Acquittement de l'adolescent condamné pour blasphème / Élections / Enlèvement d'un prêtre / Attaques ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Nigéria - Niger
30 janvier 2021
 
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Au Nigeria, l’actualité a été marquée par l’acquittement d’un adolescent condamné en août pour « blasphème ». Omar Farouq, âgé de 13 ans, avait été condamné à dix ans de prison par le tribunal islamique de l’État de Kano pour blasphème contre le prophète, dans une conversation Whatsapp. La cour d’appel de l’État de Kano vient d’annuler la condamnation contre Farouq, et a abandonné toutes les charges contre lui. Cet événement met en lumière les problèmes liés à la coexistence de juridictions laïques et religieuses, qui entraînent des jugements différents, en particulier en matière de droit des enfants.

Dans le reste de l’actualité, un article de Mondafrique rappelle la présence de groupes de bandits armés à la frontière nigéro-nigériane, qui est parfois liée aux violences intercommunautaires. Dans le centre-ouest du Nigeria, un prêtre a été enlevé et tué à la machette. Le Professeur Ndibe, intellectuel nigérian, appelle ses concitoyens à choisir leurs représentants selon leurs compétences plutôt que selon leurs appartenances communautaires. Enfin, selon l’ONU, la situation humanitaire se dégrade au Niger et au Sahel. Le seuil des deux millions de déplacés internes vient d’être dépassé.


In Nigeria, the news was marked by the acquittal of a teenager sentenced in August for blasphemy. Omar Farouq, aged 13, had been sentenced in January to ten years in prison by the Islamic court in Kano state for blasphemy against the prophet, in a Whatsapp conversation. The Kano State Court of Appeal has just overturned the conviction against Farouq and dropped all charges against him. This event highlights the problems linked to the coexistence of secular courts and Sharia law, which lead to different judgments, particularly in matters of children's rights.

In the rest of the news, an article from Mondafrique reports the continuing presence of armed bandit groups on the Niger-Nigeria border, which is sometimes linked to inter-community violence. In central-western Nigeria, a priest was abducted and killed with a machete. Professor Ndibe, a Nigerian intellectual, calls on his fellow citizens to choose their representatives according to their skills, and not according to their community affiliations. Finally, according to the UN, the humanitarian situation is deteriorating in Niger and the Sahel. The threshold of 2 million IDPs has just been exceeded.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Au Nigeria, l’adolescent condamné en août pour blasphème a été acquitté

Le 21 janvier, Omar Farouq, âgé de 13 ans condamné en août à dix ans de prison pour « blasphème » par un tribunal islamique de l’État fédéré de Kano, dans le nord du Nigeria, a été acquitté par la cour d’appel de ce même État. Le jugement du tribunal de la charia a été annulé en appel par « manque de crédibilité, considérant que l’accusé est mineur ». L’ensemble des charges ont été abandonnées. L’arrestation d’Omar Farouq avait suscité une forte mobilisation internationale pour exiger sa libération et avait reposé la question de la laïcité au Nigeria. La charia y est appliquée dans douze des 36 États fédérés, qui possèdent également des juridictions laïques. La coexistence des deux systèmes juridiques pose régulièrement des problèmes, notamment liés au respect des droits des enfants. En effet, alors que selon la législation laïque, Omar Farouq est mineur, aux yeux de la loi islamique étant pubère, il avait été jugé, en août, comme un adulte.

In Nigeria, a teenager convicted in August of blasphemy was acquitted

Omar Farouq, aged 13, sentenced in August to ten years in prison for "blasphemy" by an Islamic court in the Federated State of Kano in northern Nigeria, was acquitted Thursday, January 21 by the Court of Appeal of the same state. The judgment of the Sharia court was overturned on appeal by "lack of credibility, considering that the accused is a minor". All charges were dropped. The arrest of Omar Farouq had prompted a strong international mobilisation to demand his release, and had raised the question of secularism in Nigeria. Sharia law is applied in 12 of the 36 federal states, which also have secular jurisdictions. The coexistence of the two legal systems regularly poses problems, particularly in relation to the respect of children's rights. While under secular law Omar Farouq is a minor, under Islamic law he was tried as an adult in August, as he is a pubescent child.

