Migrations au Mali / Fête de l'Indépendance au Burkina Faso / Situation sécuritaire à Tombouctou ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso -  24 décembre 2021
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par une série de colloques intitulés “Migrances” en marge de la journée internationale des migrants. Celle-ci est organisée tous les ans le 18 décembre au centre Amadou-Hampaté-Ba. Cette année, les thèmes de l’éco-panafricanisme et l’engagement des “mères sociales” étaient à l’honneur. Des chercheurs, écrivains et artistes se sont ainsi retrouvés à Bamako pour aborder ces thématiques.

Dans le reste de l’actualité, selon le chercheur Rahmdane Idrissa, l’hostilité des populations sahéliennes à l’encontre de la France s’explique par un demi-siècle d’interventions militaires en Afrique subsaharienne pour défendre les intérêts stratégiques de la France. Par ailleurs, l’armée française a quitté Tombouctou, laissant un sentiment mitigé parmi les habitants. Au Burkina Faso, la fête de l’indépendance a été commémorée sobrement à Ouagadougou. Enfin, au pays des hommes intègres, le nouveau Premier ministre burkinabè Lassina Zerbo promet d’être davantage à l’écoute du peuple.


The news of the last two weeks has been marked by a series of colloquiums entitled "Migrances" on the occasion of the International Migrants Day. This is organized every year on December 18 at the Amadou-Hampaté-Ba center. This year, the themes of eco-panafricanism and the commitment of "social mothers'' were in the spotlight. Researchers, writers and artists met in Bamako to discuss these themes.

In other news, according to researcher Rahmdane Idrissa, the hostility of the Sahelian populations towards France can be explained by half a century of military interventions in sub-Saharan Africa to defend the strategic interests of France. In addition, the French army left Timbuktu, leaving a mixed feeling among the inhabitants. In Burkina Faso, Independence Day was soberly celebrated in Ouagadougou. Finally, in the country of men of integrity, the new Prime Minister of Burkina Faso, Lassina Zerbo, promises to be more responsive to the people.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Au Mali, une série de colloques organisée en marge de la journée internationale des migrants

Pour marquer la journée internationale des migrants, qui a lieu tous les ans le 18 décembre, le centre Amadou-Hampaté-Ba et le Forum pour un autre Mali ont organisé une série de colloques intitulés « Migrances ». La question de la migration a été évoquée du point de vue de l’émigration, c’est à dire de ceux qui partent. Cette année, c’est autour du thème de l’éco-panafricanisme et de l’engagement des « mères sociales » que des dizaines de chercheurs, d’écrivains et d’artistes se sont retrouvés à Bamako autour de la question des migrations africaines vers l’Europe. Les intervenants ont appelé la communauté internationale à agir pour ne plus laisser mourir les migrants dans les déserts ou en Méditerranée.

In Mali, a series of symposiums organized on the occasion of International Migrants Day

To mark International Migrants Day, which takes place every year on December 18, the Amadou-Hampaté-Ba Center and the Forum pour un autre Mali organized a series of colloquia entitled "Migrances". The issue of migration was discussed from the point of view of emigration, i.e. those who leave. This year, dozens of researchers, writers and artists gathered in Bamako to discuss the issue of African migration to Europe under the theme of eco-panafricanism and the commitment of "social mothers". The speakers called on the international community to act so as not to let migrants die in the deserts or in the Mediterranean.

 
 
 
 
 

Source académique

 
 

Selon le chercheur Rahmane Idrissa, au Sahel, la France paie la facture d'un demi-siècle d'interventions militaires en Afrique subsaharienne.

Dans une tribune parue dans Le Monde, Rahmane Idrissa, chercheur à l'African Studies Center de l'université de Leyde (Pays-Bas), analyse l’échec de l’opération Barkhane auprès des populations sahéliennes. Selon lui, “il n'y a peut-être pas de sentiment plus mobilisateur au Sahel aujourd'hui que l'hostilité à la France”. Il évoque notamment la responsabilité des nombreuses interventions françaises en Afrique. Il en dénombre une quarantaine en tout, soit une tous les quinze mois. Selon lui, “ces interventions militaires françaises en Afrique étaient inscrites dans la vaste politique de contrôle néocolonial”, à la faveur des intérêts stratégiques de la France. Selon lui, le sentiment antifrançais est aggravé par la crise djihadiste et une intervention militaire française qui s'éternise sans résultats probants.

According to researcher Rahmane Idrissa, in the Sahel, France is paying the bill for half a century of military interventions in sub-Saharan Africa.

