudier la seconde phase historique du parti, axée d’une part sur son activité politique interne et sur l’implication de ses forces armées dans le conflit syrien à partir de 2013. Selon le Nouvel Economiste, cette seconde phase est à l’origine des critiques faites au Hezbollah qui apparaît d’une part comme une force de blocage à toute tentative de réforme interne du système libanais mais aussi comme une force d’agression contre les populations sunnites par son implication dans le conflit syrien.

Enfin, l’auteur considère que le renouvellement du Hezbollah pourrait passer d’une part par une plus grande implication du parti dans l’action politique interne, notamment sur les sujets économiques et sociaux mais aussi par un retour aux sources. En effet, l’actualité régionale a été secouée durant l’été par l’augmentation des tensions entre le Liban et Israël concernant l’exploitation des gisements gaziers en mer Méditerranée. Le Hezbollah, par la voix de son Secrétaire général, a assuré que le peuple libanais ne serait pas dépossédé de ses richesses gazières et pétrolières et que le Hezbollah était la meilleure garantie pour la protection des intérêts libanais.

A look back at the history of Hezbollah

In its article this week, the Nouvel Economiste returns to the history of Hezbollah which celebrated its fortieth anniversary this summer. These celebrations, more lavish than usual, were mainly intended to show the image of a strong party but ready to renew itself to face the new economic challenges that the country of the Cedar is going through.

The article first looks back at the party's ascension phase, focused on the armed struggle against Israel and which, thanks to the withdrawal of Israeli forces from South Lebanon in 2000 and the Israeli tactical and strategic failure in the 2006 war, led the party to heights of popularity in the Arab world.

The article then examines the second historical phase of the party, focusing on its internal political activity and the involvement of its armed forces in the Syrian conflict from 2013. According to the Nouvel Economiste, this second phase is at the origin of the criticisms made of Hezbollah, which appears on the one hand as a blocking force to any attempt at internal reform of the Lebanese system, but also as a force of aggression against the Sunni population through its involvement in the Syrian conflict.

Finally, the author considers that the renewal of Hezbollah could be achieved through a greater involvement of the party in internal political action, especially on economic and social issues, but also through a return to its roots. Indeed, the regional news was shaken during the summer by the increase of tensions between Lebanon and Israel concerning the exploitation of gas fields in the Mediterranean Sea. Hezbollah, through its Secretary General, assured that the Lebanese people will not be dispossessed of their gas and oil wealth and that Hezbollah was the best guarantee for the protection of Lebanese interests.

 
 

Le calvaire des migrants syriens et libanais continue

Ils avaient quitté Tripoli il y a presque deux semaines. Entre 60 et 70 migrants libanais, syriens et palestiniens sont restés à la dérive au large des côtes maltaises pendant plus d’une semaine. Sans vivres, l'embarcation a été prise en charge par un vraquier dépendant des autorités égyptiennes, qui déposa les rescapés sur les côtes crétoises. Le bilan de ce drame reste incertain, mais la mort de deux enfants présents sur l’embarcation et la fausse couche d’une femme enceinte ont été confirmées.

Cette nouvelle tragédie, loin de décourager les candidats à l’exil, s’ajoute aux nombreuses tentatives des réfugiés syriens et des populations de Tripoli et Akkar, qui subissent de plein fouet la crise économique et qui voient encore aujourd’hui la mer comme seule échappatoire vers de meilleures conditions de vie en Europe.

The ordeal of Syrian and Lebanese migrants continues

They had left Tripoli almost a fortnight ago. Between 60 and 70 Lebanese, Syrian and Palestinian migrants were adrift off the Maltese coast for over a week. Without food, the boat was taken over by a bulk carrier belonging to the Egyptian authorities, which deposited the survivors on the Cretan coast. The outcome of this tragedy remains uncertain, but the death of two children on the boat and the miscarriage of a pregnant woman have been confirmed.

This new tragedy, far from discouraging would-be exiles, adds to the numerous attempts by Syrian refugees and the populations of Tripoli and Akkar, who are suffering the full force of the economic crisis and who still see the sea as the only way out to better living conditions in Europe.

 
 

Sources religieuses

 
 

Vers une unité sunnite retrouvée ?

C’est le sens de l’initiative du mufti de la République Abdellatif Deriane qui a convié l’ensemble des députés de la communauté sunnite à une rencontre organisée par Dar el-Fatwa le 24 septembre.

