Changement climatique au Niger / Scolarisation des élèves / Attaque meurtrière au Niger ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Nigeria - Niger
19 novembre 2021
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par la sortie du film documentaire« Marcher sur l’eau ». Réalisé par Aïssa Maïga, ce long-métrage engagé se déroule dans le village de Tatiste, au nord du Niger, où les habitants doivent se battre pour avoir accès à l’eau dans un environnement de plus en plus fragilisé par le changement climatique. Ce documentaire permet de montrer les effets du changement climatique à l’échelle humaine, au sein de la communauté des Peuls Wodaabe.

Dans le reste de l’actualité, une attaque a fait plus de soixante victimes parmi les villageois dans la région de Tillabéri au Niger. C’est l’une des attaques les plus meurtrières commises dans la zone dite « des trois frontières », où opèrent des groupes djihadistes. Cette attaque aurait ciblé ces villageois, car ils appartenaient à des milices d’autodéfense.

Au Nigeria, plus de 12 millions d’enfants craignent de retourner à l’école, selon le président Buhari. Une commission d’enquête indépendante a prouvé que les forces de sécurité du Nigeria ont commis ce qui s’apparente à un « massacre » au péage de Lekki, en tirant sur des manifestants pacifiques en octobre 2020 à Lagos. Par ailleurs, selon un reportage du journal Le Point, plus d’un million d’habitants d’Afrique de l’Ouest seraient apatrides d’un point de vue juridique.

The news of the last two weeks has been marked by the release of the documentary film "Walking on Water". Directed by Aïssa Maïga, this committed feature film takes place in the village of Tatiste, in the north of Niger, where the inhabitants have to fight to have access to water in an environment that is becoming increasingly fragile due to climate change. This documentary shows the effects of climate change on a human scale, within the Wodaabe Fulani community.

In other news, an attack killed more than sixty villagers in the Tillabéri region of Niger. This is one of the deadliest attacks in the so-called "three borders" area, where jihadist groups operate. The attack is believed to have targeted these villagers because they were members of self-defense militias. Also in Niger, 26 children died in a fire at their school. In Nigeria, more than 12 million children are afraid to return to school, according to President Buhari. An independent commission of inquiry proved that Nigeria's security forces committed what amounted to a "massacre" at the Lekki toll plaza, shooting peaceful protesters in October 2020 in Lagos. In addition, according to a report in Le Point newspaper, more than one million West Africans are legally stateless.

 
 

L'info phare - Source académique

 
 

« Marcher sur l’eau », un important témoignage sur la vie dans un village peul du Niger face au changement climatique

Le magazine Geo a publié un article faisant la présentation du film documentaire « Marcher sur l’eau », réalisé par Aïssa Maïga. Ce long-métrage engagé se déroule dans le village de Tatiste, au nord du Niger, où les habitants doivent se battre pour avoir accès à l’eau dans un environnement de plus en plus fragilisé par le changement climatique. Selon sa réalisatrice, ce documentaire permet de montrer les effets du changement climatique à l’échelle humaine. Elle s’est rendue au sein de la communauté de Peuls Wodaabe du village de Tatiste afin de documenter le quotidien de ses habitants, dans lequel l'eau est au centre de toutes les préoccupations. Selon la socioanthropologue Abigaëlle Paris, qui a travaillé avec les équipes du film, les Wodaabe sont une minorité dans le groupe peul. Ils font partie des derniers nomades, de ceux qui ont vraiment préservé le pastoralisme tel qu'il était avant la sédentarisation massive des Peuls. Ces dernières décennies, néanmoins, de plus en plus de familles se sont semi-sédentarisées, notamment pour scolariser leurs enfants, mais aussi pour s’adapter aux sécheresses dévastatrices.

