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VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso -  10 juillet 2020
 
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Au Mali, l’actualité a été marquée par un nouveau massacre au centre du pays, dans le Cercle de Bankass, dans la région de Mopti. Au moins 40 civils appartenant à la communauté dogon ont été sauvagement assassinés par des assaillants encore non identifiés à ce jour. Les tensions politiques ne semblent pas s’apaiser également, les négociations entre la Présidence et le Mouvement M5 continuent. L’imam Dicko a rencontré officiellement le président IBK, sans que les deux parties ne parviennent à un accord. Dans le même temps, le mandat de la MINUSMA a été renouvelé. La MINUSMA souhaite, entre autres, faire de la question des conflits communautaires et des violences sur les civils au centre une priorité politique.
L’actualité récente au Sahel a en effet été marquée par de nombreuses violences communautaires et violences exercées sur les civils par les forces de sécurité. Au sommet du G5 Sahel à Nouakchott, le sujet a même été abordé au plus haut niveau. Mercredi, une publication de l’ONG Human Rights Watch a alerté sur l’existence de 180 exécutions extrajudiciaires commises par les forces de sécurité dans le nord du Burkina Faso. Les victimes seraient cette fois majoritairement composées des membres de la communauté peul.

In Mali, the news was marked by a new massacre in the centre of the country, in the Bankass Circle, in the Mopti Region. At least 40 civilians of the Dogon community were savagely murdered by still unidentified assaillants. Political tensions do not seem to be easing either. Negotiations between the Presidency and the M5 Movement continue. Imam Dicko has met officially with President IBK but the two sides have not reached an agreement. In the same time, the mandate of the MINUSMA has been renewed. The MINUSMA wishes to make community conflicts and violences against civilians, particularly in the centre, a political priority.
Indeed, the current situation in the Sahel has been marked by numerous community conflicts and violence against civilians committed by security forces. At the G5 Sahel summit in Nouakchott, the issue was even discussed at the highest level. On Wednesday, a publication by the NGO Human Rights Watch warned of the existence of 180 extrajudicial executions committed by defense and security forces in the north of Burkina Faso. This time, the vast majority of the victims would be members of the Fulani community.


 
 

L'info phare - source médiatique

 
 

Nouveau massacre dans le centre du Mali

Des attaques simultanées entre mercredi 1er juillet et jeudi 2 juillet ont fait au moins une quarantaine de morts parmi les civils et militaires, dans le Cercle de Bankass, au centre du Mali. Mercredi 1er juillet, plusieurs villages ont été incendiés et du bétail a été volé. Plusieurs rescapés se sont ensuite enfuis et les blessés ont été conduits dans la ville de Bankass. Les victimes appartenaient principalement à la communauté dogon. Les auteurs de l’attaque restent à ce jour inconnus et non identifiés. Jeudi 2 juillet, les FAMa sont arrivés en renfort dans les villages concernés. C’est dans le village de Gouari qu’ils ont été victimes d’une embuscade. Les FAMa déplorent sept morts. Ces faits interviennent dans un contexte de recrudescence des violences communautaires et des exactions commises contre les civils dans la région de Mopti. Vendredi 3 juillet, le Représentant spécial de la MINUSMA a appelé à un sursaut national pour mettre un terme aux attaques contre les civils.


New killings in central Mali


Between July 1 and July 2, simultaneous attacks left at least 40 civilians and Malian soldiers dead in the Bankass Circle, in central Mali. During the deadly attacks that started on Wednesday, July 1, houses were set on fire and livestock were stolen. The survivors fled and the wounded were taken to the town of Bankass. The victims belonged mainly to the Dogon community. To this day, the perpetrators of the attacks remain unknown and unidentified. On Thursday, July 2, the FAMa arrived as reinforcements in the villages concerned. It was in Gouari that they were ambushed. The FAMa claimed in a statement that they had lost seven men. These events occurred in a context of both renewed community violence and abuses against civilians in the Region of Mopti. On Friday, 3 July, the Special Representative of MINUSMA called for a national effort to stop attacks against civilians.