 
 

Source médiatique

 
 

La présence de bandits à la frontière entre le Niger et le Nigeria, un problème de long terme

En l’espace d’une semaine, cinq attaques de bandits armés ont été signalées dans deux départements nigériens de la région de Maradi, à proximité de la frontière nigériane. Ces attaques ont résulté de l’enlèvement de plusieurs femmes, de l’assassinat d’un notable et du vol de près de 200 têtes de bétail. Selon la presse locale, les auteurs de ces crimes seraient des bandits venus des États nigérians de Sokoto et de Zamfara. Selon l'International Crisis Group, cette violence est liée à « la compétition sur les ressources, principalement entre éleveurs peul et agriculteurs majoritairement haoussa » et à des flux transfrontaliers croissants d’armes. L’armée nigérienne est déjà soumise à une forte pression sur ses frontières est et ouest, où elle se bat respectivement face à Boko Haram et l'État Islamique dans le Grand Sahara. L’armée nigériane quant à elle semble dépassée, malgré des ripostes pouvant prendre la forme de bombardements aériens, et parfois de négociations temporaires avec les groupes.

The presence of bandits on the border between Niger and Nigeria, a long-term problem

In the space of a week, five attacks by armed bandits have been reported in two Nigerian departments in the Maradi region, near the Nigerian border. These attacks resulted in the abduction of several women, the assassination of a notable, and the theft of nearly 200 head of cattle. According to the local press, the perpetrators are believed to be bandits from the Nigerian states of Sokoto and Zamfara. According to the International Crisis Group, this violence is linked to "competition over resources, mainly between Fulani herders and predominantly Hausa farmers", and to increasing cross-border flows of arms. The Niger army is already under heavy pressure on its eastern and western borders, where it is fighting respectively against Boko Haram and EIGS. The Nigerian army, for its part, seems overwhelmed, despite responses that may take the form of aerial bombardments, and sometimes temporary negotiations with the groups.

 
 

Un prêtre enlevé et tué à la machette au centre-ouest du Nigeria

Le corps du curé John Gbakaan, prêtre du diocèse de Minna dans l’État du Niger (centre-ouest) a été retrouvé sans vie le long d’un axe routier le 15 janvier 2021. Il avait été enlevé plus tôt le même jour. Selon les premiers éléments de l’enquête, le curé accompagné de son frère rendait visite à sa mère. Il a été attaqué par des hommes armés, qui ont dans un premier temps demandé une rançon au diocèse de Minna, avant d’abattre le père John Gbakaan. Cet assassinat survient quelques jours après le meurtre du pasteur Lawan Andimi, chef de la section de l’Association Chrétienne du Nigeria (CAN) dans l’État d’Adamawa. Selon le pasteur John Hayab, vice-président de la  CAN : « Aujourd’hui, dans le nord du Nigeria, de nombreuses personnes vivent dans la peur et nombre de jeunes ont peur de devenir prêtres ou pasteurs parce que la vie de ces derniers est en grave danger. »

A priest abducted and killed with a machete in west-central Nigeria

The body of Pastor John Gbakaan, a priest from the diocese of Minna in Niger State (central-western Niger) was found lifeless along a road on 15 January 2021. He had been abducted earlier the same day. According to the initial findings, the priest, accompanied by his brother, was visiting his mother. He was attacked by armed men, who initially demanded ransom from the Diocese of Minna, before shooting Father John Gbakaan. This assassination comes a few days after the assassination of Pastor Lawan Andimi, head of the section of the Christian Association of Nigeria (CAN) in Adamawa State. According to Pastor John Hayab, vice-president of the CAN, "Today in northern Nigeria, many people live in fear and many young people are afraid to become priests or pastors because their lives are in grave danger. »


 
 

Selon le Professeur Ndibe, les Nigérians ont besoin du président le plus compétent, peu importe son appartenance communautaire

