Massacre au Burkina Faso / Fin de l'opération « Barkhane » / Organisation locale de la société dans les zones rurales maliennes / Tuerie de Touaregs dans la région de Ménaka ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso -  11 juin 2021
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par la meurtrière attaque du village de Solhan, dans le nord du Burkina Faso. Selon un dernier bilan provisoire, 160 personnes ont été tuées dans l’attaque la plus meurtrière enregistrée au Burkina Faso depuis le début des assauts djihadistes, en 2015. Une vingtaine d’enfants au moins ont été tués. Les forces armées maliennes mènent une vaste opération militaire dans la zone afin de retrouver les auteurs de ce massacre.

Dans le reste de l’actualité, dans l’est du Burkina Faso, la chercheuse Virginie Baudais a avancé que l’État post-transition devra s’appuyer sur des pouvoirs locaux, en particulier au centre du pays. Cette enquête montre notamment que 85,8 % des habitants des zones rurales du centre du Mali font confiance aux chefs de village et de quartier, alors qu’ils sont seulement 16,4 % à faire confiance aux hommes politiques et députés. Par ailleurs, le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) dénonce le massacre de onze civils touaregs le 3 juin par un groupe armé non identifié, à Aghrarangabo, au nord de Ménaka. Enfin, le gouvernement français a cessé sa coopération militaire avec l’armée malienne, à la suite du nouveau coup d’État du colonel Assimi Goïta. Enfin, le Président français Emmanuel Macron a annoncé ce jeudi la fin prochaine de l'opération Barkhane.

The news of the last two weeks has been marked by the deadly attack on the village of Solhan in northern Burkina Faso. According to the latest provisional figures, 160 people were killed in the attack, the deadliest recorded in Burkina Faso since the start of the jihadist onslaught in 2015. At least 20 children were killed. Malian armed forces are conducting a large-scale military operation in the area to find the perpetrators of the massacre.

In other news, in eastern Burkina Faso, researcher Virginie Baudais has argued that the post-transition state will have to rely on local authorities, particularly in the centre of the country. The survey shows that 85.8% of rural inhabitants in central Mali trust village and neighbourhood chiefs, while only 16.4% trust politicians and members of parliament. Furthermore, the Movement for the Salvation of Azawad (MSA) denounced the massacre of eleven Tuareg civilians on 3 June by an unidentified armed group in Aghrarangabo, north of Ménaka. Finally, the French government stopped its military cooperation with the Malian army, following the new coup d'état of Colonel Assimi Goïta. French president Emmanuel Macron announces last thursday the end of Barkhane operation.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Au moins 160 morts dans une nouvelle attaque au Burkina Faso, la plus meurtrière depuis 2015

Au moins 160 personnes ont été tuées dans la nuit du 4 juin au cours d’une attaque perpétrée dans le village de Solhan, situé dans la région du Sahel, au nord du Burkina Faso. À environ 2 heures du matin, des individus armés ont investi le village de Solhan, visant d’abord le poste des Volontaires pour la Défense de la Patrie (VDP, supplétifs aux forces armées). L’attaque s’est ensuite portée contre les habitations selon des sources sécuritaires. Qualifiant cette attaque de « barbare », le président Roch Marc Christian Kaboré a décrété un deuil national de 72 heures à partir de ce samedi. Ces dernières semaines, l'armée a multiplié les opérations dans cette région du nord du Burkina Faso, où les organisations État islamique et al-Qaïda sont actives.

More than 160 dead in new attack in Burkina Faso, the deadliest since 2015

At least 160 people were killed on the night of 4 June in an attack in the village of Solhan, located in the Sahel region of northern Burkina Faso. At around 2am, armed individuals entered the village of Solhan, first targeting the post of the Volunteers for the Defence of the Homeland (VDP, auxiliaries to the armed forces). The attack then moved on to the houses, according to security sources. Describing the attack as "barbaric", President Roch Marc Christian Kaboré declared a 72-hour national mourning period starting this Saturday. In recent weeks, the army has increased its operations in this region of northern Burkina Faso, where the Islamic State and Al Qaeda are active.


 
 
 
 
 

Source académique

 
 

Les zones rurales maliennes fonctionnent grâce à des pouvoirs locaux pour pallier la déconnexion de l’État central

Selon la chercheuse Virginie Baudais, « l’État post-transition devra s’appuyer sur les pouvoirs locaux », notamment pour contrer les groupes terroristes actifs dans le centre du pays. Une vaste équipe composée par des chercheurs maliens et l’International Peace Research Institute (Sipri), mène des enquêtes de perception auprès de 1800 ménages dans 15 cercles (120 villages) des régions de Ségou et Mopti au Mali central. Cette enquête montre la dégradation de la présence de l’État dans les zones rurales du centre du Mali. Les habitants du centre du Mali sont pris en étau entre la violence des groupes armés terroristes et l’État central affaibli par la corruption et la mauvaise gouvernance. Cette enquête montre que 85,8 % des habitants font confiance aux chefs de village et de quartier, 78,8 % aux chefs coutumiers, et 88,1 % aux chefs religieux. Au contraire, ils ne sont que 16,4 % à faire confiance aux députés et aux partis politiques, et 26,8 % aux juges et magistrats. De fait, en janvier 2021 la moitié des préfets et sous-préfets étaient absents de la région de Mopti, et un sur trois dans la région de Ségou. L’État malien est avant tout urbain, et le maillage territorial des services de base est inégal et de faible qualité dans les zones rurales.

