Justice pour les djihadistes au Burkina Faso / Civils en première ligne / Discrimination contre les « esclaves » au Mali ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso -  12 novembre 2021
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par la publication d’une série d’articles par Le Monde consacrée à la justice pour les djihadistes au Burkina Faso. Les premiers procès ont pu avoir lieu au mois d’octobre. Cinq prévenus ont été condamnés à de lourdes peines, cinq autres procès ont dû être reportés. Selon une enquête, on ne compterait que quatre juges d’instruction du pôle spécialisé sur ces questions, pour 459 dossiers. Cela s’ajoute à une série d’obstacles qui rendent difficilement applicable la réponse judiciaire pour les terroristes au Burkina Faso.

Dans le reste de l’actualité, la situation sécuritaire continue de se dégrader au Burkina Faso avec une nouvelle attaque ayant visé les civils dans la région Sahel. Par ailleurs, cinq attaques contre les forces de sécurité ont été perpétrées en l’espace de six jours au Burkina Faso. Par ailleurs, une importante polémique a opposé le ministre de la Santé à l'Église burkinabè, au sujet de la contraception, les religieux critiquant l’utilisation du préservatif et la « sexualité à l’état animal » qui serait encouragée par le gouvernement. Au Mali, la question du retour de l’ex-otage Sophie Pétronin divise les observateurs. Enfin, L’ONU veut s’attaquer à l’impunité face aux violences contre les personnes désignées comme « esclaves » au Mali.


The news of the last two weeks has been marked by the publication of a series of reportage articles by Le Monde on justice for jihadists in Burkina Faso. The first trials were held in October. Five defendants were given heavy sentences, five other trials had to be postponed. According to a survey, there are only four investigating judges in the specialised unit for these issues, for 459 cases. This is in addition to a series of obstacles that make it difficult to apply the judicial response to terrorists in Burkina Faso.

In other news, the security situation in Burkina Faso continues to deteriorate with a new attack targeting civilians in the Sahel region. In addition, 5 attacks against the security forces were perpetrated in the space of 6 days in Burkina. In addition, there was a major controversy between the Minister of Health and the Burkinabe Church on the subject of contraception, with the clerics criticising the use of condoms and the "sexuality in the animal state" that is allegedly encouraged by the government. In Mali, the question of the return of former hostage Sophie Pétronin divides observers. Finally, the UN wants to tackle impunity in the face of violence against people designated as "slaves" in Mali.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

La justice pour les anciens djihadistes, un simple mirage au Burkina Faso ?

Dans une enquête documentée, le journal français « le Monde » raconte comment les magistrats du pôle spécialisé créé en 2017 sont totalement débordés par des dossiers de plus en plus nombreux. Le média Mondafrique qualifie la justice antiterroriste de « simple mirage ». Six ans après le début des violences djihadistes qui ont provoqué 1 500 morts parmi les civils, la justice est à la peine même si les premiers procès ont pu avoir lieu au mois d’octobre. Cinq prévenus ont été condamnés à de lourdes peines, cinq autres procès ont dû être reportés pour cause de grève des gardiens de sécurité pénitentiaire. Selon une enquête, on ne compterait que quatre juges d’instruction du pôle spécialisé dans ces questions, pour 459 dossiers. De nombreux éléments font obstacle à la justice : les djihadistes circulent entre les pays sahéliens, les populations locales sont peu coopératives de peur des représailles, peu de djihadistes sont capturés vivants, et la diversité linguistique nationale complexifie parfois la communication.

Is justice for former jihadists a mere mirage in Burkina Faso?

In a documented investigation, the French newspaper "le Monde" tells how the magistrates of the specialised centre created in 2017 are totally overwhelmed by the increasing number of cases. The media outlet Mondafrique describes anti-terrorist justice as a "mere mirage". Six years after the start of the jihadist violence that caused 1,500 deaths among civilians, justice is struggling even if the first trials were held in October. Five defendants were given heavy sentences, while five other trials had to be postponed because of a strike by prison security guards. According to a survey, there are only four investigating judges in the specialised unit for these issues, for 459 cases. There are many obstacles to justice: jihadists move between Sahelian countries, local populations are not very cooperative for fear of reprisals, few jihadists are captured alive, and the diversity of national languages sometimes makes communication difficult.

