Attaque contre civils au Nigeria / Déplacés au Niger / Conflit intercommunautaire dans le centre du Nigeria ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Nigeria - Niger
21  janvier 2022
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par une violente attaque contre les civils dans l’État de Zamfara, au Nigeria, au cours de laquelle au moins 200 personnes ont été tuées, et une dizaine de villages incendiés. Perpétrées par des bandits armés ayant fait irruption à vélo, ils ont également emporté 2 000 têtes de bétail. Les exactions contre les civils se multiplient dans le nord du Nigeria, et ne sont pas seulement le fait de djihadistes.

Dans le reste de l’actualité, la situation des civils est particulièrement tendue dans l’État de Borno, au nord-ouest du Nigeria. En effet, les différentes communautés tentent de s’organiser notamment face à la coupure généralisée d’électricité à Maiduguri depuis près d’un an. Par ailleurs, les craintes de conflits intercommunautaires demeurent vives dans le centre du pays. Au Niger, le nombre de personnes déplacées est de plus en plus important. Dans les régions de Tillabéri et Tahoua, leur nombre a augmenté de 53 % au cours des 12 derniers mois. Enfin, les autorités religieuses nigériennes s’inquiètent de l’augmentation du nombre de divorces dans le pays.


The news of the past two weeks has been marked by a violent attack on civilians in Zamfara State, Nigeria, in which at least 200 people were killed and a dozen villages burned. The attack was perpetrated by armed bandits on bicycles, who also took 2,000 head of cattle. Abuses against civilians are on the rise in northern Nigeria, and not just by jihadists.

In other news, the situation of civilians is particularly tense in Borno State, in northwestern Nigeria. Indeed, the various communities are trying to organize themselves, particularly in the face of the widespread power cuts in Maiduguri for nearly a year. In addition, fears of inter-community conflict remain strong in the center of the country. In Niger, the number of displaced people is growing. In the regions of Tillabéri and Tahoua, the number of displaced persons has increased by 53 percent in the past 12 months. Finally, religious authorities in Niger are concerned about the increasing number of divorces in the country.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Au moins 200 civils tués dans une nouvelle attaque dans le nord-ouest du Nigeria

Entre le 5 et le 6 janvier, au moins 200 civils ont été massacrés par des bandits armés dans l’État de Zamfara. Le bilan provisoire pourrait continuer de s’alourdir. Selon des témoins rescapés, des centaines de bandits armés ont fait irruption à moto dans une dizaine de villages des districts d'Anka et de Bukkuyum. Débordant totalement les milices d'autodéfense, ils se sont mis à « tirer à vue » sur les habitants, mais aussi à piller et à incendier les bâtiments. Ils auraient aussi emporté 2 000 têtes de bétail. L'armée nigériane, qui est également confrontée aux djihadistes de Boko Haram dans le nord-est du pays et aux séparatistes armés dans le sud-est, déclare avoir secouru près de 500 civils kidnappés et avoir tué plus de 500 bandits dans le nord-ouest du pays depuis un an et demi.

At least 200 civilians killed in new attack in northwest Nigeria

Between January 5 and 6, at least 200 civilians were massacred by armed bandits in Zamfara State. The provisional death toll could continue to rise. According to eyewitnesses, hundreds of armed bandits broke into a dozen villages in Anka and Bukkuyum districts on motorcycles. They completely overwhelmed the self-defense militias and began "shooting on sight" at the inhabitants, as well as looting and setting fire to buildings. They also reportedly took away 2,000 head of cattle. The Nigerian army, which is also facing Boko Haram jihadists in the northeast and armed separatists in the southeast, says it has rescued nearly 500 kidnapped civilians and killed more than 500 bandits in the northwest over the past year and a half.

 
 

Sources médiatiques

 
 

Une attaque contre une communauté Irigwe fait 18 morts dans le centre du Nigeria

Au moins 18 personnes sont mortes le 11 janvier au soir lors de l'attaque du village d’Ancha, dans l’État du Plateau (centre du Nigeria). Des dizaines de maisons et de véhicules ont été incendiés lors de l’attaque contre ce village appartenant à la communauté Irigwe. Davidson Malison, responsable d’association de cette communauté a accusé les éleveurs peuls d'être à l'origine de l'attaque. Au contraire, Muhammad Nuru Abdullah, porte-parole de l’association locale des éleveurs peuls a déploré l'attaque et réfuté les accusations émises contre sa communauté. Les conflits entre agriculteurs et éleveurs sont particulièrement vifs dans le centre du Nigeria.

