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VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso - 26 juin 2020
 
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Au Mali, la crise socio-politique continue. Après diverses tentatives de négociation entre le Gouvernement et le Mouvement du 5 juin (M5) et l’Iman Dicko, la contestation ne faiblit pas. Le M5 a annoncé qu’il organiserait une autre manifestation prochainement. A l’occasion des cinq ans de l’Accord d’Alger, International Crisis Group publie un entretien sur les difficultés du processus de paix, l’Accord est également au cœur des critiques portées par les mouvements anti-IBK.
Au Burkina, l’ODDH a publié une étude s’intitulant « Burkina Faso ; un nouveau Rwanda ». Le rapport alerte sur les conflits communautaires et les violences exercées par les forces de défense et de sécurité (FDS) contre les civils. Il appel notamment à un plus grand contrôle des milices par l’état. Dans le même temps, des contestations demeurent alors que des enquêtes sont toujours en cours concernant l’assassinat de civils peuls par FDS. Une mobilisation de la communauté peule a eu lieu à Fada N’Gourma.

In Mali, the socio-political crisis continues. After various negotiations between the Government and the 5 June Movement (M5) and Iman Dicko, criticism continues. The M5 has announced that it will organise another demonstration soon. On the occasion of the fifth anniversary of the Algiers Agreement, International Crisis Group publishes an interview on the peace process' difficulties. The Agreement is also at the heart of the criticisms made by the anti IBK movements.
In Burkina, the ODDH has published a study entitled "Burkina Faso; a new Rwanda". The reports sounds the alarm on community conflicts and defense and security forces violence against civilians. In particular, it calls for greater state control of the militias. At the same time, tensions remain while investigations are still underway into the killing of Fulani civilians by security forces. A mobilization of the Peul community took place in Fada N'Gourma.

 
 

L'info phare - source médiatique

 
 

Nouvelle manifestation "anti-IBK" à Bamako


Vendredi 19 juin, à Bamako, le second round d'un bras de fer opposant ce qui est désormais appelé le Mouvement du 5 juin (M5) au Président de la République du Mali, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), s’est concrétisé par une nouvelle marche où des dizaines de milliers de Maliens sont venus exprimer leur colère contre le Gouvernement. Cette manifestation est la conséquence de l’échec des différents dialogues, suite à la mobilisation du 5 juin, entre les contestataires, regroupés dans une pluralité de mouvement, et le Gouvernement. L’ampleur des contestations avait pourtant contraint le président à faire un pas vers les organisateurs, dont l’Iman Dicko. Face à l’absence de dialogue entre les deux parties, des tentatives de médiations se sont multipliées. La première a été effectuée par la CEDEAO. Mardi 23 juin, une autre délégation composée des membres de l'Union européenne, de l’ONU et de l'Ambassadeur des États-Unis au Mali a rencontré le Président de l'Assemblée Nationale. Au cours des échanges, des pistes de sortie de crise auraient été proposées.

Brand new "anti-IBK" demonstration in Bamako

On Friday 19 June, in Bamako, the second round of the fight between what is now called the 5 June Movement (M5) and the President of the Republic of Mali, Ibrahim Boubacar Keita (IBK), took place with a march in which tens of thousands of Malians came to express their anger. This demonstration is the consequence of the failure of the various dialogues, following the demonstration on 5 June, between the protesters, grouped in different movements, and the Government. The scale of the protests had nevertheless forced the president to take a step towards the organisers, including Iman Dicko. Regarding the lack of dialogue between the two opposite sides, attempts for mediation were made. The first was carried out by ECOWAS. On Tuesday 23 June, another delegation composed of members of the European Union, the United Nations and the United States Ambassador to Mali met with the President of the National Assembly. In the course of the meeting, solutions to end the crisis were reportedly proposed.

 
 

Source académique

 
 

Le COVID 19 et les réponses des acteurs religieux au Sahel

Le Timbuktu Institute a publié une note de recherche sur l’implication des acteurs religieux dans la crise du Covid-19 au Sahel.  Le rapport note que si les acteurs religieux, dans l’ensemble, ont adhéré à la plupart des mesures mises en place par les gouvernements, « ils n’ont pas toujours eu des positions unanimes sur les décisions politiques et administratives régulant la culture et le domaine du sacré. ». Les attitudes divergent aussi selon les pays et les contextes. Au Mali, la situation a été plus difficile alors que le gouvernement faisait face à des critiques dans un contexte électoral marqué par de nombreuses polémiques. Les élections législatives ont été maintenues alors que le Premier Ministre malien, Boubou Cissé, était favorable à l’interdiction des prières collectives dans les lieux de culte. Un débat s’est alors ouvert sur la pertinence d’une telle mesure au regard de la décision de maintenir les législatives. Au contraire, au Burkina Faso, les différents acteurs religieux se sont très vites organisés pour suspendre les prières collectives et les rassemblements religieux.