 
 
 
 
 

Source médiatique

 
 

La situation sécuritaire continue de se dégrader au Burkina Faso, les civils sont en première ligne

Le 1er novembre, après deux jours d’attaques meurtrières au nord et au nord-ouest du Burkina Faso, le ministre de la Défense, Aimé Barthélemy Simploré a lancé un appel à un « sursaut national » dans une « offensive décisive » contre les groupes djihadistes. Quelques heures plus tôt, une attaque dans la région Sahel avait fait une dizaine de victimes parmi des civils qui se rendaient au marché hebdomadaire de Markoye. La veille, un poste de police de la commune de Di (dans le Nord-Ouest) avait été attaqué par des hommes armés faisant au moins cinq morts parmi les policiers. Au total, le Burkina Faso a enregistré cinq attaques contre les forces armées burkinabè en l’espace de six jours, provoquant une vingtaine de morts. Depuis 2015, les violences liées aux groupes djihadistes, parfois mêlées à des affrontements intercommunautaires, ont fait environ 2 000 morts et ont contraint 1,4 million de personnes à fuir leur foyer.

Security situation continues to deteriorate in Burkina Faso, with civilians on the front line

On 1 November, after two days of deadly attacks in the north and north-west of Burkina Faso, Defence Minister Aimé Barthélemy Simploré called for a "national surge" in a "decisive offensive" against jihadist groups. A few hours earlier, an attack in the Sahel region killed a dozen civilians on their way to the weekly market in Markoye. The day before, a police station in the commune of Di (in the north-west) was attacked by armed men, killing at least five policemen. In total, Burkina Faso has recorded five attacks against the Burkinabe armed forces in the space of six days, resulting in around 20 deaths. Since 2015, violence linked to jihadist groups, sometimes mixed with inter-community clashes, has killed around 2,000 people and forced 1.4 million to flee their homes.

 
 

Au Mali, six personnes incarcérées pour « tentative de coup d’État »

La justice malienne a confirmé le 5 novembre que six personnalités maliennes ont été placées sous mandat de dépôt. Tous sont accusés notamment de tentative de coup d’État et de complot contre le gouvernement. Parmi eux, on retrouve Kalilou Doumbia, un ancien secrétaire général de la présidence, ainsi que Kassoum Goïta, un ancien chef de la Sécurité d’État. Tous deux avaient été arrêtés il y a plusieurs semaines hors de toute procédure légale. Selon certaines sources, 25 personnes au total, civiles et militaires, auraient été entendues par le juge d’instruction chargé du dossier. En décembre dernier, sept autres personnes, dont l’ancien Premier ministre Boubou Cissé et le chroniqueur Ras Bath, avaient déjà été accusées de complot, avant d’être blanchies par la Cour suprême quatre mois plus tard. De telles arrestations confirment la dégradation de l’État de droit au Mali depuis l’arrivée des militaires au pouvoir en août 2020.

Six people jailed in Mali for “attempted coup”

The Malian judiciary confirmed on 5 November that six prominent Malians have been placed under arrest. All are accused of attempted coup d'état and plotting against the government. They include Kalilou Doumbia, a former secretary general of the presidency, and Kassoum Goïta, a former head of State Security. According to some sources, a total of 25 people, both civilian and military, have been heard by the investigating judge in charge of the case. Last December, seven other people, including former Prime Minister Boubou Cissé and columnist Ras Bath, had already been accused of plotting, before being cleared by the Supreme Court four months later. Such arrests confirm the deterioration of the rule of law in Mali since the military came to power in August 2020.

