Prise en compte de la société civile / Réfugiés au Niger / Écoles coraniques au Nigeria ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Nigeria - Niger
2 juillet 2021
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par le vaste appel d’une coalition d’ONG, demandant à la France de prendre davantage en compte l’avis des organisations de la société civile au Sahel. Une coalition de cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et d’acteurs des sociétés civiles sahéliennes ont publié une tribune pour « Le Monde ». Ils appellent à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région. La tribune rappelle qu’au Mali, en 2020, les civils ont été davantage tués par des militaires que par des groupes dits djihadistes, et que la réponse militaire n’était pas la bonne solution.

Dans le reste de l’actualité, le gouvernement nigérien a décidé de fermer le camp de réfugiés d’Intikane, dans la préfecture de Tilli. Ce camp est pointé du doigt, car il est suspecté d’abriter des djihadistes. Le gouvernement nigérien a par ailleurs convoqué des représentants des éleveurs afin de discuter de la crise pastorale qui sévit au Sahel. Au Nigeria, un reportage du Monde démontre que les écoles coraniques, majoritaires au nord du pays, s’ouvrent de plus en plus aux mathématiques et à l’anglais, et que l’enseignement y est de plus en plus réglementé pour éviter les abus contre les élèves. La branche historique de Boko Haram est quant à elle fragilisée par la mort de son chef.


The news of the last two weeks has been marked by a broad appeal from a coalition of NGOs, asking France to take more account of the opinion of civil society organisations in the Sahel. A coalition of fifty researchers, NGO representatives, trade unions and civil society actors in the Sahel published an opinion piece for "Le Monde". They call for a debate to rethink French policy in the region, in consultation with the population. The tribune recalls that in Mali, in 2020, more civilians were killed by the military than by so-called jihadist groups, and that the military response was not the right solution.

In other news, the Nigerien government has decided to close the Intikane refugee camp in the Tilli prefecture. This camp is being singled out because it is suspected of harbouring jihadists. The Nigerien government has also convened representatives of herders to discuss the pastoral crisis in the Sahel. In Nigeria, a report by Le Monde shows that Koranic schools, which are in the majority in the north of the country, are increasingly opening up to maths and English, and that teaching is increasingly regulated to prevent abuse of pupils. The historical branch of Boko Haram has been weakened by the death of its leader.


 
 

L'info phare - Source société civile

 
 

Une coalition d’ONG demande à la France de prendre davantage en compte les sociétés civiles dans l’après-Barkhane

Après l’annonce du retrait de la force militaire de lutte contre les groupes armés djihadistes, une coalition de cinquante chercheurs, représentants d’ONG, de syndicats et d’acteurs des sociétés civiles sahéliennes ont publié une tribune pour « Le Monde ». Ils appellent à ouvrir le débat pour refonder, en concertation avec les populations, la politique française dans la région. Selon cette tribune, les neutralisations de quelques chefs djihadistes sont loin de compenser les nombreuses faillites de l’opération, puisque les incidents violents liés à ces mêmes groupes ont doublé chaque année depuis 2015. Près de 2 millions de personnes ont dû fuir les violences au Burkina Faso, au Mali et au Niger, et 13,2 millions de personnes ont besoin d’assistance humanitaire. Au Mali, en 2020, davantage de civils ont été tués par des militaires (35 %) que par des groupes dits djihadistes (24 %).  La solution militaire ne fonctionnant pas, la tribune appelle la France à prendre davantage en compte la société civile.

A coalition of NGOs asks France to take civil society more into account in the post-Barkhane period

After the announcement of the withdrawal of the military force fighting against armed jihadist groups, a coalition of fifty researchers, representatives of NGOs, trade unions and actors of Sahelian civil societies published an opinion piece for "Le Monde". They call for a debate to rethink French policy in the region, in consultation with the population. According to the tribune, the neutralisation of a few jihadist leaders is far from compensating for the many failures of the operation, since violent incidents linked to these same groups have doubled every year since 2015. Nearly 2 million people have had to flee the violence in Burkina Faso, Mali and Niger, and 13.2 million people are in need of humanitarian assistance. In Mali in 2020, more civilians were killed by the military (35%) than by so-called jihadist groups (24%).  As the military solution is not working, the forum calls on France to take more account of civil society.


