Ecoles au Mali / Sanctions contre le Mali / Eleveurs peuls dans la zone des trois frontières ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
5
VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso -  14  janvier 2022
 
4
 

L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par les annonces gouvernementales du Burkina Faso concernant la crise de la scolarisation des élèves. Selon les autorités burkinabè, 3000 écoles étaient fermées au Burkina Faso en raison de l’insécurité, ce qui représente plus de 13% des écoles du pays, et concerne 500 000 élèves sur le territoire

Dans le reste de l’actualité, le Mali traverse une importante crise politique liée à la confiscation du pouvoir politique par la junte militaire. Face à l’impasse du calendrier de transition, pour l’organisation de nouvelles élections, la société civile se mobilise, et la CEDEAO a pris d’importantes sanctions contre l’Etat sahélien. Par ailleurs, l’armée nationale malienne est à nouveau accusée d’exactions contre les civils, avec trois nouveaux événements pointés du doigt depuis deux semaines. Au Sahel, l’ONU craint que l’insécurité ne mette en danger les avancées politiques de ces dernières années, et souhaite une plus grande participation des femmes dans les instances de prise de décision. Enfin, un long article s’est penché sur l’origine de la frustration des éleveurs peuls de la région des trois frontières à l’égard des gouvernements sahéliens.


The news of the last two weeks has been marked by government announcements in Burkina Faso concerning the crisis in student enrollment. According to the Burkinabe authorities, 3,000 schools were closed in Burkina Faso due to insecurity, which represents more than 13% of the country's schools, and concerns 500,000 students in the country

In other news, Mali is going through a major political crisis linked to the seizure of political power by the military junta. Faced with the impasse in the transitional timetable for the organization of new elections, civil society is mobilizing, and ECOWAS has taken important sanctions against the Sahelian state. In addition, the Malian national army is once again accused of abuses against civilians, with three new events singled out in the last two weeks. In the Sahel, the UN fears that insecurity could jeopardize the political progress made in recent years, and would like to see greater participation by women in decision-making bodies. Finally, a long article looked at the origin of the frustration of Fulani herders in the Tri-border region with Sahelian governments.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Plus de 3000 écoles fermées au Burkina Faso

Le 5 janvier 2022, le gouvernement burkinabè a annoncé que 3000 écoles étaient fermées au Burkina Faso en raison de l’insécurité. Cela représente plus de 13% des écoles du pays. En trois ans, 1 300 écoles supplémentaires ont dû fermer leurs portes en raison de la pression des terroristes. Cette situation concerne plus de 500 000 élèves et près de 15 000 enseignants. Dans le même temps, le gouvernement assure faire des efforts pour permettre la rescolarisation d’élèves déplacés internes. Dernièrement, plus de 200 écoles ont été rouvertes, 25 ayant été déplacées dans des localités jugées plus sûres, permettant à plus de 13 500 élèves déplacés internes de se réinscrire

More than 3000 schools closed in Burkina Faso

On January 5, 2022, the Burkina Faso government announced that 3,000 schools were closed in Burkina Faso due to insecurity. This represents more than 13% of the country's schools. In three years, an additional 1,300 schools have been closed due to terrorist pressure. This affects more than 500,000 students and nearly 15,000 teachers. At the same time, the government is making efforts to allow the re-enrolment of internally displaced students. Recently, more than 200 schools have been reopened, 25 of which have been moved to locations deemed safer, allowing more than 13,500 internally displaced students to re-enroll.

 
 
 
 
 

Sources médiatiques

 
 

Les origines de la frustration des éleveurs peuls dans la région des trois frontières

La zone des « trois frontières », située aux confins du Mali, du Niger et du Burkina, a été érigée en priorité par la force Barkhane depuis 2020. Selon le média Mondafrique, les soldats français et leurs alliés sahéliens y traquent les combattants de l’État islamique et d’Al Qaeda, parmi lesquels se trouvent des Peuls qui se sont engagés dans la lutte armée pour défendre leurs troupeaux et leurs familles, et qui n’avaient au départ rien à voir avec l’idéologie salafiste. Selon l’analyse du média, les Peuls “ont été les principaux oubliés des politiques de développement menées par les autorités nigériennes, maliennes et burkinabés depuis les indépendances”. Les éleveurs ont ainsi petit à petit vu les espaces dédiés au pastoralisme rongés par l’avancée du front agricole. Au fil du temps, les cultivateurs ont gagné du terrain avec la complicité des autorités, en dépit de règles qui étaient censées protéger l’activité pastorale.