Selon le Professeur Okey Ndibe, l’un des principaux enjeux pour l’avenir du Nigeria repose sur la capacité des citoyens à dépasser les clivages communautaires et religieux. Il espère qu’au cours du cycle électoral de 2023, ses concitoyens porteront au pouvoir le meilleur président possible, au-delà de son appartenance communautaire ou religieuse. Selon lui, le rattachement identitaire à une figure politique pour sa communauté culturelle mène à un désastre politique, lui-même lié au néo-patrimonialisme. Selon lui, « le fait de penser qu’un président Yoruba serait un bon président pour les Yoruba est un désastre ».

According to Professor Ndibe, Nigerians need the most competent president, regardless of his or her community affiliation.

According to Professor Okey Ndibe, one of the main challenges for the future of Nigeria lies in the ability of citizens to overcome ethnic and religious divides. He hopes that during the 2023 electoral cycle, his fellow citizens will bring to power the best possible president, beyond their ethnic or religious background. According to him, the attachment of identity to a political figure for his ethnicity leads to political disaster, itself linked to neo-patrimonialism. According to him, "the idea that a Yoruba president would be a good president for the Yoruba is a disaster".

 
 

Au moins quatre soldats nigériens tués par une mine artisanale au Niger

Le lundi 18 janvier, quatre soldats nigériens ont été tués, et huit autres ont été blessés par l’explosion d’une mine artisanale à proximité de Chétimari, à 25 km de Diffa, au sud-ouest du Niger. Les soldats étaient engagés dans la poursuite de « terroristes » qui avaient attaqué la veille le poste militaire de Chétima Wangou. Cette zone subit des incursions djihadistes fréquentes de la part de combattants du groupe « État Islamique en Afrique de l’Ouest » (ISWAP), la faction dissidente de Boko Haram. Le conflit avec les djihadistes de Boko Haram et de l’ISWAP a fait plus de 36 000 morts depuis 2009 dans le nord-est du Nigeria. Près de deux millions de personnes ont dû fuir leurs foyers.

At least four Nigerien soldiers killed by an artisanal mine in Niger

On Monday 18 January, four Nigerien soldiers were wounded and eight others were injured by the explosion of an artisanal mine near Chetimari, 25 km from Diffa, in south-western Niger. The soldiers were engaged in the pursuit of "terrorists" who had attacked the military post of Chetima Wangou the day before. This area is subject to frequent jihadist incursions by fighters of the group "Islamic State in West Africa" (ISWAP), the dissident faction of Boko Haram. The conflict with the jihadists of Boko Haram and ISWAP has claimed more than 36,000 lives since 2009 in north-eastern Nigeria. Almost 2 million people have had to flee their homes.

 
 

Plus d’une centaine de militaires auraient démissionné de l’armée nigériane

Selon Bénin WebTV,  plusieurs dizaines de soldats des forces armées du Nigéria auraient décidé de quitter volontairement les rangs. Cette démission en masse intervient dans un contexte où les problèmes de sécurité sont grandissants dans certaines régions du pays. Citant un rapport du Premium Time, cette démission concernerait au mois 127 soldats issus de diverses formations de l’armée. Engagés à l’avant-garde, et combattant contre Boko Haram, les démissionnaires seraient des hommes du rang, des sous-officiers et des sous-officiers supérieurs. Cette démission collective survient plusieurs mois après une importante vague de démissions en juillet, dans un contexte de démoralisation de l’armée nigériane.

More than a hundred soldiers are said to have resigned from the Nigerian army.

According to Benin WebTV, several dozen soldiers of the Nigerian armed forces have decided to voluntarily leave the ranks. This mass resignation comes in a context where security problems are growing in some parts of the country. Quoting a report by Premium Time, the resignation would concern at least 127 soldiers from various formations of the army. Engaged in the vanguard, and fighting against Boko Haram, the resigning soldiers would be men of the rank, non-commissioned officers and senior non-commissioned officers. This collective resignation comes several months after a large wave of resignations in July, in a context of demoralisation of the Nigerian army.

