Excision au Sahel / Élections au Mali / Noël dans les communautés chrétiennes ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso -  7 janvier 2022
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par la publication de la tribune d’Argentina Matavel Piccin, spécialiste de l’ONU sur l’excision en Afrique de l’Ouest et centrale. Malgré un recul sensible depuis les années 1990, les mutilations génitales féminines sont toujours un fléau en Afrique de l’Ouest. Alors que le Burkina Faso enregistre des progrès encourageants en raison d’un programme national de prévention et de sanction exemplaire, le Mali au contraire, reste l’un des rares États sans texte de loi contre les mutilations génitales féminines.

Dans le reste de l’actualité, la question de la tenue des élections présidentielles de 2022 pèse sur le débat public au Mali, alors que  les assises nationales de la refondation n’ont pas permis de trancher sur la date du report. La société civile et la Cédéao s’inquiètent de la confiscation du pouvoir politique par les autorités militaires de transition. L’arrivée confirmée de mercenaires russes divise également la société civile malienne. Au Burkina Faso, une nouvelle attaque a provoqué la mort d’au moins 41 personnes dans le nord du pays. L’ONU a signalé l’importance de soutenir les populations les plus fragiles au Sahel, alors que l’année 2022 s’annonce menaçante au niveau de la sécurité alimentaire.


The news of the last two weeks has been marked by the publication of an article by Argentina Matavel Piccin, a UN specialist on female genital mutilation in West and Central Africa. Despite a significant decline since the 1990s, female genital mutilation is still a scourge in West Africa. While Burkina Faso is making encouraging progress due to an exemplary national prevention and punishment program, Mali, on the other hand, remains one of the few states without a law against female genital mutilation.

In other news, the question of whether or not to hold presidential elections in 2022 is weighing on the public debate in Mali, while the national conference on reform has not been able to decide on the date of the postponement. Civil society and ECOWAS are concerned about the seizure of political power by the transitional military authorities. The confirmed arrival of Russian mercenaries is also dividing Malian civil society. In Burkina Faso, a new attack left at least 41 people dead in the north of the country. The UN has signaled the importance of supporting the most fragile populations in the Sahel as the year 2022 looms large in terms of food security.

 
 

L'info phare - Source institutionnelle

 
 

Le Burkina Faso lutte efficacement contre l’excision des jeunes filles, le Mali doit se saisir du problème

Selon Argentina Matavel Piccin, la Directrice du bureau régional du Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, le Burkina Faso et le Mali abordent le problème de l’excision de manière très différente. Malgré un recul sensible depuis les années 1990, les mutilations génitales féminines sont toujours un fléau en Afrique de l’Ouest. Dans cette région, on enregistre toujours les plus forts taux d’excision au monde. Au Burkina Faso, les mutilations génitales féminines (MGF) concernent 68 % des femmes, mais reculent de génération en génération. Ce progrès s’explique par un programme national de prévention et de sanction exemplaire dans la sous-région, porté par une volonté politique forte, puisque plusieurs personnes ont été condamnées. Les autorités se sont engagées à éliminer les MGF à l’horizon 2030. Des dizaines de milliers de personnes ont été sensibilisées à la question pour agir à l'échelle locale contre les MGF et ainsi servir de relais à la campagne. Le Mali au contraire, reste l’un des rares États sans texte de loi contre les MGF. 83 % des femmes y sont excisées, ce qui constitue l’un des plus forts taux de prévalence au monde.

Burkina Faso fights effectively against female genital mutilation, Mali must address the problem

According to Argentina Matavel Piccin, Director of the United Nations Population Fund (UNFPA) Regional Office for West and Central Africa, Burkina Faso and Mali approach the problem of female genital mutilation in very different ways. Despite a significant decline since the 1990s, female genital mutilation is still a scourge in West Africa. In this region, the highest rates of FGM in the world are still recorded. In Burkina Faso, female genital mutilation (FGM) affects 68% of women, but is declining from generation to generation. This progress is due to a national prevention and punishment program that is exemplary in the subregion, supported by strong political will, as several individuals have been convicted. The authorities are committed to eliminating FGM by 2030. Tens of thousands of people have been sensitized to the issue in order to act locally against FGM and thus serve as relays for the campaign. Mali, on the other hand, remains one of the few states without a law against FGM. 83% of women there are cut, which is one of the highest prevalence rates in the world.