 
 

Sources médiatiques

 
 

Le Niger ferme un camp de réfugiés infiltré par des djihadistes à la frontière malienne

Le gouvernement nigérien a décidé de fermer le camp de réfugiés d’Intikane, dans la préfecture de Tillia, à 60 km de la frontière malienne. Ce camp abrite 20 000 réfugiés maliens et déplacés internes nigériens, mais le gouvernement le suspecte d’être infiltré par des djihadistes qui s’y cachent après avoir mené des attaques. Par ailleurs, le camp de réfugiés d’Intikane se trouve sur la trajectoire des narcotrafiquants. Cette décision fait également suite au massacre de plus de 150 personnes civiles par des djihadistes à Bakorat et Intazayene le 21 mars. Pour l’heure, ce camp est pris en charge par l’État nigérien et les ONG humanitaires ainsi que le Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR). Dans l’urgence, le camp a été relocalisé à Akadani, plus au sud, à plus de 150 km de la frontière malienne, dans la zone de l’Asawa nigérien.

Niger closes refugee camp infiltrated by jihadists on Mali border

The Nigerien government has decided to close the Intikane refugee camp in the Tillia prefecture, 60 km from the Malian border. The camp is home to 20,000 Malian refugees and internally displaced Nigeriens, but the government suspects that it is infiltrated by jihadists who hide there after carrying out attacks. Moreover, the Intikane refugee camp is in the path of drug traffickers. This decision also follows the massacre of more than 150 civilians by jihadists in Bakorat and Intazayene on 21 March. For the time being, the camp is being taken care of by the Nigerien state and humanitarian NGOs as well as the High Commission for Refugees (HCR). As a matter of urgency, the camp has been relocated to Akadani, further south, more than 150 km from the Malian border, in the Nigerien Asawa area.


 
 

Des écoles coraniques du nord du Nigeria se mettent à l’anglais et au calcul

Dans l’État de Kano, la grande majorité des enfants sont scolarisés dans des établissements islamiques. Depuis quelques années, de plus en plus d’écoles coraniques adoptent des cours d’anglais et de mathématiques, alors que bon nombre de ces écoles n’apprennent aux enfants qu’à réciter le coran. L’UNICEF dénombre au minimum 13 000 écoles coraniques dans l’État de Kano, pour plus d’un million d’enfants. Gratuites, elles permettent la scolarisation des élèves, et sont largement majoritaires dans les États du Nord du Nigeria. Selon des professeurs interrogés par Le Monde, la méfiance vis-à-vis de l’éducation « occidentale » est ancrée dans les esprits, et de nombreux parents pensent que leurs enfants risquent d’être convertis au christianisme s’ils vont dans l’école publique. Le système éducatif islamique est cependant très hétérogène. Depuis mai 2020, le gouverneur de Kano a annoncé l’interdiction des écoles almajiri, très répandues dans le nord du Nigeria. Ces écoles coraniques, qui échappent totalement au contrôle des autorités, sont régulièrement épinglées pour les sévices infligés à leurs jeunes élèves, qui doivent pratiquer la mendicité pour leur maître.

Koranic schools in northern Nigeria take up English and mathematics

In Kano State, the vast majority of children are educated in Islamic schools. In recent years, more and more Quranic schools are adopting English and mathematics, although many of these schools teach children only to recite the Quran. UNICEF counts at least 13,000 Koranic schools in Kano State, serving more than 1 million children. Free of charge, they enable pupils to attend school and are in the majority in the northern states of Nigeria. According to teachers interviewed by Le Monde, mistrust of "Western" education is deeply rooted in people's minds, and many parents think that their children might be converted to Christianity if they go to public school. However, the Islamic education system is very heterogeneous. Since May 2020, the governor of Kano has announced the banning of almajiri schools, which are widespread in northern Nigeria. These Koranic schools, which are totally outside the control of the authorities, are regularly criticised for the abuse inflicted on their young pupils, who have to beg for their master.


