Attaques contre les civils - débat autour de l'existence d'un génocide ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Nigéria - Niger
 18 juin 2020
 
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  Au nord du Nigeria, trois attaques récentes commise par l’ISWAP (État islamique en Afrique de l'Ouest) ont fait près de 150 morts, dont de nombreux civils, ce qui a choqué le pays et la communauté internationale. En outre, différent acteurs (membres de la société civile, religieux et institutionnels) accusent le Gouvernement nigérian de laisser se perpétuer un génocide contre les chrétiens du pays, qui sont souvent des fermiers. Après avoir réfuté ces allégations, le porte-parole du Président a soutenu que l’IPOB (Independent People of Biafra) verse régulièrement de grosses sommes d’argent aux organisations qui défendent l’existence de ce génocide dans le but de diffamer le Nigeria.

Au Niger, alors que les tensions dans les zones frontalières sont toujours élevées, Human Rights Watch demande une enquête pour crime de guerre à la suite de la diffusion d’une vidéo montrant un véhicule de l’armée roulant sur des membres de Boko Haram non armés et déjà blessés.

In Northern Nigeria, three recent attacks by ISWAP (Islamic State in West Africa) killed nearly 150 people, including many civilians, leaving the country and the international community in shock. In addition, various actors (members of civil society, religious and institutional) accuse the Nigerian Government of letting a genocide against the Christians of the country, who are often farmers, be perpetuated. After having refuted these allegations, the president's spokesperson argued that the Independent People of Biafra (IPOB) regularly pays large sums of money to organisations that defend the existence of this genocide in the country in order to defame Nigeria.

In Niger, while tensions in border areas are still high, Human Rights Watch requests an investigation for war crime after the release of a video showing a military vehicle running over Boko Haram fighters unarmed and already injured.
 
 

L'info phare - source média

 
 

Des dizaines de morts lors de plusieurs attaques dans le nord du Nigeria

Mardi 9 juin, des membres présumés du groupe extrémiste islamiste Boko Haram ont tué au moins 81 personnes dans le village de Foduma Kolomaiya, dans la région de Gubio, dans l'État de Borno. Tout le village a été incendié et près de 1 200 bovins ont été volés. Quelques jours après (samedi 13 juin), des combattants ont attaqué Monguno, une ville de garnison où sont basés l'ONU et d'autres travailleurs humanitaires, ainsi qu'un village à Nganzai. Au moins 20 soldats et plus de 40 civils auraient été tués lors de ces deux attaques. L'État islamique en Afrique de l'Ouest (ISWAP), une faction de Boko Haram, a revendiqué ces opérations. Ces attaques contre des civils sont parmi les plus meurtrières cette année. Elles sont intervenues quelques semaines après que l'armée nigériane a revendiqué des succès contre des militants de Boko Haram. L'ONU est « affligée » par ces raids.

Dozens killed in attacks in northern Nigeria

On Tuesday 9 June, suspected members of the Islamic extremist group Boko Haram have killed at least 81 people in Foduma Kolomaiya village in the Gubio area of Borno state. The entire village was set ablaze and nearly 1,200 cattle were stolen. A few days after (Saturday 13 June), fighters attacked Monguno, a garrison town where the UN and other aid workers are based, and a village in Nganzai. At least 20 soldiers and more than 40 civilians are said to have been killed in the two attacks. The Islamic State in West Africa (ISWAP), a faction of Boko Haram, says they are responsible. These attacks were ones of the biggest on civilians this year. They occurred a few weeks after the Nigerian army claimed significant successes against Boko Haram militants. The UN is ‘appalled’ by these raids.

 
 

Source médiatique

 
 

Nigeria : La douleur du Biafra est encore fraîche

Le 15 janvier 1970, la Guerre Civile du Nigeria avec le groupe séparatiste du Biafra a officiellement pris fin. Néanmoins, 50 ans plus tard, l'indépendance du Biafra est toujours en débat. Cet article présente les activités des groupes pro-Biafra, leur trajectoire et la réaction du gouvernement. Par exemple, en septembre 2017, l’IPOB (Independent People of Biafra) a été interdit et qualifiée d’organisation terroriste par une haute cour d'Abuja. Désormais, le mouvement pro-Biafra est dirigé principalement par des jeunes. Puisque le Gouvernement ne semble toujours pas proposer des mesures de réconciliation, certains pensent qu'une nouvelle rupture est imminente.

