5
VEILLE PHAROS / SAHEL : Mali - Burkina Faso
 14 mai 2020
 
4
 

Au Mali, la situation post-électorale est complexe. Après l’annonce faite par la Cour Constitutionnellele 30 avril dernier, d’inverser une trentaine de résultats, dont une dizaine au profit de candidats du Rassemblement pour le Mali (RPM), des manifestations de mécontentements ont été observées dans certaines villes du pays. Récemment, à Kayes, une bavure policière a été l’origine d’une émeute alors que la ville était en proie à une grogne sociale latente. Dans le même temps, la nouvelle Assemblée a élu son président en la personne de Moussa Timbiné. La Minusma note d’ailleurs une avancée dans la représentation des sexes.  Alors que le pays est impacté par l’épidémie de Coronavirus, la situation sécuritaire est toujours aussi sous tension. Un récent rapport de la Minusma dénonce les exécutions extrajudiciaires commises par les forces de sécurité maliennes présentes dans les zones de conflits, notamment au Centre. La mission onusienne note d’ailleurs que ces atteintes aux droits de l’homme sont susceptibles d’alimenter les conflits intercommunautaires. Au Burkina Faso, le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), parti de l’ancien président Blaise Compaoré, a élu Eddie Komboïgo comme candidat pour les élections présidentielles de Novembre 2020. La situation sécuritaire dans les régions Nord, la région des trois frontières et du Sahel se dégrade. Une récente attaque menée par des radicaux a fait 8 morts parmi les militaires, dans la région du Sahel, près de la frontière avec le Niger. Au sujet de la crise sanitaire, le ministère en charges des cultes a autorisé le 2 mai, la réouverture des lieux de cultes fermés depuis le 20 mars pour endiguer la propagation du virus. De nombreux lieux de cultes ouvrent désormais leurs portes dans la capitale.

The post-election situation in Mali is complex. After the Constitutional Court announced, on April 30th, that it would reverse about 30 results, including a dozen in favour of RPM’s candidates, there were demonstrations of discontent in some cities. In Kayes, a police blunder led to a riot in a city that was already subject to a latent social discontent. At the same time, the new Assembly elected Moussa Timbiné as its President. The Minusma also welcomes an improvement in gender representation in this new Assembly. While the country is impacted by the Coronavirus epidemic, the security situation is still under strain. A recent report by the Minusma denounces the extrajudicial executions committed by Malian security forces operating in conflict zones, particularly in the Centre Region. It also underlines that human rights abuses are likely to fuel intercommunity conflicts. In Burkina Faso, the Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP), the party of the former President Blaise Compaoré, elected Eddie Komboïgo as its candidate for the November 2020's presidential elections. The security situation in the northern regions, the three borders' areas and the Sahel, is deteriorating. A recent attack by radicals killed 8 soldiers in the Sahel region near the border with Niger. Regarding the health crisis, the ministry in charge of religious services authorized on May 2 the reopening of places of worship closed since March 20. This decision had been previously taken to stem the spread of the virus. Many places of worship are now opening in the capital.

 
 

L'info phare - source médiatique

 
 

Burkina : Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) désigne son candidat pour les élections présidentielles de 2020 

Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) a désigné Eddie Komboïgo, ce dimanche 10 mai, en tant que candidat à la présidentielle de novembre 2020. Le choix du parti de l’ex-président Blaise Compaoré, renversé par la rue en 2014, doit être validé par Compaoré lui-même, qui est toujours président d’honneur du CDP et qui réside actuellement en Côte d’Ivoire. Le CDP avait été privé de candidat en 2015 en vertu d’une loi excluant les proches de Compaoré qui avaient soutenu son projet de modification de la Constitution pour se maintenir au pouvoir. La désignation d’Eddie Komboïgo met fin aux dissensions qui avaient secoué le CDP en 2019, et qui avaient provoqué le départ de Kadré Désiré Ouédraogo, ancien cadre du parti, également candidat aux élections présidentielles de novembre. Komboïgo fait de la réconciliation nationale et du retour à la sécurité, notamment dans les zones désertées par l'État, une priorité. Il a longtemps affirmé que le développement économique du pays ne pourrait se poursuivre qu'une fois la sécurité retrouvée.