 
 

Le gouvernement nigérien convoque des représentants des éleveurs dans un contexte d’enlisement de la crise pastorale

Le contexte sécuritaire dégradé au Sahel est largement lié à la crise du pastoralisme. Le Réseau Billital Maroobé, une organisation régionale de soutien aux éleveurs, s'est réuni le 9 juin à Niamey, à l'initiative du secrétariat exécutif du G5 Sahel, pour définir une vision commune de la problématique du pastoralisme. Un grand nombre d’acteurs du monde du pastoralisme sahélien a répondu à l’invitation du gouvernement nigérien. Dans un communiqué final, la session ministérielle du G5 présidée par le ministre de l'Élevage du Niger, Tidjani Idrissa Abdoulkadri, a déploré « une crise globale de la gouvernance des espaces ruraux » et a demandé le renforcement légal et physique de la sécurité des éleveurs, de leurs cheptels et des espaces pastoraux. Les ministres ont fait part de leur inquiétude concernant les conséquences de l'insécurité dans le Sahel et en Afrique de l'Ouest sur la mobilité pastorale et les difficultés qu'elles engendrent. Peu audibles, peu organisés politiquement, faiblement représentés au sein du système politico-administratif des États, les éleveurs figurent parmi les premières victimes des conflits en cours au Sahel.

Nigerien government summons herders' representatives as pastoral crisis stalls

The Billital Maroobé G5 Sahel Network, a regional organisation supporting pastoralists, met on 9 June in Niamey, at the initiative of the G5 Sahel executive secretariat, to define a common vision of the pastoralist issue. A large number of actors from the world of Sahelian pastoralism responded to the invitation of the Nigerien government. In a final communiqué, the G5 ministerial session chaired by Niger's Minister of Livestock, Tidjani Idrissa Abdoulkadri, deplored "a global crisis in the governance of rural areas" and called for the legal and physical reinforcement of the security of livestock keepers, their herds and pastoral areas. The ministers expressed their concern about the consequences of insecurity in the Sahel and in West Africa on pastoral mobility and the difficulties it causes. With little voice, little political organisation and little representation in the political and administrative system of the States, pastoralists are among the first victims of the conflicts underway in the Sahel.


 
 

Une attaque inédite de l’État islamique fait une victime à Niamey

Dans un communiqué, le groupe État islamique a revendiqué l’attaque qui a visé le domicile du président de l’Assemblée nationale  dans la nuit du 11 au 12 juin. Cette attaque était de petite ampleur : deux hommes à moto avaient tiré sur les gardes situés devant le bâtiment, avant de tenter sans succès de voler un véhicule en prenant la fuite. L’un des gardes de la résidence avait été tué. Il s’agit de la première fois que le groupe État islamique mène une attaque dans la capitale nigérienne. Selon Aly Tounkara, directeur du CE3S, le Centre des études sécuritaires et stratégiques au Sahel, il s’agit d’un signal fort, puisque le groupe EI démontre qu’il peut s’attaquer aux capitales sahéliennes et cibler des lieux symboliques.  

Unprecedented Islamic State attack in Niamey kills one person

In a statement, the Islamic State group claimed responsibility for the attack on the home of the President of the National Assembly on the night of 11-12 June. The attack was small: two men on motorbikes shot at guards outside the building, before unsuccessfully attempting to steal a vehicle as they fled. One of the guards at the residence was killed. This is the first time the Islamic State group has carried out an attack in the Nigerien capital. According to Aly Tounkara, director of CE3S, the Centre for Security and Strategic Studies in the Sahel, this is a strong signal, as the Islamic State group is demonstrating that it can attack Sahelian capitals and target symbolic places.