Attack on Irigwe community kills 18 in central Nigeria

At least 18 people died on the evening of January 11 in an attack on the village of Ancha in Plateau State, central Nigeria. Dozens of houses and vehicles were burned in the attack on this village belonging to the Irigwe community. Davidson Malison, head of the community association, accused Fulani herders of being behind the attack. In contrast, Muhammad Nuru Abdullah, spokesperson for the local Fulani herders' association, deplored the attack and refuted the accusations against his community. Conflict between farmers and herders is particularly acute in central Nigeria.

 
 

Twitter est de retour au Nigeria  après 7 mois de suspension

Garba Sahu, le ministre de l'Information nigérian a annoncé le 12 janvier que le média social Twitter était à nouveau autorisé au Nigeria. L'accès au réseau social avait été bloqué début juin 2021 par les autorités. Le gouvernement nigérian reprochait aux dirigeants de Twitter de s'immiscer de manière « suspecte » dans la vie politique du pays, notamment en marge du mouvement de protestation contre les violences policières #EndSARS, en octobre 2020. Par ailleurs, deux jours avant sa suspension, Twitter avait aussi supprimé un tweet controversé du président Muhammadu Buhari, qui incitait à la violence dans le sud-est du pays. La société civile et notamment les défenseurs des droits humains avaient critiqué cette mesure de la part du gouvernement.

Twitter is back in Nigeria after 7 months of suspension

Garba Sahu, the Nigerian Minister of Information announced on January 12 that the social media Twitter was once again allowed in Nigeria. Access to the social network had been blocked in early June 2021 by the authorities. The Nigerian government blamed Twitter's leaders for "suspicious" interference in the country's political life, especially on the sidelines of the protest movement against police violence #EndSARS, in October 2020. In addition, two days before its suspension, Twitter had also deleted a controversial tweet by President Muhammadu Buhari, which incited violence in the southeast of the country. Civil society and human rights activists in particular had criticized the government's action.

 
 

La vie difficile des habitants du Borno dans la menace de Boko Haram

Dans un long reportage pour Le Monde, la journaliste Liza Fabbian a dressé la situation des habitants de Maiduguri, capitale de l’État du Borno, endeuillée par plus de dix ans d’exactions de Boko Haram. La ville est désormais encerclée par des tranchées et surveillée nuit et jour par les militaires nigérians. Depuis la mort d’Abubakar Shekau, chef historique de Boko Haram qui ciblait particulièrement les civils, les attaques contre les agriculteurs sont moins nombreuses, mais 4,4 millions de personnes souffrent de faim aiguë dans le nord-est du pays. Les habitants sont souvent coincés entre les zones contrôlées par l’armée nigériane, et celles soumises aux taxes des djihadistes. Enfin, Babagana Zulum, gouverneur de l'État, a annoncé la fermeture des camps de déplacés à Maiduguri pour encourager les civils à reprendre le chemin des champs. Cependant, cette volonté de retour est très critiquée par les organisations de droits humains, étant donné la précarité de la situation sécuritaire hors de Maiduguri.

The difficult life of Borno residents under the threat of Boko Haram

In a long report for Le Monde, the journalist Liza Fabbian drew up the situation of the inhabitants of Maiduguri, the capital of Borno State, mourned by more than ten years of Boko Haram exactions. The city is now surrounded by trenches and guarded day and night by the Nigerian military. Since the death of Abubakar Shekau, Boko Haram's long-time leader who particularly targeted civilians, there have been fewer attacks on farmers, but 4.4 million people are suffering from acute hunger in the northeast. Residents are often caught between areas controlled by the Nigerian army and those subject to jihadist taxes. Finally, Babagana Zulum, governor of the state, announced the closure of camps for displaced persons in Maiduguri to encourage civilians to return to the fields. However, this willingness to return has been widely criticized by human rights organizations, given the precarious security situation outside Maiduguri.

 
 

Au Niger, la hausse du nombre de divorces inquiète les autorités musulmanes

Cette année, l’Association islamique du Niger a annoncé qu’elle avait relevé 3 088 divorces simplement au niveau de leur association. Selon Youssou Mounkailia, Secrétaire général de cette association, le divorce constitue une « menace pour la société nigérienne en général et dans la ville de Niamey en particulier ». Cette association organise plusieurs médiations pour tenter de trouver un arrangement qui pourrait permettre d’éviter le divorce. Or, selon Youssou Moukailia, le mariage revêt une dimension religieuse importante, ce qui nécessite qu’il ne soit pas pris à la légère. Cependant, l’article paru dans ActuNiger met également en lumière des cas de violences faites aux femmes à l’origine de demandes de divorces. Celles-ci sont souvent dissuadées de se séparer de leurs époux en raison de fortes pressions sociales.