Mali's rural areas rely on local authorities to compensate for the disconnection from the central state

According to researcher Virginie Baudais, "the post-transition state will have to rely on local authorities", particularly to counter terrorist groups active in the centre of the country. A large team of Malian researchers and the International Peace Research Institute (Sipri) is conducting perception surveys among 1,800 households in 15 cercles (120 villages) in the Segou and Mopti regions of central Mali. The survey shows the deterioration of the state's presence in the rural areas of central Mali. The inhabitants of central Mali are caught between the violence of armed terrorist groups and a central state weakened by corruption and bad governance. The survey shows that 85.8% of the inhabitants trust village and neighbourhood chiefs, 78.8% trust traditional chiefs, and 88.1% trust religious leaders. On the contrary, only 16.4% trust members of parliament and political parties, and 26.8% trust judges and magistrates. In fact, in January 2021, half of the prefects and sub-prefects were absent from the Mopti region, and one in three in the Segou region. The Malian state is above all urban, and the territorial network of basic services is uneven and of poor quality in rural areas.


 
 

Sources médiatiques

 
 

Nouveau rapprochement entre le M5 et l’imam Dicko

Une délégation du Mouvement du 5 juin (M5) qui a contribué à la chute de l'ancien président malien Ibrahim Boubacar Keita (IBK) a rendu visite à l’imam Dicko chez lui le 31 mai. Cette visite est une stratégie du M5 pour resserrer ses rangs.  Prenant la parole devant la délégation du M5, l’imam Mahmoud Dicko a déclaré qu’il acceptait de pardonner, de tourner la page pour un nouveau départ, et a appelé ses partisans à sortir le 4 juin pour un rassemblement du M5 destiné à célébrer le premier anniversaire de la création du mouvement. L’imam Dicko a été un personnage central du M5, mais après la chute du président IBK en 2020, il a pris ses distances avec le mouvement M5, qui l’a accusé de ne pas avoir encouragé les militaires à travailler avec eux.

New rapprochement between the M5 and Imam Dicko

A delegation from the June 5 Movement (M5), which contributed to the fall of former Malian president Ibrahim Boubacar Keita (IBK), visited Imam Dicko at his home on 31 May. This visit is a strategy of the M5 to strengthen its ranks.  Speaking to the M5 delegation, Imam Mahmoud Dicko said he was willing to forgive, to turn the page for a new beginning, and called on his supporters to come out on 4 June for an M5 rally to celebrate the first anniversary of the movement's creation. Imam Dicko was a central figure in the M5, but after the fall of President IBK in 2020, he distanced himself from the M5 movement, which accused him of not encouraging the military to work with them.

 
 

En réponse au nouveau coup d’État malien, la France suspend ses opérations militaires conjointes avec le Mali

Le jeudi 3 juin, la France a annoncé la suspension temporaire de ses opérations militaires conjointes avec les forces maliennes ainsi que les missions de conseil. La France a ainsi réagi au coup d’État du mois de mai, et a demandé les mêmes éléments que la Cédéao ou l’Union africaine, à savoir le respect du délai des dates prévues pour les prochaines élections présidentielles et législatives, ainsi que l’impossibilité pour les dirigeants de la transition de s’y présenter. Il ne s’agit que d’un pan des opérations de la force antiterroriste française. 

In response to the new Malian coup d'état, France suspends joint military operations with Mali

On Thursday 3 June, France announced the temporary suspension of its joint military operations with Malian forces and advisory missions. France thus reacted to the coup d'état in May and demanded the same elements as ECOWAS and the African Union, namely that the dates set for the next presidential and legislative elections be respected and that the transitional leaders not be allowed to stand. This is only one part of the operations of the French anti-terrorist force Barkhane that is suspended, and this decision will be reassessed "in the coming days".


 
 

Emmanuel Macron annonce la fin de l'opération Barkhane au Sahel

Le Président français a annoncé ce jeudi 10 juin la « fin de l'opération Barkhane en tant qu'opération extérieure » et « une transformation profonde de notre présence au Sahel ». Engagées depuis huit ans dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, les troupes françaises seront réduites et remplacées par une alliance internationale dont la composition reste à déterminer. Plus de détails seront dévoilés à la fin du mois de juin précise le chef de l'État français.

Emmanuel Macron announces the end of Operation Barkhane in the Sahel

French president announced last thursday "the end of Barkhane operation as a foreign operation" and "profound tranformations of our presence in the region". After eight years fighting terrorism in Sahel, French troups will be downsized and replaced by an international coalition which composition is not defined yet. More details will be given at the end of the month, according to the French head of State. 

