Tensions en Casamance / Homosexualité au Sénégal / Communauté mouride ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
Senegal guinée
VEILLE PHAROS / SÉNÉGAL - GUINÉE
11 février 2022
 
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L’actualité de ces deux dernières semaines a été marquée par une importante polémique au Sénégal au sujet des propos d’un imam sur la communauté catholique. Au cours d’une émission télévisée, l’imam Serigne Lamine Sall a affirmé que les catholiques étaient des mécréants aux yeux de l’islam. Condamné par la communauté catholique comme musulmane, l’imam a été contraint de présenter ses excuses.

Dans le reste de l’actualité, le journal Le Point a publié un article sur l’archevêque Monseigneur Robert Sarah, comparé au prix Nobel Desmond Tutu en Guinée. Par ailleurs, l’avancée du processus démocratique y est questionnée, alors que la CEDEAO s’inquiète du manque de dialogue national dans le pays. Elle est également attentive au retard sur le délai initialement fixé pour la transition civile, six mois après le coup d’Etat militaire. Au Sénégal, le retour de déplacés du conflit en Casamance semble toujours compromis, alors qu’une partie des villages est toujours minée. Au niveau religieux, un leader musulman sénégalais invite à repenser le rapport entre religion et État, afin de préserver la cohésion sociale, et que les mosquées soient des relais pour la société.


The news of the last two weeks has been marked by an important controversy in Senegal concerning the remarks of an imam on the Catholic community. During a televised broadcast, Imam Serigne Lamine Sall stated that Catholics were miscreants in the eyes of Islam. Condemned by the Catholic and Muslim community alike, the imam was forced to apologize.

In other news, the newspaper Le Point published an article on Archbishop Robert Sarah, who was compared to Nobel Prize winner Desmond Tutu in Guinea. In addition, the progress of the democratic process is questioned, while ECOWAS is concerned about the lack of national dialogue in the country, and the delay in the deadline initially set for the civilian transition, six months after the military coup. In Senegal, the return of displaced persons from the conflict in Casamance still appears to be in jeopardy, while some villages are still mined. At the religious level, a Senegalese Muslim leader is calling for a rethinking of the relationship between religion and the state, in order to preserve social cohesion, and for mosques to be relays for society.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Polémique au Sénégal après qu’un imam ait accusé les catholiques du pays d’être des mécréants

Le 24 février, l’imam Serigne Lamine Sall invité sur le plateau de la chaîne Walf TV, a notamment affirmé que les catholiques étaient « condamnés de la même manière » que les francs-maçons et les juifs dans l’islam. Selon lui, il n’existe que deux religions, « l’islam et les mécréants ». Les associations et mouvements catholiques ont immédiatement exigé des excuses après les propos de l’imam Serigne Lamine Sall. Alphonse Birame Ndour, vicaire épiscopal de l’Église catholique du Sénégal, chargé du dialogue interreligieux, a notamment affirmé que la cohésion nationale pouvait être menacée par ce genre de propos. Quelques jours après sa sortie controversée, l’imam a présenté ses excuses à la communauté catholique sénégalaise. Ces propos ont été condamnés par une grande majorité d’autres leaders religieux.

Controversy in Senegal after an imam accused the country's Catholics of being miscreants

On February 24, Imam Serigne Lamine Sall, a guest on Walf TV, said that Catholics were "condemned in the same way" as Freemasons and Jews in Islam. According to him, there are only two religions, "Islam and the miscreants". Catholic associations and movements immediately demanded an apology after the remarks of Imam Serigne Lamine Sall. Alphonse Birame Ndour, episcopal vicar of the Catholic Church of Senegal, in charge of interreligious dialogue, said that national cohesion could be threatened by this kind of remarks. A few days after his controversial statement, the imam apologized to the Senegalese Catholic community. These remarks were condemned by a large majority of other religious leaders.

 
 

Sources médiatiques

 
 

Portrait de Monseigneur Robert Sarah, le “Desmond Tutu guinéen"

Intronisé cardinal en 2010 par le pape Benoît XVI, Robert Sarah, archevêque de Conakry de 1979 à 2001 a traversé les évolutions de la Guinée contemporaine, et est parfois comparé au prix Nobel de la paix Desmond Tutu. En Guinée, monseigneur Sarah est considéré comme une icône, passant pour être “la voix des sans voix”. Il est issu d’une minorité ethnique (les Conianguis ne représentent pas 1% de la population guinéenne), ainsi que religieuse, puisque les chrétiens représentent à peine 10% de la population. A la manière de l’archevêque sudafricain, monseigneur Sarah interpelle régulièrement les élites sur les questions de morale et de droits humains. Par ailleurs, l’archevêque de Conakry ne s’est jamais compromis avec les hommes d’Etat successifs, et a condamné sans relâche les différentes répressions et la corruption en Guinée, malgré les pressions.

Portrait of Bishop Robert Sarah, the "Guinean Desmond Tutu"

Inducted as a cardinal in 2010 by Pope Benedict XVI, Robert Sarah, Archbishop of Conakry from 1979 to 2001, has lived through the evolution of contemporary Guinea, and is sometimes compared to Nobel Peace Prize winner Desmond Tutu. In Guinea, Archbishop Sarah is considered an icon, known as "the voice of the voiceless. He comes from an ethnic minority (the Conianguis do not represent 1% of the Guinean population), as well as a religious one, since Christians represent barely 10% of the population. Like the South African archbishop, Archbishop Sarah regularly challenges the elite on issues of morality and human rights. Furthermore, the Archbishop of Conakry has never compromised with successive statesmen, and has relentlessly condemned the various repressions and corruption in Guinea, despite pressure.