 
 

Au Burkina Faso, une polémique entre l’État et l’Église au sujet de la contraception

Au Burkina Faso, un débat houleux entre un ministre qui promet la diffusion gratuite de préservatifs et une Église catholique qui promeut la « discipline sexuelle » agite le champ médiatique. Le Burkina Faso est souvent loué comme un excellent exemple de cohabitation apaisée des communautés religieuses, et de laïcité de l’État en Afrique de l’Ouest. Mgr Gabriel Sayaogo, le vice-président de la Commission épiscopale en charge de la pastorale de la santé a invoqué le caractère sacré de la vie et a tenté de démontrer que la contraception pouvait être à l’origine de certaines maladies pour les femmes. Charlemagne Ouédraogo, le ministre de la Santé a répondu au religieux, en invitant les personnes souhaitant jouir d’une sexualité « juste pour le plaisir » à se protéger avec des préservatifs, ce qu’un autre religieux, le père Jean-Emmanuel Konvolbo a critiqué dans une tribune, dénigrant ce qu’il qualifie de « sexualité à l’état animal » valorisée par le ministre. Le ministre de la Santé a ensuite menacé de rompre les contrats entre les institutions sanitaires de l’Église et le gouvernement, appelant les partenaires catholiques à ne pas saper les efforts du gouvernement en matière de santé sexuelle.

In Burkina Faso, a controversy between the State and the Church over contraception

In Burkina Faso, a heated debate between a minister who promises free condoms and a Catholic Church that promotes "sexual discipline" is stirring up the media. Burkina Faso is often praised as an excellent example of peaceful cohabitation of religious communities and secularism of the state in West Africa. Mgr Gabriel Sayaogo, the vice-president of the Episcopal Commission in charge of pastoral health, invoked the sanctity of life and tried to demonstrate that contraception could be the cause of certain diseases for women. Charlemagne Ouédraogo, the Minister of Health, responded to the cleric by inviting people wishing to enjoy sex "just for pleasure" to protect themselves with condoms, which another cleric, Father Jean-Emmanuel Konvolbo, criticised in a tribune, denigrating what he described as the "sexuality in the animal state" promoted by the minister. The Health Minister then threatened to break contracts between the Church's health institutions and the government, calling on Catholic partners not to undermine the government's sexual health efforts.

 
 

Au Burkina Faso, la détresse des familles de prisonniers

Dans un reportage, Le Monde s’est intéressé aux nombreux parents qui ont perdu contact avec leurs proches interpellés lors d’opérations de lutte contre le djihadisme. Devant la prison de haute sécurité (PHS) en périphérie de Ouagadougou, des dizaines de familles attendent leur tour tous les jours pour 15 minutes de parloir avec leurs proches détenus, dont beaucoup attendent un jugement ou un non-lieu. Un grand nombre de détenus ont été embarqués par les forces de l’ordre sans avoir pu prévenir leur entourage. En détention, les suspects n’ont pas accès à un téléphone fixe, alors que le droit international l’exige. Depuis 2019, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a enregistré plus de 800 demandes de recherche de personnes portées disparues au Burkina. Par ailleurs, de nombreuses  familles sont sans preuve de vie ou de mort de leurs proches. Depuis 2015, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a enregistré 700 cas d’exécutions extrajudiciaires.

In Burkina Faso, the distress of prisoners' families

In a report, Le Monde looked at the many relatives who have lost contact with their loved ones who were arrested during operations to combat jihadism. In front of the High Security Prison (PHS) on the outskirts of Ouagadougou, dozens of families wait their turn every day for a 15-minute visit with their detained relatives, many of whom are awaiting trial or dismissal. A large number of detainees have been taken away by the police without being able to warn their relatives. In detention, suspects do not have access to a landline telephone, as required by international law. Since 2019, the International Committee of the Red Cross (ICRC) has registered more than 800 requests to search for missing persons in Burkina. In addition, many families are without proof of life or death of their loved ones. Since 2015, the NGO Human Rights Watch (HRW) has recorded 700 cases of extrajudicial executions.

