Procès de Nnamdi Kanu / Des suspects de l’attaque de Kouré au Niger ont été incarcérés / Des passeurs organisant un trafic de migrants entre le Niger et l’Europe ont été interpellés ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Nigeria - Niger
5 novembre 2021
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par l’ouverture du procès de Nnamdi Kanu, le leader indépendantiste biafrais, occasionnant plusieurs débats dans la société civile. Le chef du Mouvement des peuples indigènes du Biafra (Ipob)  est notamment accusé de terrorisme, trahison et possession illégale d’armes à feu.

Dans le reste de l’actualité, un immeuble de 21 étages en construction s’est effondré à Lagos. Des dizaines d’ouvriers sont portés disparus, et le bilan ne cesse de s’alourdir. Par ailleurs, de nouvelles manifestations sont survenues un an après les manifestations réprimées par la police, qui avaient fait plusieurs morts au péage de Lekki à Lagos. Human Rights Watch réclame toujours la justice pour ces violences. Au Niger, plusieurs suspects de l’attaque de Kouré, qui avait provoqué la mort de plusieurs humanitaires et de leurs guides, ont été arrêtés. Par ailleurs, les autorités continuent à traquer les passeurs de migrants, rançonnant régulièrement des personnes cherchant à gagner l’Europe depuis l’Afrique de l’Ouest.


The news of the past two weeks has been marked by the opening of the trial of Nnamdi Kanu, the Biafran independence leader, causing several debates in civil society. The leader of the Indigenous Peoples Movement of Biafra (IPOB) is accused of terrorism, treason and illegal possession of firearms.

In other news, a 21-story building under construction collapsed in Lagos. Dozens of workers are missing, and the death toll continues to rise. In addition, new protests have erupted a year after police cracked down on demonstrations that left several people dead at the Lekki toll plaza in Lagos. Human Rights Watch continues to call for justice for the violence. In Niger, several suspects in the Koure attack, which killed several aid workers and their guides, were arrested. In addition, authorities continued to hunt down migrant smugglers, regularly holding to ransom people seeking to reach Europe from West Africa.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Nnamdi Kanu, le leader indépendantiste biafrais passe devant la justice

Initialement prévu le 26 juillet, le procès du leader séparatiste biafrais Nnamdi Kanu s'est ouvert le 21 octobre à la Haute Cour fédérale d’Abuja. Ce procès est considéré comme « à haut risque »  par les observateurs, dans un contexte de montée des velléités indépendantistes au Nigeria. Le chef du  Mouvement des peuples indigènes du Biafra (Ipob) a été arrêté à l’étranger et ramené fin juin au Nigeria dans des circonstances encore floues. Il est accusé notamment de « terrorisme, trahison et possession illégale d’armes à feu ». Ce cas met également en lumière les nombreuses divisions ethniques du Nigeria, comme celles entre agriculteurs et éleveurs dans le nord, puisque les violences sont rarement jugées. Selon Emmanuel Onwubiko, directeur de l'ONG Human Rights Writers Association (Huriwa), « Ces cinq dernières années, des terroristes ont tué des agriculteurs partout dans le nord, et n’ont jamais été inquiétés par le gouvernement ».

Nnamdi Kanu, the Biafran pro-independence leader goes to court

The trial of Biafran separatist leader Nnamdi Kanu, initially scheduled for 26 July, opened on 21 October at the Federal High Court in Abuja. This trial is considered "high risk" by observers, in a context of rising independence aspirations in Nigeria. The leader of the Indigenous People's Movement of Biafra (Ipob) was arrested abroad and brought back to Nigeria at the end of June in circumstances that are still unclear. He is accused of, among other things, "terrorism, treason and illegal possession of firearms". This case also highlights the many ethnic divisions in Nigeria. According to Emmanuel Onwubiko, director of the NGO Human Rights Writers Association (Huriwa), "For the past five years, terrorists have been killing farmers all over the north, and have never been bothered by the government.