 
 
Source institutionnelle 
 
 

Les conflits communautaires et les exactions sur les civils abordés au Sommet de Nouakchott

Les Chefs d’Etat du G5 Sahel et le Président français, Emmanuel Macron, se sont réunis à Nouakchott le 30 juin pour faire le point lors d’un sommet du G5 Sahel, 6 mois après le sommet de Pau. S’il a été fait état de progrès significatifs, le Président mauritanien a néanmoins affirmé que « l’extrémisme violent sous toutes ses formes continue à sévir dans plusieurs zones de l’espace du G5 Sahel et s’étend de manière inquiétante ».  Durant le sommet, les violences communautaires et les exactions contre les civils ont été discutées. Les violences contre les communautés peules ont été explicitement abordées, alors que des exactions ont récemment été commises au Mali et au Burkina Faso. Emmanuel Macron a ainsi affirmé que « les peuls ne sont les ennemis de personnes », tout en appelant à refuser les amalgames et les divisions, et à faire front devant l’ennemi commun : l’extrémisme violent. Les pays du G5 ont également exprimé leur volonté de mener à bien les enquêtes concernant les exactions commises par les forces armées.

Community conflicts and abuses against civilians were discussed at the Nouakchott Summit.

The G5 Sahel Heads of State and French President, Emmanuel Macron, met in Nouakchott on 30 June at a G5 Sahel summit, 6 months after the Pau summit. While significant progress was reported, the Mauritanian President nevertheless stated that "violent extremism still persists in G5 Sahel countries and is spreading in a disturbing manner ".  During the summit, community violences and abuses against civilians were discussed. In a context of recently committed abuses in Mali and Burkina Faso, violences against civilians and Fulani communities were explicitly addressed. Emmanuel Macron declared " the Fulani are the enemies of no one ", while calling for the rejection of amalgamations and divisions. Emmanuel Macron expressed the need to face the common enemy : violent extremism. The G5 countries also expressed their willingness to carry out investigations into abuses committed by the armed forces.



 
 

Renouvellement du mandat de la MINUSMA


Lundi 29 juin, le Conseil de Sécurité a renouvelé le mandat de la MINUSMA en votant la résolution 2531. Le Conseil a cette fois spécifié aux parties maliennes quatre mesures prioritaires. La première concerne l’obtention des résultats substantiels en vue de l’achèvement du désarmement, de la démobilisation et de la réinsertion (DDR) des groupes armés signataires et de l’opérationnalisation des Forces de défense et de sécurité maliennes reconstituées. Le Conseil demande également aux parties d’assurer l’achèvement de la réforme constitutionnelle et réformes institutionnelles prévues par l’Accord, de poursuivre l’opérationnalisation de la Zone de développement des régions du Nord, et de mettre en œuvre des recommandations sur la participation des femmes aux mécanismes dans le cadre de l’Accord. Le Conseil s’est dit inquiet de la recrudescence des violences sur les civils ainsi que des conflits communautaires. La résolution insiste longuement sur les violations des droits de l’homme, notamment les exécutions extrajudiciaires. Le Conseil constate des retards importants des parties dans l’application des dispositifs clefs, en mettant en avant leurs conséquences sur la stabilité à long terme du pays. Enfin, la résolution dresse des recommandations spécifiques sur le centre du Mali en fixant comme objectifs prioritaires la restauration de la présence de l’État et la lutte contre l’impunité des violations des droits humains.