"Walking on water", an important testimony about life in a Fulani village in Niger in the face of climate change

Geo magazine published an article presenting the documentary film "Marcher sur l'eau", directed by Aïssa Maïga. This committed feature film takes place in the village of Tatiste, in the north of Niger, where the inhabitants have to fight to have access to water in an environment that is becoming increasingly fragile due to climate change. According to the director, this documentary shows the effects of climate change on a human scale. She visited the Wodaabe Fulani community in the village of Tatiste to document the daily life of its inhabitants, in which water is at the center of all concerns. According to socio-anthropologist Abigaëlle Paris, who worked with the film crew, the Wodaabe are a minority within the Fulani group. They are among the last nomads, those who have truly preserved pastoralism as it was before the massive sedentarization of the Fulani. In recent decades, however, more and more families have become semi-sedentary, in particular to send their children to school, but also to adapt to devastating droughts.

 
 

Sources médiatiques

 
 

Une attaque meurtrière fait une soixantaine de morts au Niger

Plus de soixante villageois membres de milices d’autodéfense ont été tués lors d’une attaque, dans la région de Tillabéri au Niger. L’attaque s’est produite le 2 novembre, mais n’a été confirmée que le 4 novembre par le gouvernement nigérien. C’est l’une des attaques les plus meurtrières commises dans la zone dite « des trois frontières », région où se rencontrent, sans délimitation physique, les territoires du Mali, du Burkina Faso et du Niger et où opèrent des groupes djihadistes. Le maire de Bani Bangou a été tué lors de l’attaque. Il était à la tête de « comités de vigilance » de plusieurs villages du territoire de sa commune. Selon un ancien maire de la région, des villageois s’étaient récemment constitués en comités d’autodéfense pour veiller sur les paysans travaillant dans leurs champs régulièrement ciblés par des hommes armés. Ces comités auraient cherché à traquer des hommes armés attaquant les villages et volant le bétail, ce qui aurait provoqué les représailles des djihadistes.

Deadly attack leaves 60 people dead in Niger

More than sixty villagers from self-defense militias were killed in an attack in the Tillabéri region of Niger. The attack occurred on November 2, but was not confirmed until November 4 by the Nigerien government. It was one of the deadliest attacks in the so-called "tri-border area," where the territories of Mali, Burkina Faso, and Niger meet without physical boundaries and where jihadist groups operate. The mayor of Bani Bangou was killed in the attack. He was the head of "vigilance committees" in several villages in his commune. According to a former mayor of the region, villagers had recently formed self-defense committees to watch over farmers working in their fields who were regularly targeted by armed men. These committees reportedly sought to track down armed men attacking villages and stealing livestock, which provoked jihadist reprisals.

 
 

Plus d’un million de personnes d'Afrique de l'Ouest vivraient sans identité légale

 Le terme « apatride » désigne une personne qui n’a la nationalité d’aucun pays. Selon un reportage du journal Le Point, ils sont plus d’un million à être dans ce cas en Afrique de l’Ouest et à vivre ainsi sans identité légale. Pour de nombreux enfants nés dans les milieux ruraux, les parents n’ont ainsi pas établi d’acte de naissance. Dans les zones en proie aux conflits et à l’insécurité, des personnes sont souvent contraintes de fuir, en abandonnant derrière elles leurs biens et leurs pièces d’identité. Bien que n'étant pas apatrides, il est nécessaire d'intégrer selon l'article ses personnes réfugiées ou déplacées et les personnes qui risquent de devenir apatrides. Le statut d’apatride et l’absence de papiers d’identité empêchent un certain nombre de choses comme passer des examens ou passer des frontières. Pour susciter une prise de conscience chez les populations, certains pays en Afrique de l’Ouest ont adopté une approche de sensibilisation de masse. Par ailleurs, dans certains pays, la déclaration obligatoire de naissance a été rendue gratuite afin d’amener les populations pauvres vivant dans les zones reculées à enregistrer leurs enfants à la naissance.