 
 

Le Niger condamné par la Cour de justice de la CEDEAO pour « détention arbitraire et illégale »

La Cour de justice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a condamné, cette semaine, le gouvernement nigérien à payer 50 millions de francs CFA au défenseur des droits humains  Sadat Ilya Dan Malam pour « détention arbitraire et illégale ». En 2018, il avait été arrêté à Zinder, au sud du pays, alors qu'il participait à une manifestation contre la loi de finances. Accusé de « participation à un mouvement insurrectionnel » et de « conspiration contre la sécurité de l'֤État », il n'a été libéré que vingt mois plus tard après que la cour d'appel de Zinder a abandonné les charges qui pesaient contre lui.

Niger condemned by the ECOWAS Court of Justice for "arbitrary and illegal detention"

The Court of Justice of the Economic Community of West African States (ECOWAS) this week ordered the Nigerien government to pay 50 million CFA francs to human rights defender Sadat Sadat Ilya Dan Malam for "arbitrary and illegal detention". In 2018, he was arrested in Zinder, in the south of the country, while participating in a demonstration against the finance law. Charged with "participation in an insurrectional movement" and "conspiracy against state security", he was only released 20 months later after the Zinder Court of Appeal dropped the charges against him.

 
 

Le calvaire des « enfants sorciers » au Nigeria

Arte a réalisé un reportage intitulé « Skolombo, le calvaire des enfants sorciers », réalisé au Nigeria. Selon le documentaire, des dizaines de milliers d’enfants sont abandonnés par leurs parents, et jetés à la rue par leurs familles en raison de prétendus pouvoirs maléfiques. Ces enfants sont parfois torturés, exploités sexuellement et maltraités. Appelés les « Skolombo », ils sont accusés de sorcellerie, et sont aujourd’hui parias dans la société nigériane.  Survivant dans la plus grande misère, ils subsistent de petits larcins, de ramassage de déchets ou de prostitution. Ce phénomène, plutôt récent, a pris beaucoup d’ampleur depuis une vingtaine d’années, alimenté par des prophètes autoproclamés, qui appartiennent au courant évangélique et proposent notamment des séances d’exorcisme tarifées. . Au Nigeria, à l’Est du pays, certains adultes ont fait de la protection des « Skolombo», le combat d’une vie, comme Sam Ituama, et son ONG « Child’s Right And Rehabilitation Network ».

The plight of "child witches" in Nigeria

Arte made a report entitled "Skolombo, the ordeal of child witches", made in Nigeria. According to the documentary, tens of thousands of children are abandoned by their parents and thrown out into the street by their families because of allegedly evil powers. These children are sometimes tortured, sexually exploited and abused. Called "Skolombo", they are accused of witchcraft and are now pariahs in Nigerian society.  Surviving in great poverty, they subsist on petty theft, rubbish collection or prostitution. This phenomenon, which is fairly recent, has grown considerably in the last twenty years, fuelled by self-proclaimed prophets, who offer exorcism sessions for a fee. In Nigeria, in the east of the country, some adults have made the protection of "skolombo" their life's work, such as Sam Ituama and his NGO "Child's Right And Rehabilitation Network".

 
 

Le retour de réfugiés compromis au Niger après une  nouvelle attaque de Boko Haram à Bosso

L’armée nigérienne a repoussé, mardi, une attaque du groupe djihadiste nigérian Boko Haram, tuant trois assaillants à Bosso, au sud-est du Niger sur les rives du lac Tchad. Cet assaut survient deux jours après le retour de 6 000 personnes dans la localité de Baroua, située près de Bosso. Elles avaient fui les violences djihadistes. D’après une estimation établie par les Nations unies quelques jours après une attaque du 3 juin 2016, au moins 50 000 personnes avaient fui la zone. Une partie des habitants de Bosso avait ensuite regagné la ville, selon les autorités locales. La région de Diffa abrite 300 000 réfugiés nigérians et d’autres déplacés fuyant depuis 2015 les exactions des djihadistes, selon l’ONU.

Refugees' return to Niger compromised after new Boko Haram attack in Bosso

The Nigerien army repelled an attack by the Nigerian jihadist group Boko Haram on Tuesday, killing three assailants in Bosso, in southeastern Niger on the shores of Lake Chad. The attack comes two days after 6,000 people returned to the town of Baroua, near Bosso. They had fled jihadist violence. According to a UN estimate a few days after the attack on 3 June 2016, at least 50,000 people had fled the area. Some of Bosso's inhabitants had subsequently returned to the town, according to local authorities. The Diffa region is home to 300,000 Nigerian refugees and other displaced people fleeing jihadist attacks since 2015, according to the UN.