In an article published in Le Monde, Rahmane Idrissa, a researcher at the African Studies Center of the University of Leiden (Netherlands), analyzes the failure of Operation Barkhane among the Sahelian populations. According to him, "there is perhaps no more mobilizing feeling in the Sahel today than hostility to France. He mentions in particular the responsibility of the numerous French interventions in Africa. He counts about forty in all, or one every fifteen months. According to him, "these French military interventions in Africa were part of the vast policy of neo-colonial control", in favor of France's strategic interests. According to him, the anti-French sentiment is aggravated by the jihadist crisis and a French military intervention that drags on without convincing results.

 
 

Source médiatique

 
 

Désobéissance civile à Bandiagara au sein d’une localité dogon

Au Mali, un mouvement de désobéissance civile a été initié dans la ville de Bandiagara au sein de la communauté dogon. Les habitants de cette ville, dans le centre du pays, exigeaient davantage de moyens de la part des autorités pour lutter contre les attaques djihadistes qui surviennent régulièrement dans la zone. Une attaque ayant fait plus de 30 morts au début du mois de décembre avait été à l’origine de ce mouvement. La visite d’une délégation ministérielle, composée des ministres de la Défense, de la Réconciliation nationale, et des Affaires humanitaires, a convaincu les habitants de lever ce mouvement, temporairement. Ils ont rassuré la population et assuré que les patrouilles seraient renforcées.

Civil disobedience in Bandiagara in a Dogon community

In Mali, a civil disobedience movement was initiated in the town of Bandiagara within the Dogon community. The inhabitants of this town, in the center of the country, demanded more resources from the authorities to fight against the jihadist attacks that regularly occur in the area. An attack that left more than 30 people dead in early December was at the origin of this movement. The visit of a ministerial delegation, composed of the Ministers of Defense, National Reconciliation, and Humanitarian Affairs, convinced the inhabitants to temporarily lift the movement. They reassured the population that patrols would be reinforced.

 
 

Au Mali, réparer les enfants atteints de malformations faciales pour les réinsérer

Au Mali, il n’est pas rare que les enfants maliens atteints de malformations faciales vivent en paria. Parfois qualifiés “d’enfant-sorcier”, ils sont stigmatisés et parfois rejeté par leurs communautés. Fin novembre 2021, une équipe franco-malienne de médecins bénévoles s'est rendue à Bamako pour opérer une quarantaine d'entre eux. Ces opérations permettent notamment une réinsertion sociale au Mali, où les services de soin sont mal répartis dans le pays. Selon le témoignage de la mère d’un enfant opéré au Mali, « venir à l'hôpital, c'est un luxe. (...) Si tu n'as pas d'argent, l'hôpital ne peut rien pour toi ». Par ailleurs, la situation sécuritaire dans le nord du pays empêche de nombreux chirurgiens de travailler dans le centre et le nord du pays. « Si j'y vais, je suis kidnappé direct ! Un médecin, c'est précieux” selon un des chirurgiens.

In Mali, repairing children with facial deformities to reintegrate them

In Mali, it is frequent for Malian children with facial deformities to live as outcasts. Sometimes referred to as "child witches," they are stigmatized and sometimes rejected by their communities. At the end of November 2021, a Franco-Malian team of volunteer doctors went to Bamako to operate on about 40 of them. These operations allow for social reintegration in Mali, where health care services are poorly distributed in the country. According to the mother of a child operated on in Mali, "coming to the hospital is a luxury. (...) If you don't have money, the hospital can't do anything for you". In addition, the security situation in the north of the country prevents many surgeons from working in the center and north of the country. "If I go there, I am kidnapped straight away! A doctor is precious", according to one of the surgeons.

 
 

Au Burkina Faso, une fête de l’indépendance sobrement commémorée

Compte tenu de la situation sécuritaire marquée par une recrudescence des attaques des groupes armés terroristes, le Burkina Faso a opté pour une commémoration sobre de la fête nationale, à la mémoire de toutes les victimes du terrorisme. C’est la ville de Ziniaré qui devait accueillir la célébration tournante mais elle a été reportée à l’année prochaine, dans l’espoir d’une amélioration de la situation sécuritaire. A Ouagadougou, contrairement aux années antérieures, une simple cérémonie de prise d’armes a ponctué cette célébration. Ce format a été bien accueilli par les populations.

In Burkina Faso, an independence day soberly commemorated

Given the security situation, which is marked by an upsurge in attacks by armed terrorist groups, Burkina Faso has opted for a sober commemoration of the national holiday in memory of all victims of terrorism. The city of Ziniaré was supposed to host the rotating celebration, but it was postponed until next year in the hope that the security situation would improve. In Ouagadougou, unlike in previous years, a simple ceremony of taking up arms punctuated this celebration. This format was well received by the population.

