Dialogue religieux à Maiduguri / Tensions intercommunautaires au centre du Nigeria / Migrants au Niger ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Nigeria - Niger
5 février 2022
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par l’initiative de la Fondation Allamin, ONG œuvrant pour la tolérance et l’éducation au Nigeria. En éditant un petit livret  intitulé Boko Halal, diffusé notamment auprès des élèves de plusieurs écoles islamiques de la ville, l’organisation entend défendre la paix, la tolérance, la scolarisation et le dialogue en s’appuyant sur les textes sacrés de l’Islam. Cette initiative est soutenue par l’association des écoles islamiques du Borno regroupant 600 établissements.

Dans le reste de l’actualité, de nouvelles tensions intercommunautaires se déroulent au Nigeria, où la communauté chrétienne, victime d’attaques dans le centre du pays, accuse la communauté peule. Par ailleurs, de nouvelles attaques perpétrées par des « bandits » dans le nord du pays ont fait plusieurs dizaines de victimes. À Maiduguri, la vague de redditions d’anciens combattants de Boko Haram se double d’un afflux de réfugiés ayant échappé à l’influence du groupe depuis la mort du leader Abubakar Shekau. Au Niger, les observateurs craignent un coup d’État, en raison des événements politiques survenus dernièrement au Mali et au Burkina Faso.

 

The news of the last two weeks has been marked by the initiative of the Allamin Foundation, an NGO working for tolerance and education in Nigeria. By publishing a small booklet entitled "Boko Halal", which was distributed to students in several Islamic schools in the city, the organization intends to defend peace, tolerance, schooling and dialogue based on the sacred texts of Islam. This initiative is supported by the association of Islamic schools in Borno, which includes 600 schools.

In other news, new inter-community tensions are taking place in Nigeria, where the Christian community, victim of an attack in the center of the country, accuses the Fulani community. In addition, new attacks perpetrated by "bandits" in the north of the country have claimed several dozen victims. In Maiduguri, the wave of surrenders of former Boko Haram fighters is coupled with an influx of refugees who have escaped the group's influence since the death of leader Abubakar Shekau. In Niger, observers fear a coup d'état in Niger, given recent political events in Mali and Burkina Faso.

 
 

L'info phare - Source Société civile

 
 

À Maiduguri au Nigeria, les enfants sont au cœur du processus de paix

À Maiduguri, l’ensemble de la société vit au rythme du conflit qui oppose  l’armée nigériane aux djihadistes de Boko Haram depuis plus de 10 ans. Pour reconstruire la paix, la Fondation Allamin, une ONG locale, a édité un petit livret intitulé Boko Halal, diffusé notamment auprès des élèves de plusieurs écoles islamiques de la ville.  Son titre prend le contre-pied de « Boko Haram » - qui signifie littéralement « l’éducation occidentale est sacrilège ». Axée autour des thèmes comme la paix, ou la confiance en soi, et en s’appuyant sur les textes sacrés de l’Islam, cette initiative est soutenue par l’association des écoles islamiques du Borno regroupant 600 établissements.

In Maiduguri, Nigeria, children are at the heart of the peace process

In Maiduguri, the whole society lives at the rhythm of the conflict which opposes the Nigerian army to the Boko Haram jihadists for more than 10 years. To rebuild peace, the Allamin Foundation, a local NGO, has published a small booklet entitled Boko Halal, which has been distributed to students in several Islamic schools in the city.  Its title is the opposite of "Boko Haram" - which literally means "Western education is sacrilegious". Focusing on themes such as peace and self-confidence, and based on the sacred texts of Islam, this initiative is supported by the association of Islamic schools in Borno, which includes 600 schools.

 
 

Sources médiatiques

 
 

Un réseau de trafic de migrants démantelé au Niger

Une opération conjointe menée par les polices nigérienne, française et espagnole a donné lieu à l’arrestation d’une vingtaine de personnes à Niamey et à Maradi. La délégation de l'Union européenne au Niger évoque le démantèlement d'un réseau dédié à la fraude documentaire et indique que l'atelier de ce groupe a été identifié. La filière démantelée était structurée et organisait un trafic de migrants à destination de l'Europe par avion, avec faux documents d'identité, et confectionnait de faux documents administratifs ou privés. Cette arrestation s’est déroulée dans un contexte de fermeture de l’Europe aux migrants africains. L’Union européenne pratique une politique d’externalisation des frontières au Niger, destinée à empêcher les migrants de poursuivre leur chemin vers l’Europe en coopérant avec les autorités et la police nigérienne.

