Coup d'État au Burkina Faso / Sanctions au Mali / Réfugiés burkinabè en Côte d'Ivoire ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso -  31  janvier 2022
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par le coup d’État militaire au Burkina Faso. Alors que des mutineries ont éclaté dans plusieurs casernes du pays le dimanche 23 janvier, la situation était floue jusqu’au lendemain, quand Paul-Henri Sandaogo Damiba, le leader des putschistes annonce avoir destitué le président Roch Marc Christian Kaboré. Les putschistes ont annoncé la suspension de la Constitution, de l'Assemblée nationale et du gouvernement, la fermeture des frontières et la mise en place d’un couvre-feu. Le lendemain, une centaine de Burkinabè ont manifesté dans la rue pour afficher leur soutien aux militaires.

Dans le reste de l’actualité, les Maliens subissent les conséquences des sanctions prononcées par la CEDEAO contre leur pays. Face à ces sanctions, de nombreuses manifestations de soutien au gouvernement militaire ont eu lieu au Mali, alors que les autorités religieuses appellent au dialogue. Par ailleurs, le dernier président malien, Ibrahim Boubacar Keita, est décédé au mois de janvier. Au Burkina Faso, le militant Daouda Diallo a reçu le Prix Martin Ennals. De plus, 6 000 déplacés civils burkinabè se sont réfugiés au nord de la Côte d’Ivoire en raison de la multiplication des attaques à proximité de la frontière commune.


The news of the past two weeks has been marked by the military coup in Burkina Faso. While mutinies broke out in several of the country's barracks on Sunday, December 23, the situation was unclear until Paul-Henri Sandaogo Damiba, the leader of the coup plotters, announced that he had deposed President Roch Marc Christian Traoré. The putschists announced the suspension of the constitution, the national assembly and the government, the closure of borders and the establishment of a curfew. The next day, a hundred Burkinabè demonstrated in the streets to show their support for the military.

In other news, Malians are suffering the consequences of the sanctions imposed by ECOWAS against their country. In the face of these sanctions, numerous demonstrations in support of the military government have taken place in Mali, while religious leaders are calling for dialogue. In addition, Mali's last president, Ibrahim Boubacar Keita, died in December. In Burkina Faso, activist Daouda Diallo received the Martin Ennals Award. In addition, 6,000 displaced Burkinabè civilians fled to northern Côte d'Ivoire due to increased attacks near the common border.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Les militaires prennent le pouvoir au Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré arrêté par l’armée nationale

Des militaires putschistes ont annoncé avoir mis fin aux pouvoirs du président Roch Marc Christian Kaboré ainsi que la suspension de la Constitution, de l'Assemblée nationale et du gouvernement, la fermeture des frontières et la mise en place d’un couvre-feu de 21h à 5h du matin. Les militaires putschistes ont revendiqué être derrière le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Plusieurs sources militaires ont annoncé, dans la matinée, l'arrestation du président Kaboré. Les jours précédents, des mutineries avaient éclaté dans plusieurs casernes du pays à Ouagadougou, Kaya et Ouahigouya, les mutins demandaient au gouvernement plus de moyens pour lutter contre le terrorisme et des changements au sein de l’état-major. Au début du mois de janvier, les autorités avaient annoncé l'arrestation de plusieurs militaires soupçonnés de « tentative de déstabilisation ».

Roch Marc Christian Kaboré, the president of Burkina Faso, was arrested by the national army

Military coup plotters announced that they had ended the powers of President Roch Marc Christian Kaboré, suspended the constitution, the National Assembly, and the government, closed the borders, and imposed a curfew from 9 p.m. to 5 a.m. The military coup plotters claimed to be behind the Patriotic Movement for Safeguard and Restoration (MPSR). Several military sources announced in the morning the arrest of President Kaboré. In the previous days, mutinies had broken out in several barracks in the country, in Ouagadougou, Kaya and Ouahigouya, with the mutineers demanding more resources from the government to fight terrorism and changes in the general staff. In the beginning of January, autorites have demanded the arrest of several soldiers accused of "destabilisation attempts".

 
 
 
 
 

Sources médiatiques

 
 

Une dizaine de civils tués dans l’attaque du village de Namsiguia au Burkina Faso

Une dizaine de civils ont été tués le 15 janvier à Namsiguia, dans la province du Bam, dans la région du Centre-Nord. Cette localité était assiégée depuis plusieurs semaines par des groupes armés. Au début du mois de janvier, les ressortissants de Namsiguia avaient lancé un appel au secours par rapport à la menace qui pèse sur leurs parents sur place. Selon ces habitants, les groupes armés auraient mis en place une stratégie d’étouffement de leur localité, en occupant tous les points névralgiques, comme les points d’eau, les barrages et les grands axes routiers. En plus des victimes civiles, plusieurs boutiques et magasins ont été pillés et incendiés.