 
 
 
 
 

Source médiatique

 
 

Au Mali, les Assises nationales de la refondation divisent la société civile

Après un mois de consultation, les participants des assises nationales n’ont toujours pas tranché sur la durée de transition. Ces assises étaient présentées comme des consultations préalables à des élections et à un retour des civils au pouvoir dans le pays. Le jeudi 30 décembre, les participants ont proposé de prolonger l’actuelle transition de la junte militaire de « six mois à cinq ans ». Les militaires putschistes au pouvoir au Mali s’étaient engagés à remettre le pouvoir aux civils après des élections présidentielles et législatives initialement programmées en février 2022. Cependant, la junte avait finalement fait savoir à la CEDEAO son impossibilité de tenir les délais. Ces assises nationales n’ont pas permis de trancher la date des futures élections. Plusieurs dizaines de partis politiques, y compris des partis de poids, ont toutefois décidé de ne pas se rendre à ces assises. Les groupes armés signataires de l’accord de paix de 2015, réunis au sein du Cadre stratégique permanent (CSP) ont notamment boycotté ces assises, demandant un processus plus inclusif.

In Mali, the National meetings of the refoundation divide the civil society

After a month of consultations, the participants in the national conference have not yet decided on the duration of the transition. These meetings were presented as consultations prior to elections and a return to civilian rule in the country. On Thursday, December 30, the participants proposed extending the current military junta transition from "six months to five years. Mali's military coup leaders had pledged to hand over power to civilians after presidential and legislative elections originally scheduled for February 2022. However, the junta eventually informed ECOWAS that it could not meet the deadline. These national meetings failed to decide on the date of the future elections. Several dozen political parties, including major parties, decided not to attend. In particular, the armed groups that signed the 2015 peace agreement, united in the Permanent Strategic Framework (PSF), boycotted the meetings, calling for a more inclusive process.

 
 

Une nouvelle attaque meurtrière fait 41 morts dans le nord du Burkina Faso

Dans la province de Loroum, dans le nord du Burkina Faso, au moins 41 personnes ont été tuées dans une attaque attribuée aux groupes armés djihadistes du pays le 23 décembre. Des commerçants escortés par des supplétifs civils de l’armée sont tombés dans une embuscade alors qu’ils tentaient de ravitailler la commune de Titao, dont les accès étaient sous le contrôle des groupes armés. Le président Roch Marc Christian Kaboré a décrété un deuil de 48 heures. À Ouagadougou, les habitants interrogés par Radio France internationale font état de leur inquiétude face à l’activité des groupes armés terroristes. Boukari Konombo, le président du mouvement « le brassard noir » craint que le Burkina Faso ne plonge dans un conflit inter communautaire.

New deadly attack leaves 41 dead in northern Burkina Faso

Deadly New Attack Kills 41 in Northern Burkina In the northern province of Loroum, at least 41 people were killed in an attack attributed to the country's armed jihadist groups on December 23. Traders escorted by civilian army auxiliaries were ambushed as they attempted to bring supplies to the commune of Titao, where access was under the control of armed groups. President Roch Marc Christian Kaboré declared a 48-hour mourning period. In Ouagadougou, residents interviewed by Radio France Internationale said they were concerned about the activity of armed terrorist groups. Boukari Konombo, the president of the "black armband" movement, fears that Burkina Faso could plunge into an inter-community conflict.