Burkina : The Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) nominates its candidate for the 2020 presidential elections

The Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) has nominated Eddie Komboïgo as its candidate for the November 2020 presidential election. The choice of the former president Blaise Compaoré’s party, who was overthrown by the 2014 street protests, must be validated by Compaoré himself, who is still the honorary president of the CDP and currently resides in Côte d'Ivoire. The CDP had been deprived of a candidate in 2015 as a consequence of a law excluding Compaoré's relatives who had supported his plan to amend the Constitution in order to stay in power. The appointment of Eddie Komboïgo ends the dissension that shooks the CDP in 2019, which led to the departure of Kadré Désiré Ouédraogo, a former party official who will also be running for presidency in November. Komboïgo considers the national reconciliation and the return to security one of his main priorities, particularly in areas deserted by the State. He has long argued that the development of the country will be possible once security is restored.

 
 

Source médiatique

 
 

Mali : la ville de Kayes sous tension après la mort d’un jeune homme tué par un policier

De nombreuses échauffourées ont eu lieu dans la ville de Kayes, dans la nuit du lundi 11 et mardi 12 mai, suite à la mort d’un jeune homme tué par un policier. Selon des informations confirmées par le gouvernement, il y a eu au moins 3 morts parmi les jeunes manifestants. Un commissariat a été incendié et des barrages ont été dressés dans certains quartiers de la ville. La situation est jugée préoccupante par l’exécutif. Une réunion s’est tenue mardi après-midi en présence du Président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a appelé au calme. Le Ministre de la Sécurité et de la Protection Civile, Salif Traoré, s'est rendu  sur place. Mercredi 13 mai, la préfecture a même été incendiée. Ces émeutes interviennent dans un contexte de tension à Kayes, alors que la ville avait été le théâtre d’importantes manifestations suite à l’attribution au parti au pouvoir de 10 sièges supplémentaires de plus que lors de l’annonce des résultats provisoires. Les émeutiers dénoncent à la fois la corruption, la mauvaise gouvernance ainsi que l'inefficacité du gouvernement à endiguer le conflit que traverse le pays.

Mali: the city of Kayes under tension after the death of a young man killed by a policeman


Numerous clashes took place in the city of Kayes on the night of Monday 11th and Tuesday 12th of May, following the death of a young man killed by a policeman. According to an information latter confirmed by the government, there were at least 3 deaths among the young demonstrators. A police station was set on fire and roadblocks were set up in some parts of the city. The situation is considered worrying by the executive and a meeting was held on Tuesday afternoon in the presence of the President of the Republic, Ibrahim Boubacar Keïta, who called for calm. The Minister of Security and Civil Protection, Salif Traoré, has visited the city. On Wednesday, May 13, the prefecture was even set on fire. The riots appear in a context of tension in Kayes, where the town had been the scene of major demonstrations following the allocation to the ruling party of 10 more seats than announced by the provisional results. The rioters are denouncing corruption, bad governance and the government's ineffectiveness in stemming the conflict in the country. 

 
 

Burkina : une attaque djihadiste fait 8 morts parmi les militaires dans la région du Sahel

Lundi 11 mai, dans la région du Sahel, près de la frontière avec le Niger, 8 soldats burkinabés ont été victimes d’une embuscade vraisemblablement tendue par des radicaux à Kankanfogouol. Cette énième attaque rappelle que la région du Sahel, particulièrement dans les zones transfrontalières, est témoin d’une recrudescence de la violence exercée par des groupes radicaux qui opèrent entre le Niger et le Burkina. Le président, Roch March Kaboré, a tenu à rappeler que l’urgence sanitaire ne devait pas faire oublier les impératifs sécuritaires, avant de remercier l’engagement des forces de défense et de sécurité.