 
 

L’armée française quitte Tombouctou, laissant un sentiment mitigé

Le mardi 14 décembre, les soldats de la force française Barkhane ont quitté officiellement la base de Tombouctou, après Kidal et Tessalit. Cela intervient dans le cadre de la réorganisation en cours du dispositif militaire français au Sahel. Sur place, ce départ et ces neuf années laissent une impression quelque peu amère au sein de la population civile. Après avoir accueilli les soldats de l’opération Serval (ancêtre de Barkhane) par des scènes de liesse populaire, certains habitants ont laissé exprimer leur frustration. Selon des habitants interrogés, depuis l’intervention française, les attaques de banditisme (telles que les attaques à main armée, enlèvements, assassinats) ont remplacé les actes terroristes. Les locaux reprochent notamment la passivité des habitants.  Avec ce départ, Barkhane repose désormais sur un triptyque Gao-Ménaka-Gossi, et a pour objectif de renforcer sa coopération avec les forces armées locales.

French army leaves Timbuktu, leaving mixed feelings

On Tuesday, December 14th, the soldiers of the French Barkhane force officially left the Timbuktu base, after Kidal and Tessalit. This is part of the ongoing reorganization of the French military presence in the Sahel. On the ground, this departure and these nine years leave a somewhat bitter impression on the civilian population. After welcoming the soldiers of Operation Serval (the forerunner of Barkhane) with scenes of popular jubilation, some inhabitants have let their frustration show. According to local people interviewed, since the French intervention, banditry attacks (such as armed robberies, kidnappings, assassinations) have replaced terrorist acts. The locals blame the passivity of the inhabitants in particular. With this departure, Barkhane is now based on a Gao-Ménaka-Gossi triptych, and aims to strengthen its cooperation with the local armed forces.

 
 

Le Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) accuse Barkhane d’avoir tué l’un de ses officiers

Le groupe armé Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA), signataire des accords de paix de 2015, accuse la force française Barkhane d’avoir tué l’un de ses officiers, ainsi qu’un jeune homme qui l’accompagnait. Selon Almou Ag Mohamed, porte-parole du HCUA, la frappe aurait eu lieu samedi 11 décembre à Faghagh, à environ 70 kilomètres de Kidal. Le HCUA et la CMA, coalition qui rassemble les ex-rebelles indépendantistes, font part de leur « consternation » et dénoncent un « assassinat extrajudicaire ». Selon Barkhane, la force aurait tenté de les capturer après avoir stoppé leur pick-up, mais les deux hommes seraient sortis de leur véhicule et auraient tiré sur les soldats français qui les ont neutralisés.

The High Council for the Unity of Azawad (HCUA) accuses Barkhane of killing one of its officers

The armed group High Council for the Unity of Azawad (HCUA), a signatory to the 2015 peace accords, is accusing the French force Barkhane of killing one of its officers, as well as a young man who accompanied him. According to Almou Ag Mohamed, spokesman for the HCUA, the strike took place on Saturday, December 11th, in Faghagh, about 70 kilometers from Kidal. The HCUA and the CMA, a coalition of former pro-independence rebels, expressed their "dismay" and denounced an "extrajudicial killing. According to Barkhane, the force tried to capture them after stopping their pickup, but the two men got out of their vehicle and fired at the French soldiers who neutralized them.

 
 

Source société civile

 
 

Selon Human Rights Watch, des personnes accusées de coup d’Etat auraient été torturées au Mali

L’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse des agents de sécurité du gouvernement malien d’avoir torturé six hommes retenus dans des lieux de détention non autorisés en septembre et en octobre 2021. L’ONG appelle les autorités maliennes à enquêter rapidement et de manière impartiale sur ces allégations de torture et respecter la procédure dans les poursuites engagées contre ces hommes, inculpés le 3 novembre pour avoir fomenté un coup d’État contre le gouvernement de transition malien. HRW évoque notamment des chocs électriques, des simulations de noyade et des tabassages répétés pour leur soutirer des aveux et d’autres informations aux personnes interrogées.

Human Rights Watch says coup accused tortured in Mali

Human Rights Watch (HRW) accused Malian government security officials of torturing six men held incommunicado in unauthorized detention facilities in September and October 2021. The NGO called on Malian authorities to promptly and impartially investigate the allegations of torture and to respect due process in the prosecution of the men, who were charged on November 3rd with plotting a coup against the Malian transitional government. HRW cited electric shocks, simulated drowning, and repeated beatings to extract confessions and other information from those being interrogated.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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