COVID 19 and the religious actors' responses  in the Sahel


The Timbuktu Institute has published a research note on the involvement of the religious actors in the Covid-19 crisis in the Sahel.  The report notes that while religious actors, on the whole, have adhered to most of the anti Covid-19 measures implemented by governments, "they have not always taken unanimous positions on political and administrative decisions regulating the culture and domain of the sacred. ». Attitudes also differ among the different countries. In Mali, the situation was more difficult as the Government faced criticism in an electoral context marked by numerous polemics. Legislative elections were held while the Malian Prime Minister, Boubou Cissé, wanted to ban collective prayers in places of worship. A debate then arose on the relevance of such a measure with regard to the decision to maintain the legislative elections. On the contrary, in Burkina Faso, the various religious actors were very quick to organize themselves to suspend collective prayers and religious gatherings.


 
 

L’Accord d’Alger, 5 ans après

Un récent entretien publié par ICG revient sur l’avancée de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali (2015). 5 ans après, le processus de mise en œuvre de l’accord ne progresse quasiment pas. Si les parties proclament toujours leur attachement au texte, seulement 23% de ces dispositions ont été mises en œuvre. Pour le chercheur Matthieu Pellerin, analyste consultant senior Sahel du Think Tank « Ce délai de mise en œuvre témoigne avant tout d’un manque de volonté des parties signataires. Ni la partie malienne, ni les autres parties signataires ne voulaient de ce texte en 2015, mais la pression internationale, notamment de l’Algérie, de la France et des Etats-Unis, les a forcées à l’adopter. ». Parmi les autres sujets abordés, le chercheur analyse également le rapport entre la lutte contre le terrorisme et l’application de l’accord « La question de la lutte contre le terrorisme focalise l’attention internationale, elle ne résume toutefois pas les problèmes actuels du Nord. En effet, même si les armées internationales et nationales parvenaient à éliminer ou à marginaliser les jihadistes, les parties signataires demanderaient toujours une réponse satisfaisante à leurs revendications pour l’autonomie territoriale dans le Nord, ce qui menacerait presque certainement à nouveau la paix au Mali. »

The Algiers Agreement, 5 years on

A recent interview published by ICG discusses the progress of the Peace and Reconciliation Agreement in Mali (2015). 5 years later, the implementation process of the agreement is barely progressing. While the parties still proclaim their commitment to the text, only 23% of its provisions have been implemented. For the researcher Matthieu Pellerin, the Senior Sahel Analyst Consultant from the international Think Tank, "This delay in implementation shows above all a lack of will of the signatory parties. Neither the Malian party nor the other signatory parties wanted this text in 2015, but the international pressure, particularly from Algeria, France and the United States, forced them to adopt it. ». Among the other subjects discussed, the researcher also analyses the relationship between the fight against terrorism and the implementation of the agreement: "Although fighting terrorism attracts international attention, it is only one of the problems that Northern Mali is facing today. Even if international and national forces were to succeed in eliminating or sidelining the jihadists, the signatory parties would still ask for a satisfactory response to their demands for territorial autonomy in the North, which would almost certainly derail the Malian peace process.

 
 

Source société civile

 
 

Burkina Faso : un nouveau Rwanda ?

Dans un document intitulé « Burkina Faso. Risque d’un nouveau Rwanda ? », l’Observatoire pour la démocratie et les droits de l’homme (ODDH) affirme que les attaques djihadistes ont tué, en cinq ans, plus de 1650 civils et militaires burkinabé sur l’ensemble du territoire. Publié mercredi, le rapport montre également que les FDS burkinabé seraient responsables de la mort de 588 civils sur la même période. L’ODDH recommande au gouvernement d’octroyer aux FDS les moyens et les équipements nécessaires pour lutter contre les attaques terroristes, mais aussi de « leur demander des comptes et de veiller à ce qu’elles agissent dans le strict respect de la loi. ». L'ODDH suggère que l’Etat burkinabè « interdise les milices civiles et les Volontaires pour la défense de la patrie ou, à défaut, de fortement renforcer leur encadrement » et que les partenaires internationaux s’abstiennent « de financer les unités de FDS burkinabè ayant commis de graves violations des droits de l’homme. »

Burkina Faso: A new Rwanda?
 