Burkina : a jihadist attack kills 8 soldiers in the Sahel region


On Monday, May 11, in the Sahel region, near the border with Niger, 8 Burkinabe soldiers were ambushed, presumably by radicals, in Kankanfogouol. This latest attack is a reminder that the Sahel region, particularly in cross-border areas, is witnessing an upsurge in violence by radical groups operating between Niger and Burkina Faso. The President, Roch March Kaboré, recalled that the health emergency should not make Burkinabes forget the security imperatives, before paying tribute to the commitment of the defence and security forces. 

 
 

Moussa Timbiné a été élu à la présidence de la nouvelle Assemblée Nationale du Mali

La nouvelle Assemblée Nationale du Mali est désormais dotée de son Président. Moussa Timbiné, fidèle du Président Ibrahim Boubacar Keïta, a été élu lundi 11 mai par 134 voix sur les 147 députés de l’Assemblée. Son adversaire Moussa Mara, ancien Premier Ministre, a obtenu 8 voix. Moussa Timbiné a fait l’ensemble de sa carrière politique au Rassemblement pour le Mali (RMP), le parti présidentiel. Il avait cependant été battu lors des résultats provisoires du second tour des législatives à Bamako. Mais la Cour Constitutionnelle a inversé une trentaine de résultats, dont une dizaine au profit de candidats du RPM. C’est à Moussa Timbiné qu’il reviendra d’assumer la présidence en cas de vacance du chef de l’exécutif. Reconnu et respecté, Moussa Timbiné est un dogon de Bandiagara. Avec son élection, certains espèrent une plus grande implication du gouvernement dans le conflit intercommunautaire au Centre.

Moussa Timbiné has been elected President of Mali's new National Assembly.

Mali's new National Assembly has now a President. Moussa Timbiné, loyal to President Ibrahim Boubacar Keïta, was elected on Monday, May 11th by 134 votes out of the 147 deputies in the assembly. His opponent Moussa Mara, a former Prime Minister, received 8 votes. Moussa Timbiné has spent his entire political career in the Rassemblement pour le Mali (RMP), the presidential party. However, he was defeated in the provisional results of the second round of the legislative elections in Bamako. But the Constitutional Court reversed about 30 results, including a dozen in favour of RPM candidates. It is Moussa Timbiné's responsibility to undertake the presidency in the event of a vacancy of the chief executive. Recognized and respected, Moussa Timbiné is a Dogon from Bandiagara. With his election, many hope for greater government involvement in the inter-community conflict in Mali's central regions.

 
 

Source institutionnelle 

 
 

La Minusma affirme que 101 exécutions extrajudiciaires ont été commises par les forces de sécurité maliennes

La Division des droits de l’homme et de la protection (DDHP) de la Minusma a révélé dans une note trimestrielle que les forces de sécurité maliennes ont commis 101 exécutions extrajudiciaires entre le 1erjanvier et le 31 mars 2020. L’armée nigérienne, aussi présente sur le territoire malien, est également accusée d’une trentaine d’exécutions extrajudiciaires. La majorité de ces exactions ont été commises dans le centre du pays, principalement dans la région de Ségou et de Mopti. Les cas observés font l’objet d’un suivi par les autorités maliennes. La Division des droits de l’homme et de la protection de la Minusma (DDHP) observe également une recrudescence des abus des droits de l’homme perpétrés à la fois par les groupes extrémistes et les groupes armés signataires et non signataires sur la même période. Les exactions commises par les forces de sécurité visant des civils appartenant à une communauté risquent de pousser les victimes dans les bras des groupes armés, qu'ils soient djihadistes ou non.

The Minusma reports that 101 extrajudicial executions have been committed by Malian security forces.

The Human Rights Division of the Minusma revealed in a note that Malian security forces committed 101 extrajudicial executions between January 1st and March 31st. The Niger military, which is conducting operations on Malian ground, is also accused of some 30 extrajudicial executions. The majority of these abuses were committed in the centre of the country, mainly in the Ségou and Mopti regions. The cases observed are being followed up by Malian authorities. The Human Rights and Protection Division of the Minusma also observes a resurgence of human rights abuses perpetrated by both extremist groups and signatory and non-signatory armed groups over the same period. Abuses committed by security forces against civilians are likely to push victims into the arms of armed groups, whether they are jihadists or not.