Renewal of the MINUSMA’s mandate


On Monday, June 29, the Security Council renewed the MINUSMA’s mandate while adopting the resolution 2531. The Council specified four priority measures to the Malian parties. The first concerns the achievement of the disarmament, demobilization and reintegration (DDR) of the signatory armed groups and the operationalization of the reconstituted Malian Defence and Security Forces. The Council also requests the parties  to ensure the achievement of the constitutional and institutional reforms from the Agreement, to continue the operationalization of the Northern Regions Development Zone, and to implement recommendations on the participation of women in the peace process. The Council is worried about both the resurgence of violence against civilians and community conflicts. The resolution puts a long emphasis on human rights violations, including extrajudicial executions. The Council notes that the parties are not making progress on key measures, which is affecting Mali's long-term stability. Finally, the resolution makes specific recommendations on central Mali, setting as priority objectives the restoration of the state's presence and the fight against impunity for human rights violations.

 
 

Source société civile

 
 

Burkina Faso : Human Rights Watch (HRW) affirme l’existence d’exécutions extrajudiciaires faisant 180 victimes parmi la communauté peule 



Mercredi 8 juillet, l’ONG Human Rights Watch (HRW) a révélé l’existence d’exécutions extrajudiciaires concernant 180 personnes. Ces exécutions se seraient déroulées à Djibo, entre novembre 2019 et juin 2020, dans le nord du Burkina Faso. Les responsables des exécutions seraient des membres des forces armées burkinabés : « Des fosses communes contenant au moins 180 corps ont été découvertes au cours des derniers mois, et les preuves disponibles suggèrent l'implication des forces de sécurité gouvernementales dans des exécutions extrajudiciaires de masse », a indiqué l’ONG dans un rapport établi sur la base de témoignages d'habitants. Toujours selon les divers témoignages, les victimes appartiendraient en majorité à la communauté peule. Pour l’ONG, « le Gouvernement devrait demander l'aide des Nations Unies ainsi que d'autres partenaires afin de procéder aux exhumations appropriées, de restituer les corps aux familles et de demander des comptes aux responsables. »

Burkina Faso: Human Rights Watch (HRW) reports extrajudicial executions of 180 civilians among the Fulany community.


 

On Wednesday, July 8, the NGO Human Rights Watch (HRW) revealed the existence of extrajudicial executions involving 180 people. These executions reportedly took place in Djibo, between November 2019 and June 2020, in northern Burkina Faso. Those responsible for the executions are believed to be members of the Burkinabe armed forces : "Mass graves containing at least 180 bodies have been discovered in recent months. Available evidence suggest the involvement of government security forces in mass extrajudicial executions " said the NGO in a report based on testimonies from local residents. According to the various testimonies, the vast majority of the victims belong to the Fulany community. According to the NGO, "The government should seek the assistance of the United Nations and other partners to carry out appropriate exhumations, return the bodies to the families and hold those responsible accountable. »


 
 

Source médiatique

 
 
 
 
 

Tuerie au centre du Mali : des associations dogon dénoncent le manque de volonté de l'État malien

Après le massacre de 36 personnes dans les villages de Gouari, Djimdo, Dialakanda, Pangadougou dans le Cercle de Bankass, plusieurs associations dogons du centre du pays se sont rencontrées pour dénoncer la passivité des forces armées lors des tueries communautaires au centre du pays. Elles dénoncent également l’absence de volonté politique ainsi que le manque cruel de moyens des forces armées pour protéger les populations. Lors d’une conférence de presse tenue le 6 juillet, les associations ont exigé le limogeage du Premier Ministre Boubou Cissé ainsi que le déploiement immédiat de l’armée dans toutes les zones de tension au centre.


Killing in central Mali: Dogon associations denounce the Malian state's lack of political will

After the killings of 36 people in the villages of Gouari, Djimdo, Dialakanda and Pangadougou in the Bankass Circle, several Dogon associations from Mopti met to denounce the passivity of the Malian armed forces during the killings. They also denounced both the lack of political will and the lack of means devoted to the armed forces to protect the population. At a press conference on 6 July, the associations demanded the dismissal of Prime Minister Boubou Cissé as well as the immediate deployment of the armed and security forces in all the areas under tension in the central region of Mali.