Ten civilians killed in attack on village of Namsiguia in Burkina Faso

A dozen civilians were killed on January 15 in Namsiguia in Bam province, in the North Central region. The town had been under siege for several weeks by armed groups. In early January, the people of Namsiguia appealed for help because of the threat to their relatives there. According to the residents, the armed groups had implemented a strategy to suffocate their community by occupying all key points, such as water points, roadblocks, and major roads. In addition to civilian casualties, several stores and stores were looted and burned.

 
 

Le militant burkinabè Daouda Diallo reçoit le Prix Martin Ennals pour les droits humains

Daouda Diallo, le secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a reçu cette semaine le prix Martin Ennals pour les droits humains. Le docteur Diallo et son équipe effectuent un travail de collecte et de vérification des données concernant les exactions, les assassinats, et les exécutions extrajudiciaires au Burkina Faso. Le CISC a été créé après le massacre de Yirgou en janvier 2019, quand 210 civils avaient été assassinés par une milice. Cette attaque qui avait alors bénéficié d’une impunité judiciaire a accéléré la dégradation de la situation sécuritaire.

Burkina Faso activist Daouda Diallo receives Martin Ennals Award for Human Rights

Daouda Diallo, the secretary general of the Collective Against Impunity and Community Stigmatization (CISC), received the Martin Ennals Award for Human Rights this week. Dr. Diallo and his team have been collecting and verifying data on abuses, killings, and extrajudicial executions in Burkina Faso. CISC was created after the Yirgou massacre in January 2019, when 210 civilians were murdered by a militia. This attack, which had enjoyed judicial impunity at the time, accelerated the deterioration of the security situation.

 
 

6 000 réfugiés burkinabè en Côte d’Ivoire à la suite d’attaques djihadistes

Face aux attaques ciblant désormais les civils au Burkina Faso à proximité de la frontière nord de la Côte d’Ivoire, de nombreux déplacés burkinabè traversent la frontière. 6 000 burkinabè se sont ainsi réfugiés à Tougbo, localité ivoirienne de 20 000 habitants. Tougbo se situe au cœur de la zone ivoirienne où sévissent des djihadistes. Un militaire a été tué dans une attaque, à cet endroit, il y a six mois, mais les djihadistes préfèrent les villages plus petits et les embuscades sur les axes, provoquant l’exode de villages burkinabè entiers. Depuis deux ans et la première attaque de Kafolo, en juin 2020, qui a fait 14 morts dans les rangs des militaires ivoiriens, le nord-est de la Côte d’Ivoire est aux prises avec le terrorisme islamiste. À Tougbo, les autorités locales et communautaires s’organisent avec l’aide des agences onusiennes.

6,000 Burkinabe refugees in Côte d'Ivoire following jihadist attacks

Faced with attacks on civilians in Burkina Faso near the northern border with Côte d'Ivoire, many displaced Burkinabè are crossing the border. Some 6,000 Burkinabè have taken refuge in Tougbo, an Ivorian town of 20,000 inhabitants. Tougbo is located in the heart of the Ivorian zone where jihadists are active. A soldier was killed in an attack here six months ago, but the jihadists prefer smaller villages and ambushes on the roads, causing the exodus of entire Burkinabe villages. For two years and the first attack in Kafolo in June 2020, which killed 14 Ivorian soldiers, northeastern Côte d'Ivoire has been plagued by Islamist terrorism. In Tougbo, local and community authorities are organizing themselves with the help of UN agencies.

 
 

Ibrahim Boubacar Keita, l’ancien président malien est mort

L'ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta est mort dimanche matin 16 janvier à son domicile privé de Bamako, à l'âge de 76 ans. Il avait présidé le Mali de 2013 à 2020. De nombreux messages et gestes de compassion ont été envoyés à la famille. La junte qui l’avait renversé en 2020 a communiqué pour saluer la mémoire du disparu et a déclaré l'organisation d'obsèques nationales.

Ibrahim Boubacar Keita, the former Malian president has died

Former Malian President Ibrahim Boubacar Keita died Sunday morning, January 16, at his private home in Bamako at the age of 76. He had presided over Mali from 2013 to 2020. Many messages and gestures of compassion were sent to the family. The junta that had overthrown him in 2020 communicated to salute the memory of the deceased. and declared the organization of a national funeral.

 
 

Les populations maliennes ébranlées par les sanctions de la CEDEAO

La CEDEAO a imposé au Mali un embargo sur les échanges commerciaux et les transactions financières, afin de sanctionner le projet de la junte de continuer à diriger le pays pendant plusieurs années au lieu d’organiser prochainement des élections. Isolé au sein de la sous-région ouest-africaine, le Mali risque de se retrouver à court de liquidités, alors que le pays enclavé au cœur du Sahel est largement dépendant des ports ivoiriens et sénégalais, deux pays de la CEDEAO avec lesquels il ne peut désormais plus échanger. Pour l’heure, les sanctions adoptées ne concernent pas les produits de première nécessité ou les hydrocarbures, ce qui devrait donc avoir un impact limité sur les consommateurs maliens. Ces sanctions devraient tout de même avoir un effet sur le quotidien de la population : les transferts d’argent via des opérateurs comme Western Union, une importante source d’argent des Maliens, pourraient devenir impossibles en cas de pénurie de liquidités.