Migrant smuggling network dismantled in Niger

A joint operation by the Nigerien, French and Spanish police led to the arrest of some 20 people in Niamey and Maradi. The European Union delegation in Niger reports the dismantling of a network dedicated to document fraud and indicates that the workshop of this group has been identified. The dismantled network was structured and organized the trafficking of migrants to Europe by plane, with false identity documents, and made false administrative or private documents. This arrest took place in a context of Europe's closure to African migrants. The European Union is practicing a policy of outsourcing borders in Niger, aimed at preventing migrants from continuing their journey to Europe by cooperating with the Nigerien authorities and police.

 
 

Vague de redditions d’anciens combattants de Boko Haram au Nigeria

Depuis la mort du chef historique de Boko Haram Abubakar Shekau en mai 2021, 20 000 personnes se sont rendues aux autorités nigérianes, dont environ 1 200 combattants et commandants djihadistes. La vaste majorité de ces « sortants » sont des civils, surtout des femmes, kidnappées et mariées de force aux combattants de Boko Haram. RFI a consacré un reportage à ces rescapés de Boko Haram qui peinent à retrouver des liens sociaux depuis leur émancipation du groupe islamiste. Un grand nombre de ces réfugiés ont profité de la confusion régnant parmi les djihadistes après l’annonce de la mort de Shekau et les conflits internes pour s’enfuir et rejoindre Maiduguri. Cependant, face à l’insécurité qui perdure dans le pays, la plupart d’entre eux ne souhaitent pas retourner dans leurs villages d’origine.

Wave of surrenders of former Boko Haram fighters in Nigeria

Since the death of Boko Haram's historic leader Abubakar Shekau in May 2021, 20,000 people have surrendered to Nigerian authorities, including approximately 1,200 jihadi fighters and commanders. The vast majority of these "escapees" are civilians, mostly women, who were kidnapped and forcibly married to Boko Haram fighters. RFI reported on these Boko Haram survivors who have struggled to regain social ties since their emancipation from the Islamist group. Many of these refugees took advantage of the confusion among the jihadists after the announcement of Shekau's death and the internal conflicts to flee and reach Maiduguri. However, in the face of continuing insecurity in the country, most of them do not wish to return to their villages of origin.

 
 

Des dizaines de personnes tuées par des « bandits » au Nigeria

Les autorités locales nigérianes ont annoncé que des hommes armés ont tué des « des dizaines de personnes », dont 11 membres des services de sécurité au cours de deux attaques menées le weekend du 29-30 janvier dans le centre du pays. Depuis des années, le centre et le nord-ouest du Nigeria sont le théâtre de gangs criminels, appelés localement « bandits », qui attaquent les villages, volent le bétail, pillent et tuent les habitants. Ces derniers mois, les violences se multiplient. Au cours des dernières attaques, des centaines de villageois ont également dû fuir leur foyer, trouvant refuge dans les villages voisins. Pour l'heure, les opérations militaires ainsi que les amnisties n'ont pas pu endiguer les violences. Par ailleurs, les possibles alliances entre les bandits et les djihadistes du Nord-est, qui y mènent une insurrection vieille de 13 ans, sont une source d'inquiétude croissante.

Dozens killed by "bandits" in Nigeria

Local Nigerian authorities announced that gunmen killed "dozens of people," including 11 members of the security services, in two attacks on the weekend of January 29-30 in central Nigeria. For years, central and northwestern Nigeria has been the scene of criminal gangs, known locally as "bandits," who attack villages, steal livestock, loot and kill residents. In recent months, the violence has increased. During the latest attacks, hundreds of villagers have also been forced to flee their homes, seeking refuge in nearby villages. Military operations and amnesties have so far failed to stem the violence, and there is growing concern about possible alliances between the bandits and jihadists in the northeast, who have been waging an insurgency there for 13 years.