 
 

Au Mali, une manifestation organisée pour soutenir les autorités militaires et affirmer la souveraineté des Maliens

À l'appel du mouvement Yerewolo, plusieurs centaines de Bamakois se sont retrouvés sur la place de l'indépendance de Bamako le 29 octobre. Ils ont manifesté leur soutien aux autorités de la transition et dénoncé aussi ce qu'ils qualifient d'ingérence de la communauté internationale dans les affaires internes du Mali, en visant particulièrement la France et la CEDEAO. Cette manifestation avait également pour objet de demander le départ des forces militaires étrangères au Mali et de « réaffirmer l’attachement  des Maliens à leur souveraineté nationale ».

In Mali, a demonstration to support the military authorities and assert Malian sovereignty

At the call of the Yerewolo movement, several hundred Bamakois gathered in Bamako's Independence Square on 29 October. They demonstrated their support for the transitional authorities and also denounced what they described as the interference of the international community in Mali's internal affairs, particularly targeting France and ECOWAS. The demonstration was also intended to demand the departure of foreign military forces from Mali and to "reaffirm the attachment of Malians to their national sovereignty".

 
 

Polémique après le retour de l’ex-otage Sophie Pétronin au Mali

Libérée après 4 ans de captivité dans le nord du Mali le 8 octobre 2020 avec l’homme politique Soumaïla Cissé et deux otages italiens en échange contre 200 djihadistes, Sophie Pétronin s’est réinstallée à Bamako en mars. Après avoir vu sa demande de visa pour le Mali refusée, elle a gagné le Sénégal, puis le Mali par la route. Dès sa libération, elle avait prévenu ses proches de son désir de retourner auprès de sa « famille gaoïse ». Si certains louent sa liberté, sa détermination, et son attachement à son pays d’adoption, d’autres critiquent son « irresponsabilité ». Interrogée par l’AFD, Sophie Pétronin ne comprend pas l’ampleur de la polémique et des critiques. Elle a affirmé à l’AFP « Je suis chez moi ici ».

Controversy after the return of former hostage Sophie Pétronin to Mali

Freed after 4 years of captivity in northern Mali on 8 October 2020 with politician Soumaïla Cissé and two Italian hostages in exchange for 200 jihadists, the former hostage resettled in Bamako in March. After having been refused a visa for Mali, she travelled to Senegal, then to Mali by road. As soon as she was released, she told her family that she wanted to return to her "Gaoïse family". While some people praise her freedom, her determination and her attachment to her adopted country, others criticise her "irresponsibility". Interviewed by AFD, Sophie Pétronin does not understand the extent of the controversy and criticism against her. "I am at home here", she told AFP.

 
 

La CEDEAO impose des sanctions individuelles aux membres de la junte malienne au pouvoir

Le 7 novembre, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a imposé des sanctions individuelles aux membres de la junte au pouvoir au Mali, en raison du retard dans l’organisation des élections. Selon Jean-Claude Kassi Brou, le président de la Commission de la Cedeao, « Toutes les autorités de la transition sont concernées par des sanctions qui vont entrer en application immédiatement ». Ces sanctions comprennent l’interdiction de voyager et le gel de leurs avoirs financiers pour les autorités de transition ainsi que les membres de leurs familles. Au cours de ces derniers mois, la CEDEAO a plusieurs fois insisté auprès des autorités de transition pour le respect du calendrier électoral prévu initialement, ce que la junte a fini par refuser. La situation entre la junte et la CEDEAO s’était à nouveau dégradée en mai à l'issue du dernier coup de force du colonel Assimi Goïta, au cours duquel il avait déposé Bah N’Daw et Moctar Ouane.

ECOWAS imposes individual sanctions on members of Mali's ruling junta

On 7 November, the Economic Community of West African States (ECOWAS) imposed individual sanctions on members of Mali's ruling junta, due to the delay in the organisation of elections. According to Jean-Claude Kassi Brou, President of the ECOWAS Commission, "All the transitional authorities are concerned by sanctions that will come into effect immediately". These sanctions include a travel ban and the freezing of their financial assets for the transitional authorities and their family members. In recent months, ECOWAS has repeatedly urged the transitional authorities to respect the original electoral timetable, which the junta eventually refused. The situation between the junta and ECOWAS deteriorated again in May after Colonel Assimi Goïta's latest coup, in which he deposed Bah N'Daw and Moctar Ouane.