 
 

Source institutionnelle

 
 

Deux millions de déplacés internes au Sahel, un record

Le nombre de déplacés internes au Sahel vient d’atteindre le seuil des deux millions, un record selon le Haut-commissariat aux Réfugiés. Les déplacements internes de population dans la région ont quadruplé en l’espace de moins de deux ans, puisqu’il y avait 490 000 personnes déplacées internes au début de l’année 2019. Plus de la moitié des personnes déplacées au Sahel sont des Burkinabè. Selon le HCR, les violences généralisées et brutales perpétrées par des groupes armés radicalisés et criminels sont à l’origine de ces déplacements, et la pandémie de COVID-19 a aggravé la situation.

Record 2 million internally displaced people in the Sahel

The number of IDPs in the Sahel has just reached the 2 million mark, a record according to the High Commissioner for Refugees. Internal displacement in the region has quadrupled in less than two years, with 490,000 IDPs at the beginning of 2019. More than half of the IDPs in the Sahel are Burkinabe.  According to the UNHCR, widespread and brutal violence perpetrated by radicalised and criminal armed groups is at the root of these displacements, and the COVID-19 pandemic has aggravated the situation.

 
 

Forte dégradation de la situation humanitaire au sud-ouest du Niger

La situation humanitaire s’est fortement dégradée dans le sud-ouest du Niger selon l’ONU. À la suite de l’attaque du 2 février dans le département de Ouallam (frontalier du Mali),  plus de 10 000 personnes sont actuellement déplacées dans ce même département. 2 300 kits d’urgence et 2 300 kits de biens non alimentaires sont nécessaires pour ces réfugiés. Par ailleurs, environ 700 élèves qui ont quitté l’école à la suite de l’attaque doivent être réinsérés dans le système scolaire. Sur les 11 premiers mois de l’année 2020, 258 incidents sécuritaires ont été enregistrés dans cette région, causant 89 morts, 50 blessés et 51 personnes enlevées. Fin novembre, plus de 80 000 personnes étaient déplacées par les violences à l’intérieur de cette région. Les mesures de lutte contre la pandémie de COVID-19 ont largement accentué la vulnérabilité des populations. 

Sharp deterioration in the humanitarian situation in south-western Niger

The humanitarian situation has deteriorated sharply in south-western Niger according to the UN. Following the 2 February attack in the department of Ouallam (on the border with Mali), more than 10,000 people are currently displaced in this same department. 2,300 emergency kits and 2,300 kits of non-food items are needed for these refugees. In addition, around 700 students who left school following the attack need to be reintegrated into the school system. In the first 11 months of 2020, 258 security incidents have been recorded in this region, causing 89 deaths, 50 injuries and 51 abductions. At the end of November, more than 80,000 people were displaced by the violence within the region. The measures taken to combat the COVID-1O pandemic have greatly increased the vulnerability of the population. 

 
 

Source société civile

 
 

La société civile appelle au respect des quotas en faveur des femmes dans le cadre des élections nigériennes

La Commission Nationale des Droits de L’homme (CNDH) et le Mouvement Nigérien pour la Démocratie (Monde Kurcia) ont appelé les leaders des partis politiques à respecter les dispositions de la loi sur les quotas de 25 % des postes électifs en faveur des femmes. Ces deux organisations ont également rappelé l’importance des femmes dans le corps électoral, ainsi que leur implication dans le processus de développement. Ces deux associations ont par ailleurs manifesté leurs espoirs de voir le Niger parvenir à l’équité de genre à l’horizon 2030.

Civil society calls for respect of the quota for women in Niger's elections

The National Human Rights Commission (CNDH) and the Niger Movement for Democracy (Monde Kurcia) have called on political party leaders to respect the provisions of the law on quotas of 25% of elective positions for women. These two organisations also recalled the importance of women in the electorate and their involvement in the development process. These two associations also expressed their hopes to see Niger achieve gender equity by 2030.

 
 
 
 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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