Nigeria : Biafra’s pain is still fresh

On January 15 1970, Nigeria’s Civil War with the breakaway group of Biafra officially came to an end. Nevertheless, 50 years later, Biafran independence is still an issue. This article presents the activities of the pro-Biafra groups, their trajectory and how the government reacted. For example, in September 2017, IPOB was proscribed and qualified as a terrorist organisation by an Abuja high court. Nowadays, the movement pro-Biafra is led by mostly young people. As the Government still does not show its interest in reconciliation measures, some people believe a new breakaway is imminent.

 
 

Au Nigeria, la crainte de voir le crime organisé nouer des liens avec le terrorisme

De nombreux jeunes ont manifesté dans l’État de Katsina pour exprimer leur désespoir face aux attaques récurrentes contre les civils et marquer une distance avec le All Progressives Congress, parti présidentiel. Ils regrettent notamment les mots sobres du président sur les récentes attaques, ce dernier parlant d’« incidents sporadiques ». En outre, les réseaux de crimes organisés dans le nord du pays se développent et établissent des connexions avec des groupes terroristes qui avaient disparu de la région, tel que l’ISWAP (groupe État islamique en Afrique de l'Ouest), ce qui inquiète des analystes.

Fear of organized crime in Nigeria linked to terrorism

Many young people demonstrated in Katsina State to express their despair at the recurrent attacks on civilians and to distance themselves from the president's party. They particularly regret the sober words of the president on the recent attacks, called "sporadic incidents" by him. In addition, organised crime networks in the north of the country are growing and are establishing connections with terrorist groups which had disappeared from the region, such as ISWAP (Islamic State group in West Africa). These links worries analysts.

 
 

Source institutionnelle

 
 

Nigeria : un génocide en court ?

Un rapport du groupe parlementaire britannique APPG (All-Party Parliamentary Group for International Freedom of Religion or Belief) a appelé à revoir la manière dont l'aide financière britannique envoyée au Nigeria est dépensée afin de garantir que les minorités religieuses soient mieux protégées par des fonds contre la persécution et la discrimination. Énumérant les causes de ce qu'ils nomment un génocide, l'APPG analyse plusieurs facteurs de conflit, y compris les rivalités autour des ressources, le sectarisme religieux, la mauvaise gestion des terres, la croissance démographique, le changement climatique et l'insécurité. Ils soutiennent notamment que le gouvernement devrait mieux protéger les agriculteurs chrétiens des éleveurs peuls et que la propagation de la désinformation partagée via les médias sociaux exacerbe les conflits. Le rapport émet des recommandations à destination du gouvernement nigérien, comme le réinvestissement dans les programmes d'éducation nomade.

Nigeria : unfolding genocide?

A report by the UK All-Party Parliamentary Group for International Freedom of Religion or Belief (APPG) called for a rethink in how UK aid to Nigeria is spent to ensure religious minorities are better protected by funding from persecution and discrimination. Listing factors responsible for what they call a genocide, APPG examined multiple drivers of conflict, including resource competition, religious sectarianism, poor land management, population growth, climate change and insecurity. They notably argue the Government should better protect Christian farmers from Fulani herders and that the spread of misinformation via social media has exacerbated conflicts. The report suggests some recommendations for the Nigerien Government, such as reinvesting in nomadic education programs.

 
 

Source société civile

 
 

Niger : pour un dialogue avec les communautés frontalières de Tillabéri

Les attaques menées par l’État islamique et Al-Qaïda dans la région de Tillabéri ont créé un fossé entre le Gouvernement et les communautés locales qui se sentent délaissées et peu prises en considération. Pour pallier à cela, le gouvernement devrait agir pour renouer des liens avec les communautés nomades de la région, par exemple en intégrant des représentants de ces communautés à des hauts postes au sein de l’État central et dans des institutions sécuritaires. En outre, le Niger est appelé à trouver des solutions autour de la compétition pour les ressources telles que le bétail, puisque ces dernières alimentent les conflits entre communautés. Les forces de sécurité sont appelées à se consacrer à ces enjeux et pas seulement aux opérations contre-terroristes.

Niger: for a dialogue with the border communities of Tillaberi

Attacks by the Islamic State and Al Qaeda in the region of Tillaberi have created a gap between the Government and local communities, who feel neglected and overlooked. To remedy this, the government should act to re-establish links with the nomadic communities of the region, for example by integrating representatives of these communities into high positions within the central State and security institutions. In addition, Niger is called upon to find solutions around competitions for resources such as livestock, since they fuel conflicts between communities. Security forces should also focus on these issues and not just on counter-terrorist operations.