 
 

La nouvelle Assemblée se féminise, se félicite la Minusma, qui a œuvré pour une plus grande implication des femmes dans le processus de paix au Mali

Les résultats définitifs du deuxième tour des élections législatives sont connus depuis leurs publications par la Cour Constitutionnelle le 30 avril dernier. Sur les 147 députés élus, 42 sont désormais des femmes, soit un taux de 28,57% contre 9,52% pour la législature 2013-2020. Le nombre de femmes élu a triplé, ce qui représente une avancée vers une représentation plus égale entre les sexes. La Minusma a longtemps milité pour reconnaître l’importance des femmes dans la participation au processus de paix. Dans le cadre des élections législatives, la Minusma avait mis en place des programmes de soutien aux organisations de la société civile féminine, notamment à travers la création du réseau « La Plateforme des Femmes leaders », mobilisée en faveur de la participation des femmes à la vie politique. La Minusma note également une plus grande participation des femmes au scrutin, grâce à une meilleure mobilisation des électrices. Elle met cependant en avant la persistance d'obstacles liés au genre, comme l'insécurité, qui empêche les femmes de se déplacer pour voter.

 

The new Assembly is becoming more feminine, welcomes Minusma, which has worked for greater involvement of women in the peace process in Mali.

 

The final results of the second round of the legislative elections have been announced since their publication by the Constitutional Court on April 30th. On the 147 elected deputies, 42 are now women, a rate of 28.57% compared to 9.52% for the 2013-2020 legislature. The number of women elected has tripled, which is a step towards more equal representation.The Minusma has long advocated for the recognition of the importance of women's participation in the peace process. In the context of the legislative elections, the Minusma had implemented programmes to support women's civil society organizations, particularly through the implementation of a network called « The Platform of Women Leaders », mobilized in favour of women's participation in political life. The Minusma also notes a greater participation of women in the elections due to a better mobilization of women voters. However, it highlights the persistence of gender-related obstacles, such as insecurity, which prevents women to travel and vote.



 
 

Source confessionnelle

 
 

Réouverture des temples protestants à Ouagadougou

Les temples protestants de Ouagadougou commencent à rouvrir leurs portes aux fidèles bien que l’épidémie du COVID-19 sévisse toujours au Burkina Faso. À la demande de la Fédération des Associations Islamiques du Burkina, regroupant plus de 250 associations musulmanes, le ministère en charges des cultes avait autorisé, le 2 mai, la réouverture des lieux de cultes fermés depuis le 20 mars pour endiguer la propagation du virus. Ce début de semaine a ainsi été marqué par l’ouverture de nombreux temples. Certains restent cependant toujours fermés. Si l’affluence des fidèles est moindre que d’ordinaire, des mesures barrières et de distanciations sociales semblent être appliquées dans les lieux de culte de la capitale.

Reopening of Protestant temples in Ouagadougou

Protestant temples in Ouagadougou are beginning to reopen their doors to the devotees while the COVID-19 pandemic is still raging in Burkina Faso. At the request of the Federation of Islamic Associations of Burkina Faso, which brings together more than 250 Muslim organizations, the ministry in charge of religious affairs authorized, on May 2nd, the reopening of places of worship closed since March 20th. The beginning of the week was thus marked by the opening of many temples. However, some are still closed. Although the number of devotees is lower than usual, barriers and social distancing measures seem to be applied in the temples of the city.

 
 

Pour aller plus loin

 
 

 

Burkina Faso : Les forces de sécurité auraient exécutés 31 détenues

Mali : le Civid-19 en étau entre pouvoir civil et religieux
 
 
 
 
soutien veille RCA
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de sa mission d’étude de la situation du pluralisme au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its assessment study of religious pluralism in Sahel. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
bannière veilles + abonnement