More than one million West Africans reportedly live without legal identity

According to a report in Le Point newspaper, more than one million West Africans are legally stateless. The term "stateless" refers to a person who does not have the nationality of any country. More than one million West Africans are stateless and live without a legal identity. For many children born in rural areas, their parents have not established a birth certificate. In areas of conflict and insecurity, people are often forced to flee, leaving behind their possessions and identity documents. Statelessness and lack of identity documents prevent a number of things, such as passing exams or crossing borders. To raise awareness among the population, some countries in West Africa have adopted a mass awareness approach. In addition, in some countries, compulsory birth registration has been made free of charge to encourage poor people living in remote areas to register their children at birth.

 
 

Au Nigeria, une commission indépendante reconnaît le « massacre » de Lekki

Selon le rapport de la commission d’enquête indépendante, les forces de sécurité du Nigeria ont commis ce qui s’apparente à un « massacre » en tirant sur des manifestants pacifiques en octobre 2020 à Lagos. Ce rapport contredit la version défendue par le gouvernement fédéral. Selon le rapport de cette commission d’enquête, l’armée, puis la police ont, le soir du 20 octobre 2020, ouvert le feu sur des manifestants pacifiques. Onze personnes sont mortes, quatre sont toujours portées disparues et présumées mortes, tandis que 21 ont été blessées par balles. En outre, toujours selon la commission, l’armée a empêché « les ambulances de porter assistance » aux blessés, et la police « a tenté de dissimuler » cette tuerie « en ramassant des balles » sur les lieux.

In Nigeria, an independent commission recognizes the "massacre" of Lekki

According to the independent commission's report, Nigeria's security forces committed what amounted to a "massacre" by shooting peaceful protesters in October 2020 in Lagos. The report contradicts the federal government's version. According to the report of the commission of inquiry, the army and then the police opened fire on peaceful protesters on the evening of October 20, 2020. Eleven people died, four are still missing and presumed dead, and 21 were shot and injured. In addition, according to the commission, the army prevented "ambulances from rendering assistance" to the wounded and the police "attempted to cover up" the killing "by collecting bullets" at the scene.

 
 

Dans le nord du Nigeria, le calvaire des enfants atteints de troubles psychiatriques et des jeunes toxicomanes

Dans le nord du Nigeria, de nombreux enfants et adolescents atteints de troubles psychiatriques sont victimes de pratiques s’apparentant à de la torture chez eux ou dans des maisons de correction où certains parents démunis face à l'absence d'aide de l'État les envoient. L'an passé, la police a mené une série de raids contre ces maisons de correction islamiques et sauvé des centaines d'enfants, adolescents ou adultes porteurs d'un handicap cognitif, d'addiction aux drogues ou entrés dans la délinquance. Certains ont été retrouvés enchaînés, des centaines vivaient entassés dans des pièces sales où la torture et le viol étaient généralisés. Malgré l'épouvantable traitement infligé à leurs enfants dans ces centres, certains parents sont toujours prêts à les y envoyer en raison du manque chronique de services publics qui leur laisse très peu d'options. Le Nigeria ne compte en effet que 250 psychiatres qualifiés pour ses 210 millions d'habitants.

In northern Nigeria, the ordeal of children with psychiatric disorders and young drug addicts

In northern Nigeria, many children and adolescents with psychiatric disorders are subjected to torture-like practices at home or in reformatories where some parents, powerless to get help from the state, send them. In the past year, police have conducted a series of raids against these Islamic reformatories and rescued hundreds of children, teenagers and adults who were cognitively impaired, addicted to drugs or had become delinquent. Some were found chained, hundreds lived in filthy rooms where torture and rape were rampant. Despite the appalling treatment of their children in these centers, some parents are still willing to send them there because of the chronic lack of public services that leave them with very few options. Nigeria has only 250 qualified psychiatrists for its 210 million population.

