Boko Haram / Négociations avec les terroristes / Attaques de masse contre les civils au Niger ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / SAHEL : Nigeria - Niger
9 avril 2021
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par l'analyse des nouvelles méthodes des groupes armés terroristes au Niger. Au mois de mars, des attaques sans précédent contre des villages et des campements dans l’ouest du Niger ont fait plus de 200 morts en l'espace de six jours.  Alors que jusqu’à présent le groupe État islamique ciblait quelques individus isolés, souvent en guise de représailles, les attaques de grande ampleur contre les civils semblent désormais se généraliser.

Dans le reste de l’actualité, Mahamane Ousmane affirme rejeter la décision de la Cour constitutionnelle validant l'élection de Mohamed Bazoum. L'opposition nigérienne continue à appeler ses partisans à des marches pacifiques.  Une tentative de coup d’État aurait été déjouée à Niamey. Au Nigeria, les actions de Boko Haram se poursuivent, puisque des combattants du groupe ont saboté le réseau électrique de Maiduguri, renforçant la précarité d’une grande partie des habitants de la métropole. Human Rights Watch dénonce l’entrave de l’aide humanitaire au Nigeria par les restrictions imposées par les autorités. Par ailleurs, l’attaque d’une prison dans le sud-est du pays a permis à plus de 1 800 détenus de s’évader. Le groupe indépendantiste biafrais Ifob est suspecté.


The news of the last two weeks has been marked by an analysis of the new methods of armed terrorist groups in Niger. In March, unprecedented attacks on villages and settlements in western Niger left more than 200 people dead in the space of six days.  Whereas until now the Islamic State group has targeted a few isolated individuals, often in retaliation, large-scale attacks on civilians now seem to be becoming more widespread.

In other news, Mahamane Ousmane said he rejected the decision of the Constitutional Court validating the election of Mohamed Bazoum. The Nigerien opposition continues to call for peaceful marches by its supporters.  A coup attempt was reportedly foiled in Niamey. In Nigeria, Boko Haram's actions continue, as fighters from the group sabotaged the electricity grid in Maiduguri, increasing the precariousness of many of the metropolis' inhabitants. Human Rights Watch denounces the obstruction of humanitarian aid in Nigeria by restrictions imposed by the authorities. In addition, an attack on a prison in the south-east of the country allowed more than 1,800 prisoners to escape. The Biafran independence group Ifob is suspected.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Les attaques de masse contre les civils, nouvelle méthode des jihadistes au Niger

Au mois de mars, des attaques sans précédent contre des villages et des campements dans l’ouest du Niger ont fait plus de 200 morts en l'espace de six jours.  Ces violences n’ont pas été revendiquées, mais elles portent la marque du groupe État islamique au Grand Sahara (EIGS), seul grand groupe jihadiste dans cette zone suffisamment bien organisé pour mener des assauts de cette ampleur. Depuis le début de l'année, quatre attaques ont visé des civils dans cette zone. Jusqu’à présent, si le groupe État islamique ciblait quelques individus isolés, en représailles par exemple à leur collaboration avec le gouvernement ou avec un groupe jihadiste ennemi, cette fois, il s’agit d’une punition collective selon Ibrahim Yahaya Ibrahim, analyste principal à l’International Crisis Group.

Mass attacks on civilians, a new method for jihadists in Niger

In March, unprecedented attacks on villages and settlements in western Niger left more than 200 people dead in a six-day period.  No one has claimed responsibility for the violence, but it bears the hallmark of the Islamic State in the Greater Sahara (EIGS), the only major jihadist group in the area that is sufficiently well organised to carry out attacks on this scale. Since the beginning of the year, four attacks have targeted civilians in the area. Until now, while the Islamic State group has targeted a few isolated individuals, for example in retaliation for their collaboration with the government or an enemy jihadist group, this time it is collective punishment, according to Ibrahim Yahaya Ibrahim, senior analyst at the International Crisis Group.