Cette rencontre exceptionnelle intervient à quelques semaines de la fin du mandat du Président Michel Aoun et a été initiée, en coulisses, par l’ambassadeur d’Arabie Saoudite Walid Boukhari, soucieux de garantir un leadership sunnite à l’approche des grandes échéances constitutionnelles et d'assurer le respect de l’accord de Taëf de 1989 signé par les belligérants de la guerre civile libanaise, en Arabie saoudite.

En effet, ces dernières semaines ont été marquées par plusieurs sorties du président de la République libanaise qui a affirmé que le gouvernement expédiant les affaires courantes, et présidé par un Premier ministre sunnite, ne peut pas assumer les prérogatives du chef de l’État en cas de vacance présidentielle. Ces sorties ont été perçues par la communauté sunnite comme une attaque à l’accord de Taëf, qui a organisé un transfert d’une grande partie des prérogatives du Président de la République au Conseil des ministres présidé par une figure sunnite. Ces déclarations s’inscrivent, par ailleurs, dans la lutte continue que mène le président Michel Aoun contre cet accord depuis sa signature.

Face à ces attaques, le mufti Deriane souhaite assurer la reconstitution d’un front sunnite uni pour la défense des intérêts politiques de la communauté sunnite.

Ce souhait d’unité risque cependant de se heurter au fossé qui sépare les différentes sensibilités politiques au sein de la communauté sunnite. Ainsi, si les députés « souverainistes » appellent à un désarmement du Hezbollah, les députés proches du 8 mars restent fidèles au Parti de Dieu. Enfin, les députés issus de la contestation d’octobre 2019 voient d’un mauvais œil l’ingérence d’une autorité spirituelle dans les affaires politiques et appellent à une séparation de la religion et de l’État.

Towards a new Sunni unity ?

This is the meaning of the initiative of the Mufti of the Republic Abdellatif Deriane who invited all the deputies of the Sunni community to a meeting organised by Dar el-Fatwa on 24 September.

This exceptional meeting comes a few weeks before the end of the mandate of President Michel Aoun and was initiated, behind the scenes, by the Saudi ambassador Walid Boukhari, anxious to ensure a Sunni leadership in the run-up to major constitutional deadlines and to ensure compliance with the 1989 Taif Agreement signed by the belligerents of the Lebanese civil war in Saudi Arabia.

Indeed, the last few weeks have been marked by several statements by the President of the Lebanese Republic who said that the government, presided over by a Sunni Prime Minister, cannot assume the prerogatives of the Head of State in case of presidential vacancy. These statements were perceived by the Sunni community as an attack on the Taif Agreement, which organised the transfer of a large part of the prerogatives of the President of the Republic to the Council of Ministers chaired by a Sunni figure. These statements are also part of the ongoing struggle of President Michel Aoun against this agreement since its signing.

Faced with these attacks, Mufti Deriane wishes to ensure the reconstitution of a united Sunni front to defend the political interests of the Sunni community.

However, this desire for unity is likely to come up against the gap between the different political sensibilities within the Sunni community. Thus, if the "sovereignist" deputies call for the disarmament of Hezbollah, the deputies close to the 8th of March remain loyal to the Party of God. Finally, the deputies who came out of the October 2019 protest, do not see the interference of a spiritual authority in political affairs and call for a separation of religion and state.

 
 

Le patriarche Raï met en garde contre la vacance présidentielle

Alors que le Liban est entré, depuis le 1er septembre, dans la période d’élection du nouveau président de la République, les dissensions politiques entre les différentes composantes du pays laissent redouter une vacance présidentielle.

Face à ce risque, le patriarche maronite Raï a affirmé dans son homélie dominicale que toute vacance présidentielle serait une trahison contre le Liban. Le patriarche maronite a insisté pour que l’élection du Président se fasse dans les délais constitutionnels.

Patriarch Rai warns against presidential vacancy

While Lebanon has entered, since September 1st, the period of election of the new president of the Republic, the political dissensions between the different components of the country let us fear a presidential vacancy.

Faced with this risk, the Maronite Patriarch Rai said in his Sunday homily that any presidential vacancy would be a betrayal against Lebanon. The Maronite Patriarch insisted that the election of the President should be done within the constitutional timeframe.

 
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This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in the Near and Middle East. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Proche et au Moyen-Orient. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.