 
 

Niger : Human Rights Watch demande une enquête pour crime de guerre

À la suite d’une vidéo montrant des soldats du gouvernement dans un véhicule militaire écrasant et tuant deux combattants présumés de Boko Haram qui semblaient non armés et blessés, Human Rights Watch a qualifié cette exécution de crime de guerre.  Les faits se seraient déroulés en mai dernier, au sud de Diffa, alors que le Gouvernement avait déclaré avoir tué 25 combattants de Boko Haram. Un membre du gouvernement nigérien aurait indiqué que cet acte visait à envoyer un message à Boko Haram, après qu’un lieutenant de l’armée a été tué par le groupe.

Niger: Human Rights Watch calls for war crime investigation

Following a video showing government soldiers in a military vehicle running over and killing two suspected Boko Haram fighters who appeared unarmed and injured, Human Rights Watch described this execution as a war crime. The events took place last May, in the south of Diffa, after the Government said it had killed 25 Boko Haram members. A member of the Nigerien Government said the act aimed at sending a message to Boko Haram after an army lieutenant was killed by the group.

 
 

Source confessionnelle

 
 

Création d’un bureau de signalement d’abus sexuels dans le diocèse d’Abuja

À la suite de la demande du Pape François en mai 2019, le diocèse d’Abuja a créé un bureau de signalement d’abus sexuels, appelé « Comité pour la protection des mineurs et des personnes vulnérables ». Ce bureau, présidé par un prêtre du diocèse a pour objectif de veiller à la sécurité des mineurs, la protection des personnes vulnérables, le bien-être de la communauté et l’intégrité de l’Église.

Establishment of a sexual abuse reporting office in the Diocese of Abuja

Following the request of Pope Francis on May 2019, the Diocese of Abuja created a reporting office for sexual abuse, called "Committee for the protection of minors and vulnerable persons". This office, chaired by a priest of the diocese, aims at ensuring the safety of minors, the protection of vulnerable people, the well-being of the community and the integrity of the Church.
 
 

Nigeria : Black lives matter pour les chrétiens

Alors que le mouvement Black Lives Matter prend de l'ampleur, cet article met en évidence les violences contre les chrétiens noirs du Nigeria. Les attaques contre ces derniers sont très importantes, alors même que les médias occidentaux rapportent très peu ces évènements. D’après Genocide Watch, de juin 2015 à février 2020, entre 11 500 et 12 000 chrétiens ont été assassinés par Boko Haram, par des milices peuls, des bandits et des kidnappeurs. La violence contre les femmes, les enfants et les hommes noirs devrait être plus couvertes par les médias d’après l’auteur de l’article.

Nigeria : Black Christians lives matter

As the movement Black Lives Matter is gaining momentum, this article highlights the violence against Nigeria’s black Christians. Although attacks on them are very important, western media rarely report these incidents. According to Genocide Watch, from June 2015 to February 2020, between 11,500 and 12,000 Christians were murdered by Boko Haram, Fulani militia, and Bandits/Highway Kidnappers. Violence against black women, children and men should be more covered by the media, according to the author of the article.
 
 

Le Nigeria réfute les allégations de génocide contre les chrétiens

Alors que le Gouvernement nigérian fait face à une pression internationale accrue pour protéger ses citoyens alors que des milliers des personnes auraient été tuées par Boko Haram ou par des bergers radicaux, un porte-parole du président Muhammadu Buhari a publié une déclaration affirmant que les groupes internationaux de défense des droits déclarant qu'il y a un « génocide » en cours contre les chrétiens au Nigeria ont reçu un financement de l’Indigenous People of Biafra (IPOB). Il soutient que l'IPOB veut creuser un fossé entre le pays et ses alliés occidentaux, en accusant le gouvernement d'encourager la persécution des chrétiens. Cependant, les groupes activistes concernés (notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni) ont assuré qu'ils n'avaient aucun lien avec l’IPOB.

Nigeria refutes Christian genocide claims

While the Nigerian Government has been facing increased international pressure to protect its citizens as thousands have reportedly been killed by Boko Haram or herdsmen radicals, a spokesperson for President Muhammadu Buhari released a statement contending that international rights groups who say there is an ongoing ‘genocide’ against Christians in Nigeria received funding from the Independent People of Biafra (IPOB). He argued that IPOB is trying to drive a wedge between country and Western allies, by accusing the government of encouraging the persecution of Christians. However, relevant activist groups (notably in the United States and the United Kingdom) assured that they have no connection with IPOB. 
 
 

Pour aller plus loin

 
 

Au Sahel, « le religieux joue un rôle social intégrateur qui est accentué en période de crise », 9/06/2020, La Croix Africa
 

Carte, Représentation géographique de personnes déplacés dans la région de Maradi, 06/2020, UNHCR


 
 
 
 
soutien veille RCA
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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