 
 

Vers la fin de la faction historique de Boko Haram au Nigeria ?

Après la mort d’Abubakar Shekau, chef historique du JAS (Jama'atuAhlis Sunna Lidda'adatiwal-​Jihad), faction historique de Boko Haram, que reste-t-il du groupe djihadiste ? Dans une vidéo diffusée mercredi dernier 16 juin par la faction Bakura de Boko Haram, aucune mention n'est faite d'un nouvel imam qui aurait pris la relève de Shekau. Selon le chercheur Vincent Foucher, de nombreux lieutenants du défunt chef se seraient d’ores et déjà ralliés à l’ISWAP (Islamic State in West African Province), le groupe rival. Le groupe État islamique semble assez avoir pris le contrôle de ce bastion. Selon le chercheur, seule la faction de Bakura, implantée sur les rives du lac Tchad résisterait à l’ISWAP.

Towards the end of the historic Boko Haram faction in Nigeria?

After the death of Abubakar Shekau, the historical leader of the JAS (Jama'atu Ahlis Sunna Lidda'adati wal-Jihad), the historical faction of Boko Haram, what remains of the jihadist group? In a video released last Wednesday 16 June by the Bakura faction of Boko Haram, there is no mention of a new imam who would have taken over from Shekau. According to researcher Vincent Fourcher, many of the late leader's lieutenants have already joined ISWAP (Islamic State in West African Province), the rival group. The Islamic State group seems to have fairly taken control of this stronghold. According to the researcher, only the Bakura faction, located on the shores of Lake Chad, resists ISWAP.

 
 

Source académique

 
 

Selon le chercheur Jean-Pierre Olivier de Sardan, « il fallait mettre fin à Barkhane d'une façon ou d'une autre »

L’anthropologue et chercheur du CNRS, et du LASDEL à Niamey, Jean-Pierre Olivier de Sardan, a été invité sur RFI pour parler de la situation du pays liée à la fin de l’opération Barkhane. Il est signataire de l’Appel pour une refondation de la politique sahélienne de la France, initié par Oxfam et le CCFD, signé par une vingtaine d’organisations humanitaires et de développement, mais aussi par de nombreux chercheurs et journalistes. Selon lui, la fin de Barkhane était devenue inévitable, car Barkhane n’avait pas réussi à endiguer la progression djihadiste, et était devenue de plus en plus impopulaire, en particulier au Mali. Selon lui, le mauvais bilan de Barkhane est dû à « l’ignorance du tissu social local et à la méconnaissance du terrain » au Sahel. Le chercheur a également rappelé qu’une puissance étrangère ne pouvait pas se saisir de toutes les questions en lieu et place des pays concernés, notamment pour ce qui est de la négociation avec les djihadistes, que la France a toujours refusée, au contraire des États sahéliens.

According to researcher Jean-Pierre Olivier de Sardan, "Barkhane had to be ended one way or another"

Jean-Pierre Olivier de Sardan, an anthropologist and researcher at the CNRS and Lasdel in Niamey, was invited on RFI to talk about the situation in the country following the end of Operation Barkhane. He is a signatory of the Appel pour une refondation de la politique sahélienne de la France, initiated by Oxfam and CCFD, signed by about twenty humanitarian and development organisations, but also by many researchers and journalists. According to him, the end of Barkhane had become inevitable because Barkhane had not succeeded in stemming the jihadist advance, and had become increasingly unpopular, especially in Mali. According to him, Barkhane's poor record was due to "ignorance of the local social fabric and lack of knowledge of the terrain" in the Sahel. The researcher also recalled that a foreign power could not take over all the issues from the countries concerned, particularly as regards negotiating with the jihadists, which France had always refused to do, unlike the Sahelian states.

 
 
 
 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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