 
 

Au Nigeria, 12 millions d’enfants craignent d’aller à l’école

Selon Muhammadu Buhari, le président du Nigeria, les attaques persistantes contre les établissements scolaires ont traumatisé les enfants du pays. Douze millions d'entre eux, notamment les filles, sont marqués par les enlèvements de masse qui ont lieu dans le nord-ouest et le centre du pays. Internats, collèges et lycées sont régulièrement attaqués par des hommes armés qui kidnappent élèves et étudiants de tous âges et demandent des rançons en échange de leur libération. Les enseignants ne sont pas non plus épargnés par ces attaques perpétrées par des bandits armés. Buhari, au pouvoir depuis 2015, promet de mettre fin aux attaques contre les écoles sans dire, ni quand, ni comment. Alors que plus de 37 millions d'enfants devaient reprendre les cours dans le pays, au moins un million d’entre eux sont privés d’école.

In Nigeria, 12 million children are afraid to go to school

Nigeria's President Muhammadu Buhari says persistent attacks on schools have traumatized the country's children. Twelve million children, especially girls, are scarred by mass abductions in the northwest and central parts of the country. Boarding schools, colleges and high schools are regularly attacked by armed men who kidnap pupils and students of all ages and demand ransoms for their release. Teachers are also not spared from these attacks by armed bandits. Buhari, in power since 2015, promises to end attacks on schools without saying when or how. While more than 37 million children were supposed to resume classes in the country, at least one million are out of school.

 
 

Au Niger, un sommet international organisé contre les violences faites aux femmes

Le 3e Sommet des filles africaines, organisé par l'Union africaine et les Nations unies, s’est déroulé du 16 au 18 novembre à Niamey. Ce sommet réunit plusieurs nationalités, des jeunes filles venues de plusieurs pays pour parler des pratiques néfastes. Les participantes se sont penchées sur les violences auxquelles les jeunes filles sont confrontées sur le continent, comme les mariages précoces ou les mutilations génitales. Selon l’Unicef, on compte vingt millions de filles mariées avant l’âge de 18 ans dans le Sahel. Cela correspond à sept filles sur dix.

In Niger, an international summit organized against violence against women

The 3rd African Girls Summit, organized by the African Union and the United Nations, took place from November 16 to 18 in Niamey. This summit brings together several nationalities, young girls from several countries to discuss harmful practices. The participants discussed the violence that young girls face on the continent, such as early marriage and genital mutilation. According to UNICEF, twenty million girls in the Sahel are married before the age of 18. This means seven girls out of ten.

 
 

Source religieuse

 
 

Des projets de soutien pour les chrétiens au Nigeria

La fondation pontificale Aide à l'Église en Détresse (AED) a approuvé un projet important pour venir en aide à la communauté chrétienne de Maiduguri. Ces projets ont été mis en place pour répondre à la persécution quasi systématique des chrétiens et des musulmans n’acceptant pas l’idéologie extrémiste des djihadistes dans ces pays. Les mouvements de populations en fuite qui en résultent, soit en tant que personnes déplacées à l'intérieur du pays, soit en tant que réfugiés dans les pays voisins, constituent donc un problème humanitaire grave et non résolu. À Maiduguri, au Nigeria, les prêtres de la paroisse St Paul de Pulka ont un besoin urgent d'eau potable pour les réfugiés. AED recherche les fonds nécessaires à la construction d'un puits équipé d'une pompe alimentée par des panneaux solaires.

Support projects for Christians in Nigeria

The pontifical foundation Aid to the Church in Need (ACN) has approved a major project to assist the Christian community in Maiduguri. These projects have been set up in response to the almost systematic persecution of Christians and Muslims who do not accept the extremist ideology of jihadists in these countries. The resulting movement of fleeing populations, either as internally displaced persons or as refugees in neighboring countries, is therefore a serious and unresolved humanitarian problem. In Maiduguri, Nigeria, the priests of St. Paul's parish in Pulka are in urgent need of clean water for the refugees. AED is seeking funds to build a well equipped with a pump powered by solar panels.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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