 
 

Sources médiatiques

 
 

La ville de Maiduguri privée d'électricité après un nouveau sabotage de Boko Haram

Maiduguri, la capitale de l’État de Borno, au nord-est du Nigeria, est à nouveau privée d’électricité après le sabotage des infrastructures électriques samedi 27 mars, par les jihadistes. C’est la deuxième fois en quelques mois que le réseau électrique qui alimente cette métropole est coupé par les hommes du groupe Boko Haram, qui opèrent dans la région. ISWAP, la branche de Boko Haram affiliée au groupe État Islamique avait effectué et revendiqué une attaque similaire en janvier. Les conséquences de ces sabotages à répétition sont terribles pour les habitants de la ville de Maiduguri qui abrite aussi 1 million de déplacés du conflit contre Boko Haram.

Maiduguri city without electricity after new Boko Haram sabotage

Maiduguri, the capital of Borno State in north-eastern Nigeria, is once again without electricity after jihadists sabotaged the electrical infrastructure on Saturday 27 March. This is the second time in a few months that the electricity network that supplies the metropolis has been cut by the men of the Boko Haram group, which operates in the region. ISWAP, the Islamic State-affiliated branch of Boko Haram, carried out and claimed responsibility for a similar attack in January. The consequences of these repeated sabotages are terrible for the inhabitants of the city of Maiduguri, which is also home to 1 million people displaced by the conflict against Boko Haram.


 
 

Dans le sud-est du Nigeria, plus de 1 800 détenus s’évadent lors de l’attaque d’une prison

La prison d'Owerri, dans le sud-est du Nigeria, a été attaquée le lundi 5 avril par des « hommes armés non-identifiés », ont annoncé les services pénitentiaires du pays. Les autorités pénitentiaires ont confirmé l’évasion de plus de 1 800 détenus de la prison d’État d’Owerri, dans l’État d’Imo, et détaillé le déroulé de cette attaque. Vers deux heures du matin, les hommes armés sont arrivés en nombre, à bord de camionnettes. Ils ont utilisé des explosifs pour entrer dans la prison et ont attaqué le personnel de sécurité présent. L'attaque n’a pas été revendiquée, mais les soupçons se tournent vers l’Ipob, le groupe indépendantiste du Biafra, implanté dans la région d’Imo, où a eu lieu cette attaque.

More than 1,800 inmates escape in prison attack in southeast Nigeria

The Owerri prison in south-eastern Nigeria was attacked on Monday 5 April by "unidentified gunmen", the country's prison service announced. Prison authorities confirmed the escape of more than 1,800 inmates from the Owerri State Prison in Imo State and detailed the attack. At about 2 am, the gunmen arrived in large numbers in pick-up trucks and used explosives to enter the prison, where they attacked the security personnel present. No one has claimed responsibility for the attack, but suspicions have been raised about Ipob, the Biafran independence group based in the Imo region, where the attack took place.

 
 

Mohamed Bazoum n’envisage pas la négociation avec les terroristes

Dans une récente interview accordée à RFI et à France 24, le vainqueur des dernières élections présidentielles Mohamed Bazoum s’est longuement appesanti sur le problème sécuritaire. « Nous ne pouvons pas envisager quelque dialogue que ce soit dans la mesure où il n’y a pas de chefs djihadistes nigériens ni de bases djihadistes sur le territoire nigérien encore moins de déclarations de guerre contre l’État nigérien. Nous ne pouvons pas discuter avec des non-Nigériens. Notre situation n’est pas comparable à celle du Mali . » Bazoum s’inscrit donc dans la même position que son prédécesseur Issoufou, en affirmant que le Niger n’est qu’une victime collatérale de l’escalade sécuritaire qui touche les voisins de l’ouest. Bazoum a également souligné l’importance d’éviter les dérives d’affrontements intercommunautaires.