The origins of Fulani herders' frustration in the Tri-border region

The "three borders" zone, located on the borders of Mali, Niger and Burkina, has been a priority for the Barkhane force since 2020. According to the media outlet Mondafrique, French soldiers and their Sahelian allies are tracking Islamic State and Al Qaeda fighters there, among whom are Fulani who joined the armed struggle to defend their herds and families, and who initially had nothing to do with Salafist ideology. According to the media's analysis, the Fulani "have been the main forgotten people in the development policies carried out by the Nigerian, Malian and Burkinabe authorities since independence. The herders have thus gradually seen the spaces dedicated to pastoralism eaten away by the advance of the agricultural front. Over time, farmers have gained ground with the complicity of the authorities, despite rules that were supposed to protect pastoral activity.

 
 

L’armée malienne accusée de nouvelles exactions contre les civils

L’armée nationale malienne est accusée de nouvelles exactions contre des civils. Selon des sources locales et internationales, les soldats maliens seraient responsables de la mort de plus d’une quinzaine de civils, dans plusieurs zones du centre du pays, depuis la fin du mois de décembre. Le premier événement remonte au 31 décembre, dans le cadre d’une opération de l’armée malienne dans les communes de Nara et Banamba (près de la frontière mauritanienne) qui aurait conduit à l’exécution sommaire de 18 à 23 civils. Le 3 janvier, à Guiré, dans la même zone, de nombreuses sources locales font état d’arrestations arbitraires et d’au moins deux civils tués. Enfin, le 4 janvier, à Nia Wouro, près de Bandiagara, plusieurs chercheurs internationaux dénoncent une action des Fama au cours de laquelle des forains auraient été ligotés et battus. L’armée malienne réfute ces accusations et évoque des opérations antiterroristes.

Malian army accused of new abuses against civilians

Mali's national army was accused of new abuses against civilians. According to local and international sources, Malian soldiers have been responsible for the deaths of more than 15 civilians in several areas of central Mali since late December. The first event occurred on December 31 during a Malian army operation in the communes of Nara and Banamba (near the Mauritanian border) that reportedly led to the summary execution of 18 to 23 civilians. On January 3, in Guiré, in the same area, numerous local sources reported arbitrary arrests and the killing of at least two civilians. Finally, on January 4, in Nia Wouro, near Bandiagara, several international researchers denounced an action by the Fama during which fairground vendors were allegedly tied up and beaten. The Malian army denied these accusations and referred to anti-terrorist operations.

 
 

Face à l’absence de compromis sur le calendrier de transition, la CEDEAO prend de lourdes sanctions contre le Mali

Réunie en sommet extraordinaire au Ghana, le 9 janvier, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) a prononcé d’importantes sanctions économiques et financières sans précédent contre le Mali. La CEDEAO a ainsi décidé de geler les avoirs maliens au sein de la Banque centrale des États d'Afrique de l'Ouest (BCEAO), de couper les aides financières, de fermer les frontières entre le Mali et les États membres de l'organisation, mais aussi de suspendre les transactions avec Bamako. Par ailleurs, la CEDEAO a annoncé le gel des actifs et des avoirs de la République du Mali dans toutes les banques centrales des pays membres de la communauté, du gel des avoirs du gouvernement et des entreprises d'États maliens dans toutes les banques commerciales de la CEDEAO. Enfin, la CEDEAO a décidé le retrait de tous les ambassadeurs du pays. Après ces annonces, Assimi Goïta, chef de la junte militaire, a déclaré rester ouvert au dialogue avec la CEDEAO tout en appelant ses compatriotes au calme et à la “résilience”.

ECOWAS imposes heavy sanctions on Mali for lack of compromise on transition timetable

At an extraordinary summit in Ghana on January 9, the Economic Community of West African States (ECOWAS) imposed unprecedented economic and financial sanctions on Mali. ECOWAS decided to freeze Malian assets in the Central Bank of West African States (BCEAO), cut off financial aid, close the borders between Mali and ECOWAS member states, and suspend transactions with Bamako. In addition, ECOWAS announced the freezing of assets and property of the Republic of Mali in all central banks of member countries of the community, the freezing of assets of the Malian government and state-owned enterprises in all commercial banks of ECOWAS, and the withdrawal of all ambassadors from the country. After these announcements, Assimi Goïta, head of the military junta, said he remained open to dialogue with ECOWAS while calling on his compatriots to remain calm and "resilient”.

 
 

Au Burkina Faso, l'opposition revient dans le processus de réconciliation nationale

L’opposition burkinabè a annoncé son retour au sein du Conseil national d’orientation et de suivi de la réconciliation nationale et au Comité de suivi et de la mise en œuvre des recommandations du dialogue politique. L’opposition prévoit une rencontre avec plusieurs institutions comme les ministères des Armées et de la Sécurité. L’opposition avait quitté le processus de réconciliation nationale en novembre face à la recrudescence des attaques terroristes en lançant un ultimatum d’un mois  au gouvernement pour apporter des solutions. Même si la situation sécuritaire ne s’est pas améliorée sur le terrain, l’opposition met fin à cette suspension pour donner une chance au processus de réconciliation nationale, notamment grâce à la médiation de personnalités religieuses et coutumières.