 
 

Sources médiatiques

 
 

Des suspects de l’attaque de Kouré au Niger ont été incarcérés

En août 2020, six humanitaires français de l'ONG ACTED, ainsi que leur guide et leur chauffeur nigériens, avaient été tués par des groupes armés non identifiés dans le parc animalier des girafes de Kouré. La justice nigérienne révèle, le 22 octobre, que onze personnes soupçonnées d'avoir pris part à cette attaque ont été arrêtées ces derniers mois. Parmi les suspects inculpés, on compterait un guetteur et un donneur d'ordre intermédiaire. Par ailleurs, les autres suspects interpellés appartiendraient à deux cellules logistiques démantelées à Niamey et dans le village de Tchoubi où le véhicule de l'ONG ACTED avait été pris en chasse.

Suspects of the Kouré attack in Niger have been detained

In August 2020, six French aid workers from the NGO Acted, as well as their Nigerien guide and driver, were killed by unidentified armed groups in the Kouré giraffe park. The Nigerien justice system revealed on 22 October that eleven people suspected of having taken part in this attack had been arrested in recent months. The suspects charged include a spotter and an intermediary organiser. The other suspects arrested are believed to belong to two logistical cells dismantled in Niamey and in the village of Tchoubi where the Acted vehicle was chased.

 
 

Au Nigeria, un homme arrêté par la police islamique après avoir voulu se vendre aux enchères

La police islamique de Kano au Nigeria a arrêté Aliyu Idris, un tailleur de 26 ans qui voulait se vendre aux enchères pour échapper à la pauvreté. La police des mœurs à Kano l’a interpellé après la diffusion de photos sur les réseaux sociaux le montrant avec une affichette indiquant qu’il était à vendre aux enchères au prix de départ de 20 millions de nairas (environ 42 000 euros). Il souhaitait échapper à son « insupportable pauvreté » et promettait d’être « un serviteur loyal » à celui qui l’achèterait. Lawal Ibrahim Fagge, porte-parole de la police religieuse, a déclaré « nous l’avons arrêté pour s’être mis en vente, ce qui est illégal en vertu de la loi islamique ». Confronté à sa deuxième récession en cinq ans et à une importante inflation des denrées alimentaires, le Nigeria fait face à la pauvreté de nombreux habitants, dont la plupart vivent avec moins de 2 dollars par jour.

In Nigeria, a man arrested by the Islamic police after trying to sell himself at auction

The Islamic police in Kano, Nigeria, have arrested Aliyu Idris, a 26-year-old tailor who wanted to sell himself at auction to escape poverty. The vice police in Kano arrested him after photos were posted on social media showing him with a placard saying he was for auction at a starting price of 20 million naira (about €42,000). He wanted to escape his "unbearable poverty", and promised to be a "loyal servant" to whoever would buy him. Lawal Ibrahim Fagge, a spokesman for the religious police, said "we arrested him for offering himself for sale, which is illegal under Islamic law". Faced with its second recession in five years and high food inflation, Nigeria faces poverty for many people, most of whom live on less than $2 a day.

 
 

Des passeurs organisant un trafic de migrants entre le Niger et l’Europe ont été interpellés

Trois trafiquants ont été arrêtés cette semaine à Zinder, dans le sud du Niger, alors qu'ils transportaient une quinzaine de migrants. Le principal logeur a également été interpellé alors qu'il hébergeait une quinzaine de migrants à son domicile à Maradi. Ils sont tous les trois membres d'un réseau de trafic illicite de migrants, qui transitent du Niger vers l'Europe. Le trafic avait pour origine la ville de Kano, au Nigeria voisin, d'où sont originaires les personnes qui devaient rallier l'Europe. Les suspects ont été interpellés dans le cadre d'une enquête menée conjointement par la police nigérienne, espagnole et française. Depuis 2019, 150 filières ont été démantelées et 543 « trafiquants » écroués au Niger ou ailleurs. Profitant de la situation, les passeurs rackettent régulièrement les migrants, et leur font subir des violences physiques au cours de leur médiation.