Mohamed Bazoum does not consider negotiating with terrorists

In a recent interview with RFI and France 24, the winner of the last presidential elections Mohamed Bazoum dwelt at length on the security problem. "We cannot envisage any dialogue whatsoever insofar as there are no Nigerien jihadist leaders or jihadist bases on Nigerien territory, let alone declarations of war against the Nigerien state. We cannot discuss with non-Nigerians. Our situation is not comparable to that of Mali. Bazoum is therefore in line with his predecessor Issoufou, saying that Niger is only a collateral victim of the security escalation affecting its western neighbours. Bazoum also stressed the importance of avoiding the drift of inter-community clashes.

 
 

Au Nigeria, des objets et œuvres d’art pillés enfin restitués ?

L’université écossaise d’Aberdeen va rendre un « bronze du Bénin » pillé par les Britanniques en 1897, qu’elle a acquis lors d’une vente aux enchères. Il s’agit d’une  sculpture d'un buste noir, symbolique, représentant un oba, c'est-à-dire un roi, Il s’agit de l'une des centaines de pièces pillées par les Britanniques lors de la prise de l'ancienne ville d'Edo en 1897, alors capitale du royaume du Benin, aujourd'hui Benin City au Nigeria. Lai Mohammed, ministre nigérian de l'Information et de la Culture, a salué ce geste. Le British Museum commencera également une restitution d’objets sous forme de prêt. Le Nigeria veut construire à Benin City un nouveau musée pour exposer les précieux bronzes. Celui-ci devrait être prêt à la fin de l'année 2024.

In Nigeria, looted objects and works of art finally returned?

The University of Aberdeen in Scotland is returning a "Benin bronze" looted by the British in 1897, which it acquired at auction. It is a sculpture of a symbolic black bust of an oba, or king. It is one of hundreds of pieces looted by the British when they captured the ancient city of Edo in 1897, then the capital of the kingdom of Benin, now Benin City in Nigeria. Lai Mohammed, Nigeria's Minister of Information and Culture, welcomed the move. The British Museum will also begin a return of objects on loan. Nigeria wants to build a new museum in Benin City to display the precious bronzes. This should be ready by the end of 2024.


 
 

La CNDH du Niger confirme des cas de viols commis par les troupes tchadiennes du G5 Sahel au Niger

Dans un rapport rendu public le 2 avril, la Commission Nationale des Droits Humains du Niger a confirmé que plusieurs viols avaient été commis par les troupes tchadiennes du G5 Sahel. Selon le porte-parole de la CNDH, « il y a eu des viols sur une fille de onze ans en classe de CE2 et de deux femmes mariées, dont une enceinte, violées en présence de leur mari sous la menace d'armes à feu par les agresseurs.» Les autorités tchadiennes ont reconnu les faits et ont rapatrié immédiatement les soldats tchadiens concernés. Elles promettent des sanctions, et appellent cependant à ne pas généraliser pour ne pas ternir l’image de l’armée tchadienne.

Niger's CNDH confirms cases of rape committed by Chadian G5 Sahel troops in Niger

In a report made public on 2 April, Niger's National Human Rights Commission confirmed that several rapes had been committed by Chadian G5 Sahel troops. According to the CNDH spokesperson, "there were rapes of an eleven-year-old girl in the third grade and of two married women, one of whom was pregnant, raped in the presence of their husbands at gunpoint by the attackers." The Chadian authorities acknowledged the facts and immediately repatriated the Chadian soldiers concerned. They promised sanctions, but called on them not to generalise so as not to tarnish the image of the Chadian army.

 
 

Une tentative de coup d’État a été déjouée au Niger

Les autorités nigériennes affirment qu'une « tentative de coup d'État » a été déjouée dans la nuit de mardi à mercredi 31 mars à Niamey. De nombreux habitants de la capitale ont été réveillés en sursaut à trois heures du matin par des tirs nourris qui ont duré moins d'une demi-heure. Des tirs dans le centre-ville, dans le quartier administratif, aux abords du ministère des Affaires étrangères et de la présidence. Le chef des assaillants, le capitaine Gourouza serait en fuite. Cet événement est survenu quarante-huit heures avant l’investiture de Mohamed Bazoum, le nouveau président de la République.