 
 

Le procès sous haute tension du leader séparatiste biafrais Nnamdi Kanu ajourné au Nigeria

La Haute Cour fédérale d'Abuja a ajourné une nouvelle fois le procès de Nnamdi Kanu, chef du mouvement du peuple autochtone du Biafra jusqu'en février. Nnamdi Kanu est détenu depuis juin dernier, après une cavale de près de quatre ans. Il est accusé notamment de trahison et de terrorisme. Nnamdi Kanu avait plaidé non coupable des quinze chefs d'accusation qui lui ont été lus lors de l'audience. Ce procès est sous haute tension puisque les environs de la Haute Cour d'Abuja sont interdits au public. En parallèle, cinq États du sud-est du Nigeria observaient des journées sans activité entre le 18 et le 20 janvier.

High tension trial of Biafran separatist leader Nnamdi Kanu adjourned in Nigeria

The Federal High Court in Abuja has again adjourned the trial of Nnamdi Kanu, leader of the Indigenous People's Movement of Biafra, until February. Nnamdi Kanu has been detained since last June, after nearly four years on the run. His charges include treason and terrorism. Nnamdi Kanu pleaded not guilty to the 15 charges read out to him during the hearing. The trial is under high tension as the area around the High Court in Abuja is closed to the public. Meanwhile, five states in southeastern Nigeria observed days of no activity between January 18 and 20.

 
 

Le Niger demeure stable malgré les coups d’État chez ses voisins

Les récents coups d'État au Mali et au Burkina font craindre un effet domino au Niger, confronté aux mêmes défis économiques, sociaux et sécuritaires que ses deux voisins sahéliens. Depuis son indépendance en 1960, le Niger a déjà connu quatre coups d’État. L'irruption des armées sur la scène politique au Mali et au Burkina Faso est autant condamnée qu’applaudie à Niamey. Sur les réseaux sociaux, certains détracteurs du président Mohamed Bazoum invitent même « l'armée à prendre ses responsabilités ». Selon l’analyste nigérien, « tout le monde craint une contagion mais franchement, le mécontentement populaire n'a pas atteint le niveau du Burkina Faso ou du Mali ». Selon Souley Oumarou, engagé dans la société civile nigérienne, les conditions ne sont pas réunies, en l'absence « d'une opposition politique forte » ou d'une «société civile extrémiste ».

Niger remains stable despite coups in neighboring countries

The recent coups in Mali and Burkina Faso have raised fears of a domino effect in Niger, which faces the same economic, social and security challenges as its two Sahelian neighbors. Since its independence in 1960, Niger has already experienced four coups. The irruption of armies on the political scene in Mali and Burkina Faso is condemned as much as applauded in Niamey. On social networks, some of President Mohamed Bazoum's detractors are even inviting "the army to take its responsibilities. According to the Nigerien analyst, "everyone fears a contagion but frankly, popular discontent has not reached the level of Burkina Faso or Mali. According to Souley Oumarou, involved in Nigerien civil society, the conditions are not met, in the absence of "a strong political opposition" or "an extremist civil society".

 
 

Source religieuse

 
 

Des violences contre les chrétiens se poursuivent au Nigeria

Le 24 janvier, 4 chrétiens ont été tués dans le village de Dong. Cette attaque fait suite à l’attaque du village d’Ancha (État du Plateau), au cours de laquelle 18 chrétiens ont été tués. Les attaques visant certaines communautés chrétiennes sont recensées depuis des années au Nigeria, les victimes étant ciblées pour leur appartenance communautaire ou religieuse. Selon Davidson Malison, un représentant du groupe ethnique majoritairement chrétien Irigwe, l’attaque d’Ancha aurait ciblé leur communauté et aurait été perpétrée par des ressortissants de la communauté peule. Si rien ne permet de vérifier cette accusation, ce genre de commentaires a pour conséquence de renforcer les tensions intercommunautaires au Nigeria.

Violence against Christians continues in Nigeria

On January 24, four Christians were killed in the village of Dong, following an attack on the village of Ancha in Plateau State in which 18 Christians were killed. Attacks on certain Christian communities have been recorded for years in Nigeria, with victims being targeted for their community or religious affiliation. According to Davidson Malison, a representative of the predominantly Christian Irigwe ethnic group, the Ancha attack targeted their community and was carried out by members of the Peul community. While there is no evidence to support this accusation, such comments have the effect of heightening intercommunal tensions in Nigeria.

 
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soutien veille RCA
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.