 
 

Le Mouvement pour le Salut de l’Azawad dénonce le massacre de onze éleveurs vers Ménaka

Au Mali, le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) dénonce le massacre de onze civils touaregs le 3 juin par un groupe armé non identifié, à Aghrarangabo, au nord de Ménaka. Ménaka et sa région, proches de la frontière avec le Niger, font partie de vastes zones qui échappent largement ou entièrement au contrôle du pouvoir central. Agharangabo est un campement situé à environ 65 km au nord-ouest de Ménaka. Selon le MSA, les victimes étaient des éleveurs, dont le bétail a été emporté par les meurtriers.

The Mouvement pour le salut de l’Azawad denounces the massacre of eleven civilians near Ménaka

In Mali, the Mouvement pour le Salut de l'Azawad (MSA) denounced the massacre of eleven Tuareg civilians on 3 June by an unidentified armed group in Aghrarangabo, north of Ménaka. Ménaka and its region, close to the border with Niger, are part of vast areas that are largely or entirely outside the control of the central government. Agharangabo is a camp located about 65 km northwest of Ménaka. According to the MSA, the victims were herders, whose livestock were taken away by the killers.

 
 

Source religieuse

 
 

Au Burkina Faso et au Niger, l’Église organise une formation pour lutter contre les abus sur les mineurs et les personnes vulnérables

Le 2 juin, Mgr Laurent Dabiré, le président de la commission épiscopale des tribunaux ecclésiastiques et de la conférence épiscopale Burkina-Niger, a ouvert un atelier de formation des membres des bureaux ecclésiastiques de signalement. Plus de 80 personnes prennent part à cet atelier à Ouagadougou. L’objectif est de former les membres de chacun des bureaux ecclésiastiques des 17 diocèses de la Conférence épiscopale Burkina-Niger sur leur rôle et sur les délits à caractère sexuel touchant les mineurs et les personnes vulnérables.

In Burkina Faso and Niger, the Church organises training to combat the abuse of minors and vulnerable people

On 2 June, Bishop Laurent Dabiré, president of the Episcopal Commission for Ecclesiastical Tribunals and the Burkina-Niger Bishops' Conference, opened a training workshop for members of the Ecclesiastical Reporting Offices. More than 80 people are taking part in this workshop in Ouagadougou. The aim is to train the members of each of the ecclesiastical offices of the 17 dioceses of the Burkina-Niger Bishops' Conference on their role and on sexual offences affecting minors and vulnerable people.


 
 

Sources institutionnelles

 
 

Plusieurs milliers de civils forcés de fuir après l’attaque de Solhan

« Craignant pour leur vie, 3300 personnes ont fui vers des villages proches de Sebba et Sampelga, et parmi elles plus de 2000 enfants et plus de 500 femmes », selon Babar Baloch, porte-parole du Haut-Comissariat aux Réfugiés (HCR). Les nouveaux déplacés internes ont quitté leurs villages à la suite de l’attaque de Soulhan, qui a eu lieu dans la nuit du 4 au 5 juin et  a causé la mort de plus de 160 personnes. La majorité a été accueillie avec générosité par les familles locales.

Several thousand civilians forced to flee after Solhan attack

"Fearing for their lives, 3,300 people have fled to villages near Sebba and Sampelga, and among them more than 2,000 children and more than 500 women," according to Babar Baloch, spokesperson for the UN High Commissioner for Refugees (UNHCR). The newly displaced left their villages in the wake of the deadliest attack since 2015, and the majority were generously hosted by local families. On the night of 4-5 June, gunmen attacked the village of Solhan in the north-eastern part of Burkina Faso's Sahel region, near the border with Niger, killing around 160 people.


 
 

Un expert de l’ONU demande la libération effective de l’ancien Président de la transition et de son Premier ministre

Alioune Tine, expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme au Mali appelle les autorités de la transition à mettre immédiatement fin à l’assignation à résidence de l’ancien Président, Bah N’Daw, et l’ancien Premier ministre, Moctar Ouane. Il appelle par ailleurs à libérer trois hauts responsables militaires « détenus arbitrairement ». L’ancien Président et l’ancien Premier ministre sont assignés à résidence, et ne sont pas libres d’en sortir selon l’expert onusien, qui estime que les autorités de transition ne respectent pas les droits humains ni les libertés fondamentales.

UN expert calls for effective release of former transitional President and Prime Minister

Alioune Tine, UN independent expert about human rights in Mali, calls on the transitional authorities to immediately end the house arrest of former President Bah N'Daw and former Prime Minister Moctar Ouane. It also calls for the release of three senior military officials "arbitrarily detained". The former President and the former Prime Minister are under house arrest and are not free to leave, according to the UN expert, who believes that the transitional authorities do not respect human rights and fundamental freedoms.


 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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