 
 

À l’occasion de Noël, les jeunes chrétiens maliens prient pour le retour à la paix

Un reportage radiographique de la radio intercommunautaire malienne Studio Tamani a porté sur les célébrations de Noël au sein des communautés chrétiennes du pays. Plusieurs activités ont été organisées par les jeunes catholiques et protestants. Parmi elles, des séances de prières et des soirées dansantes. Dans plusieurs églises, dont notamment celles de Ségou, de grandes prières et célébrations avaient pour objectif de rendre gloire à Jésus, « prophète de la paix ». Par ailleurs, le reportage s’est intéressé à une famille musulmane célébrant Noël avec des proches chrétiens. De nombreuses familles maliennes mixtes célèbrent Noël dans le pays.

On the occasion of Christmas, young Malian Christians pray for the return of peace

A radio report by Mali's inter-community radio station Studio Tamani focused on Christmas celebrations in the country's Christian communities. Several activities were organized by young Catholics and Protestants. Among them, prayer sessions and dances. In several churches, including those in Segou, great prayers and celebrations were held to give glory to Jesus, "prophet of peace". In addition, the report focused on a Muslim family celebrating Christmas with Christian relatives. Many mixed Malian families celebrate Christmas in the country.

 
 

Libération d’un humanitaire nigérien enlevé à Gao grâce à des réseaux communautaires

Le médecin nigérien de 39 ans, salarié de l’ONG humanitaire Première urgence, kidnappé à la fin du mois de décembre à Ansongo, dans la région de Gao, dans le nord du Mali, a été libéré le lundi 3 janvier 2022. Ce médecin de 39 ans a été évacué vers Bamako. L’ONG Première urgence est constamment restée en contact avec les ravisseurs grâce à son implantation locale. Selon Erwan Legrand, directeur général adjoint de Première urgence, les responsables seraient issus d’un groupe criminel très local, probablement pas djihadiste. Le médecin nigérien a pu être libéré grâce aux discussions via les réseaux communautaires locaux.

Nigerien humanitarian kidnapped in Gao freed through community networks

The 39-year-old Nigerian doctor working for the humanitarian NGO Première Urgence, who was kidnapped at the end of December in Ansongo, in the Gao region of northern Mali, was released on Monday, January 3, 2022. The 39-year-old doctor was evacuated to Bamako. The NGO Première Urgence was in constant contact with the kidnappers thanks to its local presence. According to Erwan Legrand, deputy director general of Première Urgence, those responsible are from a very local criminal group, probably not jihadist. The Nigerian doctor was able to be freed thanks to discussions via local community networks.

 
 

Onze militaires blessés et 29 « terroristes » neutralisés dans une attaque au Burkina Faso

Onze militaires ont été blessés et 29 « terroristes neutralisés » le 1er janvier, lors d'une attaque contre des unités des forces de défense et de sécurité dans le nord-ouest du Burkina Faso, selon l’armée burkinabè. Des positions d’unités militaires et de gendarmerie dans la localité de Gomboro dans la région de la boucle du Mouhoun, ont été la cible d’une attaque menée par des individus armés ce jour. Ces attaques, souvent couplées à des embuscades et attribuées à des mouvements djihadistes affiliés au groupe État islamique et à Al-Qaïda, ont fait plus de 2 000 morts et contraint plus de 1,4 million de personnes à fuir leurs foyers.

Eleven soldiers injured and 29 "terrorists" neutralized in Burkina Faso attack

Eleven soldiers were wounded and 29 "terrorists neutralized" on January 1 in an attack on defense and security force units in northwestern Burkina Faso, according to the Burkina Faso military. Positions of military and gendarmerie units in the locality of Gomboro in the Boucle du Mouhoun region were the target of an attack by armed individuals that day. These attacks, often coupled with ambushes and attributed to jihadist movements affiliated with the Islamic State group and al-Qaeda, have killed more than 2,000 people and forced more than 1.4 million to flee their homes

 
 