In Burkina Faso, the opposition returns to the national reconciliation process

The Burkinabe opposition has announced its return to the National Council for Orientation and Monitoring of National Reconciliation and the Committee for Monitoring and Implementing the Recommendations of the Political Dialogue. The opposition plans to meet with several institutions such as the Ministries of the Army and Security. The opposition walked out of the national reconciliation process in November in the face of a resurgence of terrorist attacks, giving the government a one-month ultimatum to find solutions. Although the security situation on the ground has not improved, the opposition is ending the suspension to give the national reconciliation process a chance, particularly through the mediation of religious and customary leaders.

 
 

La société civile malienne dénonce la durée de la transition politique

Le 5 janvier, plusieurs acteurs politiques et associations se sont réunis à Bamako au siège du Parena pour dénoncer le calendrier prévisionnel proposé par les autorités militaires, qui prévoit un prolongement de cinq ans de la transition. Toutes les organisations présentes lors de cette rencontre ont rappelé que le retour à un ordre constitutionnel le plus rapidement possible n’est pas négociable. Les organisations de la société civile craignaient à juste titre des risques de sanctions proférées par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO).

Malian civil society denounces the length of the political transition

On January 5, several political actors and associations met in Bamako at the headquarters of Parena to denounce the provisional timetable proposed by the military authorities, which foresees an extension of the transition by five years. All the organizations present at the meeting recalled that the return to constitutional order as soon as possible is non-negotiable. Civil society organizations rightly feared the risk of sanctions by the Economic Community of West African States (ECOWAS).

 
 

Le journaliste Olivier Dubois est captif depuis neufs mois au Mali

Olivier Dubois, journaliste français a été enlevé à Gao, dans le nord du Mali, le 8 avril dernier alors qu’il était en reportage. Au mois de mai, il était ensuite apparu dans une vidéo dans laquelle il expliquait être aux mains du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans dirigé par Iyad Ag Ghaly. Malgré des preuves de vie régulièrement envoyées à sa famille, aucun élément n’a filtré sur une possible libération. Ni ses ravisseurs, ni les autorités maliennes et françaises, ne font état d’éléments favorables à la libération du journaliste, malgré la mobilisation de sa famille. Le gouvernement assure que l’État français déploie "tous les efforts" pour la libération d’Olivier Dubois.

Journalist Olivier Dubois has been held captive for nine months in Mali

Olivier Dubois, a French journalist, was abducted in Gao, northern Mali, on April 8 while on assignment. In May, he then appeared in a video in which he explained that he was in the hands of the Group of Support for Islam and Muslims led by Iyad Ag Ghaly. Despite proof of life being sent regularly to his family, no news of a possible release has emerged. Neither his kidnappers, nor the Malian and French authorities, have reported any evidence in favor of his release, despite the mobilization of his family. The government assures that the French state is making "all the efforts" for the release of Olivier Dubois.

 
 

Source institutionnelle

 
 

En Afrique de l’Ouest, l’insécurité compromet les avancées

Mahamat Saleh Annadif, le Représentant spécial du Secrétaire général pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel, a déclaré que l’insécurité persistante dans la sous-région mettait en péril les avancées politiques régionales. Malgré les efforts nationaux, régionaux et internationaux, la situation sécuritaire dans la région demeure complexe et difficile. Les groupes extrémistes violents continuent d'étendre leur champ d'opérations au Sahel, notamment dans la zone des trois frontières du Liptako-Gourma entre le Burkina Faso, le Mali et le Niger, ciblant à la fois les civils et les forces de sécurité. Par ailleurs, le représentant de l’ONU a appelé à un plus grand engagement dans la mise en œuvre de l'Agenda femmes, paix et sécurité, et de l'Agenda des jeunes pour la paix et la sécurité. Il a rappelé que les femmes sont largement sous-représentées dans les organes de décision.

Insecurity in West Africa undermines progress

Mahamat Saleh Annadif, the Special Representative of the Secretary-General for West Africa and the Sahel, said persistent insecurity in the subregion is jeopardizing regional political progress. Despite national, regional and international efforts, the security situation in the region remains complex and difficult. Violent extremist groups continue to expand their operations in the Sahel, particularly in the tri-border area of Liptako-Gourma between Burkina Faso, Mali, and Niger, targeting both civilians and security forces. In addition, the UN representative called for greater commitment to the implementation of the Women, Peace and Security Agenda and the Youth Agenda for Peace and Security. He recalled that women are largely underrepresented in decision-making bodies.

 
banderole-veille-2
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
soutien veille RCA