Malian civilians shaken by ECOWAS sanctions

ECOWAS has imposed a trade and financial embargo on Mali to punish the junta's plan to continue ruling the country for several years instead of holding elections soon. Isolated within the West African sub-region, Mali risks running out of cash, while the landlocked country in the heart of the Sahel is largely dependent on the ports of Côte d'Ivoire and Senegal, two ECOWAS countries with which it can no longer trade. For the time being, the sanctions adopted do not concern basic necessities or hydrocarbons, which should therefore have a limited impact on Malian consumers. However, the sanctions should have an effect on the daily life of the population: money transfers via operators such as Western Union, an important source of money for Malians, could become impossible in the event of a cash shortage.

 
 

Au Mali, d’importantes manifestations de soutien à la junte militaire

Une importante manifestation s’est tenue le 14 janvier à Bamako, avec l’objectif est de dénoncer les sanctions contre le Mali prises lors du dernier sommet des chefs d'État de la CEDEAO. Dans un communiqué lu à la télévision nationale, le gouvernement avait lancé un appel à la mobilisation pour dire « non » aux sanctions de la CEDEAO. De nombreuses personnalités politiques et figures associatives ont participé, à l’instar du Premier ministre Choguel Maïga. Cette manifestation était perçue comme une mobilisation pour la défense de la souveraineté du peuple malien face à la France et aux dirigeants de l'organisation sous-régionale, qui ont durement sanctionné Bamako.

In Mali, large demonstrations in support of the military junta

A major demonstration was held on January 14 in Bamako, with the aim of denouncing the sanctions against Mali taken at the last summit of ECOWAS heads of state. In a communiqué read on national television, the government called for a mobilization to say "no" to the ECOWAS sanctions. Many political figures and associations participated, including Prime Minister Choguel Maïga. This demonstration was seen as a mobilization in defense of the sovereignty of the Malian people in the face of France and the leaders of the sub-regional organization, who have harshly sanctioned Bamako.

 
 

Source religieuse

 
 

Au Mali, l’Église catholique appelle au dialogue entre la junte militaire et la CEDEAO

À la suite des sanctions infligées par la CEDEAO au Mali, Mgr Jonas Dembélé, le président de la conférence épiscopale malienne a appelé au dialogue. Mettant en avant les difficultés économiques du Mali, l’évêque de Kayes a déclaré que « la CEDEAO est une famille et le Mali est un des fils de cette famille. Certainement que la CEDEAO a des raisons de punir un de ses enfants, mais nous ne pensons pas qu’elle veuille le faire dans le but de vouloir la mort de cet enfant [...] Nous, évêques du Mali, invitons les deux parties à reconsidérer leurs positions pour sauver des vies, pour rechercher le bien commun de toute l’Afrique de l’Ouest ».

In Mali, the Catholic Church calls for dialogue between the military junta and ECOWAS

Following the sanctions imposed by ECOWAS on Mali, Bishop Jonas Dembélé, President of the Malian Episcopal Conference, called for dialogue. Highlighting Mali's economic difficulties, the Bishop of Kayes said that "ECOWAS is a family and Mali is one of the sons of this family. Certainly, ECOWAS has reasons to punish one of its children, but we do not believe that it wants to do so in order to want the death of this child" [...] We, the bishops of Mali, invite the two parties to reconsider their positions in order to save lives, to seek the common good of all of West Africa.

 
 

Source institutionnelle

 
 

L’envoyé de l’ONU au Mali avertit d’un « cycle sans fin d’instabilité »

Selon le Représentant spécial du Secrétaire général pour le pays, El-Ghassim Wane, l’espoir d’une résolution rapide des conflits ne s’est pas concrétisé au Mali, une décennie après le début des affrontements. Selon lui, « l'insécurité s'est étendue, la situation humanitaire s'est détériorée, de plus en plus d'enfants ne sont pas scolarisés et le pays est affecté par un cycle sans fin d'instabilité ». Plus de 1,8 million de personnes devraient avoir besoin d'une aide alimentaire en 2022 contre 1,3 million en 2021. Par ailleurs, en un an seulement, le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du pays est passé de 216 000 en 2020 à plus de 400 000 en 2021. Selon Wane, le soutien de la communauté internationale à la population malienne a toutefois permis de limiter les dégâts. Il appelle les autorités maliennes à chercher une solution consensuelle avec la CEDEAO.

UN envoy to Mali warns of "endless cycle of instability

According to the Special Representative of the Secretary-General for the country, El-Ghassim Wane, hopes for a rapid resolution of the conflicts have not materialized in Mali, a decade after the clashes began. Insecurity has spread, the humanitarian situation has deteriorated, more and more children are out of school and the country is affected by an endless cycle of instability," he said. More than 1.8 million people are expected to need food aid in 2022, up from 1.3 million in 2021. In addition, in just one year, the number of internally displaced persons has increased from 216,000 to more than 400,000 in 2021. According to Wane, the international community's support for the Malian population has helped limit the damage. He called on the Malian authorities to seek a consensual solution with ECOWAS.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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