 
 

Rencontre infructueuse entre l’Imam Dicko et le président Ibrahim Boubacar Keita

Samedi 4 juillet, l’Imam Dicko et IBK se sont rencontrés officiellement dans le cadre des négociations entre la Présidence et le Mouvement dit du 5 juin, dont l’Iman controversé est un des leaders à travers le CMAS (Coordination des mouvements, associations et sympathisants de l’iman Dicko). Les conclusions de cette rencontre à huit clos n’ont pas été publiées : « On a parlé de tout ce qui concerne cette crise et du pays de façon générale. Je pense qu’avec la volonté de tout un chacun et de toutes les parties concernées, nous allons, Inchallah, trouver la solution », a déclaré l’imam Dicko à l’issue de la rencontre, dans une vidéo diffusée par la présidence. Il semble pourtant que des désaccords persistent entre les deux camps. Dimanche 5 juillet, les leaders du mouvement de contestation ont également rencontré le président. IBK n’a pas donné suite aux demandes exprimées dans le mémorandum qui lui était adressé. Ces demandes incluaient la dissolution du Parlement et la formation d’un Gouvernement de transition dont le Premier Ministre serait désigné par le mouvement lui-même. Une nouvelle manifestation est prévue pour ce vendredi 10 juillet.

Unsuccessful meeting between Iman Dicko and President Ibrahim Boubacar Keita

On Saturday 4 July, Imam Dicko and IBK met during official negotiations between the Presidency and the so-called 5 June Movement, of which the controversial Imam is one of the leaders through the CMAS (Coordination of movements, associations and sympathisers of Imam Dicko). The conclusions of this closed-door meeting have not been published: "We talked about everything that concerns this crisis and the country in general. I think that with the will of everyone and all parties concerned, we, Inchallah, will find the solution," Imam Dicko said after the meeting, in a video broadcasted by the Presidency. However, it seems that disagreements between the two sides remain. The leaders of the protest movement also met with the president on Sunday 5 July. IBK did not respond to the demands expressed in the memorandum addressed to him. These demands included the dissolution of parliament and the formation of a transitional government whose Prime Minister would be appointed by the movement itself. A new demonstration is planned for Friday 10 July.

 
 

Peuls et djihadisme au Sahel

Des exactions récentes des forces armées au Mali et au Burkina Faso ont remis sous les projecteurs la « question peule » au Sahel. L’idée souvent exprimée est que les peuls formeraient l’essentiel des troupes djihadistes au Mali, au Burkina Faso, mais aussi dans d’autres pays du Sahel comme le Niger et le nord Nigéria. Peuls et terroristes seraient ainsi devenus des synonymes. Cependant, il n’y a ni chiffres, ni statistiques qui permettent d’étayer ce constat. Il est vrai que certains groupes terroristes comme la Katiba du Macina au Mali ou encore Ansarul Islam au Burkina Faso sont considérés comme en majorité composés de peuls. Les amalgames sont pourtant nombreux, même au plus haut niveau de l’État. L’article revient sur les causes socio-économiques récentes du phénomène, au Mali et au Burkina Faso, qui ont contribué à la fabrique de l’amalgame.

Fulani and Jihadism in the Sahel

Recent abuses by the security and defense forces in Mali and Burkina Faso have brought "the Fulani question" back in the spotlight. The idea often expressed is that jihadist troops are predominantly made of Fulani people in Mali, Burkina Faso but also in other Sahelian countries such as Niger and northern Nigeria. However, there are no figures or statistics to support this statement. It is true that certain terrorist groups such as the Katiba du Macina in Mali or Ansarul Islam in Burkina Faso are considered to be predominantly Fulani. However, amalgams are widespread, even at the highest level of governments. The article goes back over the recent socio-economic causes of the phenomenon, in Mali and Burkina Faso, which have contributed to the birth of the amalgam.

 
soutien veille RCA
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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