Smugglers organising a traffic of migrants between Niger and Europe have been arrested

Three traffickers were arrested this week in Zinder, southern Niger, while transporting around 15 migrants. The main host was also arrested while housing around 15 migrants at his home in Maradi. All three are members of a migrant smuggling network, which transits from Niger to Europe. The smuggling originated in the city of Kano, in neighbouring Nigeria, where the people who were to reach Europe came from. The suspects were arrested as part of a joint investigation by the Nigerien, Spanish and French police. Since 2019, 150 networks have been dismantled and 543 "traffickers" imprisoned in Niger or elsewhere. Taking advantage of the situation, smugglers regularly extort money from migrants and physically abuse them during their mediation.

 
 

Au Nigeria, les combats ont repris entre Boko Haram et le groupe État Islamique

La mort d’Abubakar Shekau, leader de la branche Jamaat Ahl Al-Sunnah (JAS, communément qualifiée de branche historique de Boko Haram) n’a pas mis fin aux combats entre groupes djihadistes rivaux au Nigeria. Six mois après la mort de Shekau, tous les anciens combattants du groupe considéré comme le canal « historique » de Boko Haram n’ont pas rendu les armes et continuent à se battre contre les hommes du groupe État Islamique (ISWAP). Au Cameroun, les hommes de JAS ne se regroupent pas dans une résistance organisée, mais du côté du lac Tchad, une sous-faction du JAS subsiste sous la houlette d’Ibrahim Bakoura. Encerclés par l’ISWAP qui contrôle aussi la route qui mène au bassin du lac Tchad, les anciens fidèles de Shekau ont des effectifs et des moyens dérisoires face à la puissance de feu du groupe État Islamique en Afrique de l’Ouest.

In Nigeria, fighting has resumed between Boko Haram and the Islamic State group

The death of Abubakar Shekau, leader of Jamaat Ahl Al-Sunnah (JAS, commonly referred to as the historical branch of Boko Haram) has not ended the fighting between rival jihadist groups in Nigeria. Six months after Shekau's death, not all former fighters of the group considered the "historic" channel of Boko Haram have surrendered their weapons and continue to fight against the men of the Islamic State group (ISWAP). In Cameroon, the JAS men are not grouped into an organized resistance, but on the Lake Chad side, a JAS sub-faction remains under the leadership of Ibrahim Bakoura. Surrounded by ISWAP, which also controls the road to the Lake Chad Basin, Shekau's former followers have very little manpower and resources in the face of the firepower of the Islamic State group in West Africa.

 
 

Des dizaines de disparus à Lagos après l'effondrement d'un immeuble en construction

Un immeuble de 21 étages situé sur l'une des avenues les plus chics de Lagos, dans le quartier d'Ikoyi, s'est effondré le 1er novembre, alors que des dizaines d'ouvriers se trouvaient sur le chantier. Un premier bilan fait état de quatre morts, mais des dizaines d’ouvriers sont toujours coincés sous les décombres. On ignore pour l’heure la cause de l’effondrement. Bloqués par des embouteillages provoqués par cette catastrophe, les secours et les équipes chargées de déblayer les gravats ont mis plusieurs heures à arriver sur le site. L’effondrement de bâtiments est une tragédie fréquente au Nigeria, où des millions de personnes vivent dans des immeubles délabrés et où la législation concernant la construction est régulièrement bafouée. L’une des pires catastrophes, survenue en 2014, avait causé la mort de 116 victimes.

21-storey skyscraper collapses in Lagos, dozens missing

A 21-storey building on one of Lagos' most exclusive avenues, in the Ikoyi district, collapsed on 1 November while dozens of workers were on the site. An initial death toll of four was reported, but dozens of workers are still trapped under the rubble. The cause of the collapse is not yet known. Blocked by traffic jams caused by the disaster, it took several hours for rescue workers and rubble removal teams to arrive at the site. Collapsed buildings are a common tragedy in Nigeria, where millions of people live in dilapidated buildings and construction laws are regularly flouted. One of the worst disasters, in 2014, killed 116 people.

 
 

Source institutionnelle

 
 

L’ONU est préoccupée par les défis humanitaires et sécuritaires au Niger

Le 25 octobre, le Niger a reçu la délégation du conseil de sécurité conduite par le trio de représentants à l'ONU de la France, du Kenya et du Niger. Cette visite de 24 heures a porté sur la situation sécuritaire et humanitaire au Niger, et a notamment été ponctuée d’une visite du poste de commandement du G5 Sahel à Niamey.  Les membres de la mission de l’ONU ont discuté des défis humanitaires et du développement, liés au changement climatique au Niger. Ils ont par ailleurs salué les avancées enregistrées par le Niger. Les membres du conseil de sécurité ont également salué le sacrifice des soldats nigériens tombés sur le champ d’honneur.