 
 

Source académique

 
 

Face aux tensions croissantes avec le Mali, la France doit se cantonner au rôle d’appui

Dans le cadre de la visite d’une délégation du Conseil de sécurité des Nations unies au Mali, l’analyste Serge Michailof a analysé la situation pour l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS). Selon lui, « le pouvoir militaire actuel souhaite rester en place et s’inscrire dans la durée. II tentera de s’accrocher au pouvoir coûte que coûte », et la solution démocratique n’est pour l’instant qu’un mirage. Il explique la croissance des tensions entre la France et le Mali par la présence de l’ancien colonisateur depuis 9 ans, ce qui peut être « vécu de façon humiliante » pour les moyens. Par ailleurs, il observe une défiance de la classe moyenne urbaine, alimentée de messages de propagande anti-français. Selon lui, Barkhane n’a pas eu les résultats escomptés puisque le nord du pays est toujours impénétrable pour les autorités maliennes. Le retrait immédiat de la France ne serait pas profitable aux Maliens, mais selon lui, « la France doit être la moins visible possible et se cantonner au rôle d’appui qui lui est destiné ».

In the face of growing tensions with Mali, France must confine itself to a support role

In the context of the visit of a UN Security Council delegation to Mali, analyst Serge Michailof analysed the situation for the Institute for International and Strategic Relations (IRIS). According to him, "the current military power wants to stay in place and to last. It will try to hold on to power at all costs", and the democratic solution is for the moment only a mirage. He explains the growing tensions between the Franc and Mali by the presence of the former coloniser for 9 years, which can be "experienced in a humiliating way" for the means. Furthermore, he observes a distrust of the urban middle class, fuelled by anti-French propaganda messages. According to him, Barkhane has not had the expected results since the north of the country is still impenetrable for the Malian authorities. France's immediate withdrawal would not benefit the Malians, but according to him, "France should be as little visible as possible and confine itself to the support role it is meant to play.

 
 

Source institutionnelle

 
 

L’ONU veut s’attaquer à l’impunité face aux violences contre les personnes désignées comme « esclaves » au Mali

Selon les experts onusiens, des attaques ont eu lieu fin septembre dans la région de Kayes. Cette zone a été le théâtre de sept attaques enregistrées depuis janvier, au cours desquelles une personne a été tuée, au moins 77 ont été blessées et plus de 3 000 « esclaves » ont été déplacés. Selon Tomoya Obokata, Alioune Tine et Cecilia Jimenez-Damary, les trois experts de l’ONU mobilisés sur la question, « Le fait que ces attaques se produisent si souvent dans cette région montre que l’esclavage fondé sur l’ascendance est encore socialement accepté par certains politiciens influents, chefs traditionnels, responsables de l’application des lois et autorités judiciaires au Mali ». Les experts ont souligné qu’il était grand temps de mettre cette pratique hors la loi, notant que le Mali ne dispose pas d’une loi spécifique contre l’esclavage. Outre les violences, l’esclavage dit « par ascendance » s’accompagne de nombreuses pratiques extrêmement discriminatoires.

UN to tackle impunity for violence against 'slaves' in Mali

According to UN experts, attacks took place in late September in the Kayes region. This area has been the scene of seven attacks since January, during which one person was killed, at least 77 were injured and more than 3,000 "slaves" were displaced. According to Tomoya Obokata, Alioune Tine and Cecilia Jimenez-Damary, the three UN experts mobilised on the issue, "The fact that these attacks occur so often in this region shows that descent-based slavery is still socially accepted by some influential politicians, traditional chiefs, law enforcement officials and judicial authorities in Mali. The experts stressed that it was high time to outlaw the practice, noting that Mali does not have a specific law against slavery. In addition to violence, so-called "descent-based" slavery is accompanied by many highly discriminatory practices.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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