Le recours aux mercenaires de la société russe Wagner se confirme au Mali et divise le pays

Le rapprochement entre la société russe de sécurité Wagner et les autorités de Bamako a été confirmé par plusieurs sources à RFI. Selon le chercheur Jean-Hervé Jézéquel, « il y a une volonté de guerre bien réelle d’une partie des nouvelles élites dirigeantes maliennes, de changer les alliances ou du moins procéder à de nouveaux choix, de solliciter la venue d’autres acteurs militaires.» Cette recomposition des partenariats pourrait rebattre les cartes de l'engagement de nombreux pays. Dans un communiqué commun, quinze pays occidentaux, dont le Canada, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne, condamnent le déploiement de mercenaires de la société russe Wagner au Mali. Du côté malien, certains rappellent que le Mali est un pays souverain libre de choisir ses alliés, mais d’autres avancent que les Russes ne sont pas mieux que les partenaires traditionnels, et craignent leur coût exorbitant. Wagner réclamerait à la junte malienne cent millions d'euros par an pour intervenir, mais aussi un paiement en nature avec la gestion de certains sites aurifères du pays.

The use of mercenaries from the Russian company Wagner is confirmed in Mali and divides the country

The rapprochement between the Russian security company Wagner and the authorities in Bamako has been confirmed by several sources to RFI. According to researcher Jean-Hervé Jézéquel, "there is a very real desire for war on the part of part of the new Malian ruling elites, to change alliances or at least make new choices, to solicit the arrival of other military actors." This recomposition of partnerships could reshuffle the cards for the involvement of many countries. In a joint communiqué, fifteen Western countries, including Canada, France, the United Kingdom and Germany, condemned the deployment of mercenaries from the Russian company Wagner in Mali. On the Malian side, some recall that Mali is a sovereign country free to choose its allies, but others argue that the Russians are no better than the traditional partners, and fear their exorbitant cost. Wagner is said to be asking the Malian junta for one hundred million euros per year to intervene, but also for payment in kind with the management of certain gold sites in the country.

 
 

Source institutionnelle

 
 

L’ONU alerte sur la vulnérabilité des populations les plus fragiles au Sahel

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 30 millions de Sahéliens auront besoin d’aide et de protection en 2022. Cela représente plus d’un million de plus qu’en 2021. L’OCHA a souligné que « les conflits, la violence, les déplacements et les crises socio-économiques entraînent une hausse  rapide des besoins » dans cette région. Par rapport à 2021, une hausse de plus de 40 % du nombre de personnes confrontées à une insécurité alimentaire grave est attendue au cours de la prochaine période de soudure en 2022. Dans l’ensemble du Sahel, plus de 29 millions de personnes devraient être confrontées à une insécurité alimentaire grave, dont plus de 8 millions dans le Sahel central. Dans le Sahel central (Burkina Faso, Mali et ouest du Niger), l’insécurité s’est rapidement détériorée et les déplacements ont augmenté de 30 % entre 2020 et 2021, atteignant 2 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays. La situation est particulièrement préoccupante au Burkina Faso qui enregistre la croissance la plus rapide du nombre de déplacés.

UN alerts on the vulnerability of the most fragile populations in the Sahel

According to the UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs (OCHA), more than 30 million Sahelians will need assistance and protection in 2022. This is more than one million more than in 2021. OCHA noted that "conflict, violence, displacement and socio-economic crises are leading to a rapid increase in needs" in the region. Compared to 2021, an increase of more than 40 percent in the number of people facing severe food insecurity is expected during the next lean season in 2022. Across the Sahel, more than 29 million people are expected to be severely food insecure, including more than 8 million in the central Sahel. In the central Sahel (Burkina Faso, Mali, and western Niger), insecurity has deteriorated rapidly and displacement has increased by 30% between 2020 and 2021, reaching 2 million internally displaced persons. The situation is particularly worrying in Burkina Faso, which has the fastest growing number of displaced people.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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