Coup attempt foiled in Niger

The Nigerien authorities claim that a "coup attempt" was foiled on Tuesday night in Niamey. Many residents of the capital were woken up at 3am by heavy gunfire that lasted less than half an hour. Shots were fired in the city centre, in the administrative district, in the vicinity of the Ministry of Foreign Affairs and the Presidency. The leader of the assailants, Captain Gourouza, is reportedly on the run. This event occurred forty-eight hours before the inauguration of Mohamed Bazoum, the new president of the Republic.

 
 

Source religieuse

 
 

Au Nigeria, un diocèse aide à reloger les victimes de Boko Haram

Au Nigeria, alors qu’une partie du territoire est sous la coupe de djihadistes et groupes armés, un diocèse construit un village pour reloger les familles ayant fui les violences de Boko Haram. Depuis 2014, le diocèse de Yola, dans l’État d’Adamawa, dans l’est du Nigeria, accueille des milliers de personnes ayant fui les zones occupées ou détruites par le groupe djihadiste Boko Haram. Dans les espaces de la cathédrale Sainte-Thérèse, dans les paroisses ou dans les écoles, les religieux se sont chargés de fournir un logis d’appoint aux réfugiés. Un quartier est en cours de construction, avec la contribution de « Missio » en Allemagne, le principal bailleur de fonds des projets du diocèse de Yola. D’ici la mi-avril, environ 90 familles devraient être relogées.

Diocese in Nigeria helps relocate Boko Haram victims

In Nigeria, while part of the territory is under the control of jihadists and armed groups, a diocese is building a village to relocate families who have fled Boko Haram violence. Since 2014, the diocese of Yola, in Adamawa State, eastern Nigeria, has been hosting thousands of people who fled areas occupied or destroyed by the jihadist group Boko Haram. In the spaces of St. Theresa's Cathedral, in parishes or in schools, religious have taken on the task of providing extra accommodation for the refugees. A neighbourhood is being built with the help of "Missio" in Germany, the main donor of the projects of the diocese of Yola. By mid-April, about 90 families should be rehoused.

 
 

Source société civile 

 
 

Human Rights Watch dénonce l’entrave de l’aide humanitaire au Nigeria par les restrictions imposées par les autorités

Dans un communiqué publié par Human Rights Watch (HRW) le 4 avril, l’ONG dénonce que les agences d'aide humanitaire ne sont pas en mesure de répondre efficacement à la crise dans le nord-est du Nigeria en raison de l'insécurité et des restrictions opérationnelles imposées par les autorités militaires et civiles. Ces restrictions nuisent à l’indépendance des organisations humanitaires, ce qui les rend plus vulnérables au risque d’attaques par le groupe armé Boko Haram, alors que plus de sept millions de personnes ont urgemment besoin d'aide humanitaire dans le nord-est du Nigeria. Pourtant, depuis plusieurs années, les autorités militaires ont restreint l’accès des organisations humanitaires aux zones non contrôlées par le gouvernement, en vertu de la loi de 2013 sur la prévention du terrorisme.

Human Rights Watch condemns restrictions on humanitarian aid in Nigeria

In a statement released by Human Rights Watch (HRW) on April 4, the NGO denounces that humanitarian aid agencies are unable to respond effectively to the crisis in northeastern Nigeria due to insecurity and operational restrictions imposed by military and civilian authorities. These restrictions undermine the independence of humanitarian organisations, making them more vulnerable to attack by the armed group Boko Haram, while more than 7 million people are in urgent need of humanitarian assistance in north-eastern Nigeria. Yet for several years, the military authorities have restricted humanitarian organisations' access to non-government-controlled areas under the Prevention of Terrorism Act of 2013.

 
 
 
 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.

 
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