UN concerned about humanitarian and security challenges in Niger

On 25 October, Niger received the Security Council delegation led by the trio of UN representatives from France, Kenya and Niger. The 24-hour visit focused on the security and humanitarian situation in Niger, including a visit to the G5 Sahel command post in Niamey.  The members of the UN mission discussed the humanitarian and development challenges linked to climate change in Niger. They also welcomed the progress made by Niger. The members of the Security Council also paid tribute to the sacrifice of Nigerien soldiers who fell on the field of honour.

 
 

Plus de 100 millions d’Africains menacés par le réchauffement climatique d’ici à 2030 selon l’ONU

Josefa Leonel Correia Sacko, la commissaire à l’économie rurale et à l’agriculture de la Commission de l’Union africaine (UA), Josefa Leonel Correia Sacko a déclaré que « d’ici à 2030, l’ONU estime que jusqu’à 118 millions de personnes extrêmement pauvres (c’est-à-dire vivant avec moins de 1,90 dollar par jour) seront exposées à la sécheresse, aux inondations et aux chaleurs extrêmes en Afrique si des mesures adéquates ne sont pas prises ». Pour se préparer à l’intensification des phénomènes climatiques dangereux à fort impact, l’ONU appelle l’Afrique à investir dans les infrastructures hydrométéorologiques et les systèmes d’alerte précoce. La zone côtière du Nigeria devrait être particulièrement menacée par la montée des eaux. Les tensions intercommunautaires liées à l’accès aux ressources devraient par ailleurs d’accroître en raison d’une plus grande compétition pour leur accès.

More than 100 million Africans at risk from global warming by 2030, says UN

Josefa Leonel Correia Sacko, Commissioner for Rural Economy and Agriculture of the African Union (AU) Commission, Josefa Leonel Correia Sacko said that "by 2030, the UN estimates that up to 118 million extremely poor people (i.e. living on less than $1.90 a day) will be exposed to drought, floods and extreme heat in Africa if adequate measures are not taken". To prepare for the intensification of high-impact climate hazards, the UN calls on Africa to invest in hydrometeorological infrastructure and early warning systems. Nigeria's coastal zone is expected to be particularly at risk from rising sea levels.

 
 

Source société civile

 
 

Un an après le massacre du péage de Lekki, des manifestations pour rendre hommage aux victimes et des questions sur la justice au Nigeria

Mercredi 20 octobre, la jeunesse nigériane a commémoré la tuerie survenue sur le péage de Lekki, un an plus tôt. L'armée avait alors ouvert le feu sur un rassemblement pacifique, causant la mort d'au moins 10 personnes et mettant fin à deux semaines de protestations inédites dans le pays. Au niveau national, au moins 56 personnes ont trouvé la mort. Un an plus tard, les victimes et leurs familles n'ont toujours pas reçu justice, selon Amnesty International et Human Rights Watch. Toujours selon l’ONG, les perspectives quant à la responsabilisation restent peu concluantes. HRW appelle les autorités nigérianes à prendre des mesures concrètes et décisives pour faire en sorte que les personnes impliquées dans les exactions commises contre les manifestants aient à rendre des comptes.

One year after the Lekki tollgate massacre, demonstrations to honour the victims and questions about justice in Nigeria

On Wednesday 20 October, Nigerian youths commemorated the killing at the Lekki toll plaza one year earlier. The army opened fire on a peaceful rally, killing at least 10 people and ending two weeks of unprecedented protests in the country. Nationally, at least 56 people were killed. One year later, the victims and their families have still not received justice, according to Amnesty International and Human Rights Watch. According to the NGO, prospects for accountability remain inconclusive and bleak. HRW calls Nigerian authorities should to take concrete and decisive steps to ensure that those implicated in abuses against protesters are held accountable.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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