In a document entitled "Burkina Faso. Risk of a new Rwanda", the Observatory for Democracy and Human Rights (ODDH) states that jihadist attacks have killed more than 1,650 Burkinabé civilians and soldiers throughout the country in five years. Released on Wednesday, the report also shows that the Burkinabe FDS are reportedly responsible for the deaths of 588 civilians over the same period. The ODDH recommends that the Burkinabe State should provide the FDS with the means and equipment necessary to fight against terrorism, but also to "hold them accountable and ensure that they act in strict compliance with the law." Also, the ODDH suggests that the Burkinabe state should "prohibits civilian militias and Les Volontaires pour la défense de la patrie or, failing that, to strongly strengthen their supervision" . Finally, the organization recommends that international partners should also refrain "from financing Burkinabe FDS units that have committed serious human rights violations. »


 
 

Source médiatique

 
 
 
 
 

Une manifestation à Fada N’Gourma dénonce la stigmatisation de la communauté peule au Burkina

Plus de 700 personnes ont manifesté pour dénoncer l'insécurité et les exactions contre la communauté peule, samedi 13 juin, à Fada N'Gourma, au Burkina Faso. Les manifestants n'ont pu remettre leur mémorandum aux autorités car la marche n'avait pas été autorisée, suite aux mesures prises dans le cadre la lutte contre le coronavirus. Les manifestants ont dénoncé la stigmatisation de la communauté peule et ont appelé à une plus grande indépendance de la justice, notamment dans le cadre des enquêtes en cours concernant des exactions commises contre des civils de cette communauté.

Demonstration in Fada N'Gourma denounces the stigmatization of the Fulani community in Burkina Faso

More than 700 people demonstrated to denounce  insecurity and  abuses against the Fulani community on Saturday 13 June in Fada N'Gourma, Burkina Faso. The demonstrators were unable to hand over their memorandum to the authorities because the march had not been authorized, regarding to the measures taken in the fight against the coronavirus. The demonstrators denounced the stigmatization of the Fulani community and called for greater judicial independence, particularly in the context of ongoing investigations into abuses committed against Fulani civilians.

 
 

AQMI confirme la mort de son chef Abdelmalek Droukdel

Alors que des doutes pouvaient encore subsister au sujet de la mort du chef d’AQMI, annoncée par la France il y a deux semaines, suite à une opération dans le nord Mali, une vidéo a été repéré par un groupe américain spécialisé dans la surveillance des groupes djihadistes. Dans cette vidéo de propagande, AQMI fait l’éloge d’Abdelmalek Droudkel et promet de poursuivre le combat contre la France et ses alliés au Sahel et en Afrique du Nord. A ce jour, aucun successeur n'a été désigné pour remplacer l’ancien chef.

AQIM confirms the death of its leader Abdelmalek Droukdel

While doubts could still remain about the death of AQIM's head, announced by France two weeks ago, following an operation in Northern Mali , a video was spotted by an American group specialising in the surveillance of jihadist groups. In this video, AQIM praises Abdelmalek Droudkel and promises to continue the fight against France and its allies in the Sahel and North Africa. To date, no successor has been appointed to replace the former leader.

 
 

Le mouvement du 5 juin annonce une nouvelle manifestation après l’échec de plusieurs rencontres

Mardi 22 juin, le Mouvement du 5 juin (M5) s’est dit prêt pour une nouvelle manifestation à une date ultérieure lors d’un point presse. Les responsables du M5 maintiennent leur demande de démission du président IBK. Face à cette situation, une partie de la société civile propose des pistes de sortie de crise. Une délégation de chefs d’Etats serait aussi attendue au Mali dans les prochains jours. Cette décision fait suite à plusieurs échanges infructueux qui ont eu lieu entre les membres du gouvernement et les différents leaders du mouvement.

The 5 June movement announces a new demonstration after several meetings have failed

On Tuesday 22 June, the 5 June Movement (M5) said it was ready for a new demonstration at a press briefing. The M5 leaders maintain their demand for the resignation of President IBK. Faced with this situation, part of civil society is proposing ways out of the crisis. A delegation of heads of state is also expected to visit Mali in the coming days. This decision follows several fruitless exchanges between members of the government and the various leaders of the movement.

 
soutien veille RCA
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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