In Niger, rising divorce rates worry Muslim authorities

This year, the Islamic Association of Niger announced that it had recorded 3088 divorces simply at the level of their association. According to Youssou Mounkailia, Secretary General of this association, divorce is a "threat to Nigerien society in general and to the city of Niamey in particular". This association organizes several mediations to try to find an arrangement that could avoid the divorce. According to Youssou Moukailia, marriage has an important religious dimension, which requires that it not be taken lightly. However, the article in ActuNiger also highlights cases of violence against women that lead to divorce applications. Women are often dissuaded from separating from their husbands because of strong social pressures.

 
 

Face à la coupure générale d’électricité à Maiduguri, les habitants peinent à s’organiser

Maiduguri, la capitale de l’État nigérian du Borno est privée d'électricité publique depuis plus d'un an. En janvier 2021 des hommes du groupe État islamique en Afrique de l'Ouest, avaient saboté une tour électrique. Réparée deux mois plus tard, elle avait à nouveau été détruite par les djihadistes. Dans ces conditions, les habitants sont contraints d’utiliser des groupes électrogènes à essence afin de subvenir à des besoins élémentaires comme conserver la nourriture. L’inflation du prix de l’essence entraîne de fait d’importants frais pour les habitants de Maiduguri, déjà fragilisés par l’insécurité de leur État. Face à cette situation, le gouvernement fédéral a approuvé un projet urgent de construction d'une centrale au gaz de 50 millivolts (MV) afin d'approvisionner la ville en électricité.

Face à la coupure générale d’électricité à Maiduguri, les habitants peinent à s’organiser

Maiduguri, the capital of the Nigerian state of Borno, has been without public electricity for over a year. In January 2021, men from the Islamic State group in West Africa sabotaged an electricity tower. Repaired two months later, it was again destroyed by the jihadists. Under these conditions, residents are forced to use gasoline-powered generators to meet basic needs such as storing food. Inflation in the price of gasoline has resulted in high costs for the people of Maiduguri, who are already weakened by the insecurity in their state. In response, the federal government has approved an urgent project to build a 50MV gas-fired power plant to supply the city with electricity.

 
 

Source société civile

 
 

Au Nigeria, le mariage des enfants viole les droits humains

Human Rights Watch (HRW) a publié un rapport concernant le mariage des jeunes filles au Nigeria. L’organisation a notamment indiqué que le gouvernement fédéral et les gouvernements des États n’appliquent pas les lois supposées empêcher le mariage des mineurs. Le taux de mariage d'enfants au Nigeria est parmi les plus élevés du continent africain. Bien que la loi fédérale sur les droits de l'enfant interdise le mariage avant 18 ans, la Constitution nigériane contient des dispositions parfois contradictoires avec cette position. Les États dotés de systèmes juridiques islamiques n'ont pas non plus adopté la loi fédérale ni l'âge de 18 ans comme âge de la majorité pour le mariage. Une étude détaillée montre ensuite les manquements à ce droit humain dans différents États nigérians.

Child marriage in Nigeria violates human rights

Human Rights Watch (HRW) released a report on the marriage of young girls in Nigeria. Among other things, the organization said the federal and state governments are not enforcing laws that are supposed to prevent underage marriage. The rate of child marriage in Nigeria is among the highest on the African continent. Although the Federal Child Rights Act prohibits marriage before the age of 18, the Nigerian constitution contains provisions that sometimes contradict this position. States with Islamic legal systems have also not adopted the federal law or the age of 18 as the age of majority for marriage. A detailed study then shows the failures of this human right in different Nigerian states.

 
 

Source institutionnelle

 
 

Le nombre de déplacés au Sahel a été multiplié par dix depuis 2013

Le Haut-Commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) a appelé à une action internationale concertée pour mettre fin au conflit armé dans la région du Sahel central, qui a forcé plus de 2,5 millions de personnes à fuir leur foyer au cours de la dernière décennie. Selon le HCR, le nombre des personnes déracinées a été multiplié par dix depuis 2013, passant de 217 000 à 2,1 millions fin 2021. La situation est particulièrement préoccupante dans les pays du Sahel central. Au Niger, Burkina Faso et Mali, le nombre de réfugiés s’élève désormais à 410 000 personnes. Au Niger, le nombre de personnes déplacées dans les régions de Tillabéry et Tahoua a augmenté de 53 % au cours des 12 derniers mois.

The number of displaced people in the Sahel has increased tenfold since 2013

The UN High Commissioner for Refugees (UNHCR) has called for concerted international action to end the armed conflict in the central Sahel region, which has forced more than 2.5 million people to flee their homes over the past decade. According to UNHCR, the number of uprooted people has increased tenfold since 2013, from 217,000 to 2.1 million by the end of 2021. The situation is particularly worrying in the countries of the central Sahel. In Niger, Burkina Faso and Mali, the number of refugees now stands at 410,000. In Niger, the number of displaced persons in the regions of Tillabéri and Tahoua has increased by 53% in the last 12 months.

 
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soutien veille RCA
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.