 
 

La transition questionnée en Guinée

Une équipe de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des Nations unies était à Conakry dimanche et lundi pour rencontrer société civile, politiques et putschistes au pouvoir. Le jeudi 3 mars, la CEDEAO a mis la pression sur le gouvernement militaire, en notant le non-respect du délai de six mois initialement fixé pour la transition. De nombreux acteurs, notamment nationaux, au sein de la société civile, se plaignent du flou autour de la transition. La CEDEAO et la société civile guinéenne regrettent l’absence de cadre de dialogue, et de consultation des acteurs sociopolitiques.

Transition postponed in Guinea

A team from the ECOWAS and the United Nations was in Conakry on Sunday and Monday to meet with civil society, politicians, and ruling coup plotters. On Thursday, March 3, ECOWAS put pressure on the military government, noting the failure to meet the six-month deadline initially set for the transition. Many actors, including national actors in civil society, are complaining about the lack of clarity around the transition. ECOWAS and Guinean civil society regret the lack of a framework for dialogue and consultation with socio-political actors.

 
 

Retour des populations déplacées en Casamance

Une dizaine de mois après les opérations de ratissage menées par l’armée sénégalaise dans l’arrondissement de Niassya, le processus de retour des populations reste encore très limité. Les villes de Kayinga, Badem ou Bouniack peinent à retrouver leurs habitants, étant donné les problèmes de sécurisation de la zone. Ces villages font désormais figure de villages fantômes, où les fruits pourrissent sur les arbres, symbole de l’absence des habitants. Afin de permettre aux déplacés de retourner dans leurs villages, les autorités devraient se saisir du défi du déminage. 

Return of displaced populations in Casamance

Ten months after the Senegalese Army conducted sweeps in the Niassya district, the process of population return is still very limited. The towns of Kayinga, Badem and Bouniack are struggling to regain their inhabitants, given the problems of securing the area. These villages are now like ghost villages, with fruit rotting on the trees, a symbol of the absence of the inhabitants. In order to allow the displaced to return to their villages, the authorities should take up the challenge of demining. 

 
 

Le procès pour le massacre du 28 septembre 2009 en Guinée reporté

Les nouvelles autorités guinéennes misaient sur un démarrage du procès dans l’actuelle cour d’appel de Conakry, en attendant que le nouveau tribunal soit prêt. Toutefois, cette option est aujourd’hui abandonnée car ce site ne répond pas aux standards nécessaires pour abriter un procès d’une telle envergure. Le 28 septembre 2009, un rassemblement à l’appel de l’opposition au stade de Conakry avait été durement réprimé par les forces de sécurité. Près de 150 morts avaient été dénombrés, et au moins une centaine de femmes avaient été violées par les forces de l’ordre. Des observateurs craignent la mauvaise volonté du gouvernement de transition à vouloir tenir ce procès prochainement, alors que plus de 12 années se sont écoulées depuis les faits.

Trial for the September 28, 2009 massacre in Guinea postponed

While the new Guinean authorities were banking on the trial starting in the current Conakry Court of Appeals until the new court was ready, this option has now been abandoned, as the site does not meet the necessary standards to host a trial of this scale. On September 28, 2009, a rally called by the opposition at Conakry's stadium was severely repressed by security forces. Nearly 150 people were killed, and at least 100 women were raped by security forces. Observers fear that the transitional government is unwilling to hold the trial soon, even though more than 12 years have passed since the events.

 
 

Source institutionnelle

 
 

Des financiers du Hezbollah actifs en Guinée identifiés par les États-Unis

Selon Ned Price, le porte-parole du département d’État américain, les États-Unis ont identifié deux financiers du Hezbollah opérant en Guinée, Ali Saade et Ibrahim Taher.  Cette action des États-Unis a pour objectif de contrer le réseau commercial du Hezbollah en Afrique occidentale, qui s'appuie sur la corruption pour contourner l'État de droit. Selon le département d’État américain, le Hezbollah a développé un réseau mondial de financiers, de donateurs et d’intermédiaires à travers le monde, afin de soutenir les activités économiques du groupe politico-religieux.

Hizballah financiers active in Guinea identified by the United States

According to U.S. State Department spokesman Ned Price, the United States has identified two Hizballah financiers operating in Guinea: Ali Saade and Ibrahim Taher.  The U.S. action is aimed at countering Hezbollah's commercial network in West Africa, which relies on corruption to circumvent the rule of law. According to the U.S. State Department, Hizballah has developed a global network of financiers, donors and intermediaries around the world to support the political and religious group's economic activities.

 
 

Source religieuse

 
 

Au Sénégal, un leader religieux musulman interroge la cohésion nationale et la reconsidération du discours religieux

Seydi Issa Laye, le président du Comité d’organisation de l’Appel de Seydina Limamoulaye a plaidé pour une déconstruction du discours religieux, qui, selon lui, ne répond plus aux exigences du moment. Selon lui, il est important que tout ce qui peut nuire à l’entente entre communautés religieuses soit évité. Selon le leader religieux, il est important de mettre en avant la citoyenneté au Sénégal, rappelant que le Sénégal n’appartient pas à une majorité ou à une minorité religieuse, mais à tout le monde. Seydi Issa Laye appelle à ce que les mosquées soient “des relais pour la société, spécialement pour les jeunes”.

In Senegal, a Muslim religious leader questions national cohesion and the reconsideration of religious discourse

Seydi Issa Laye, president of the Seydina Limamoulaye Appeals Organizing Committee, called for a deconstruction of religious discourse, which, according to him, no longer meets the demands of the moment. According to him, it is important that anything that can harm understanding between religious communities be avoided. According to the religious leader, it is important to promote citizenship in Senegal, recalling that Senegal does not belong to a majority or a religious minority, but to everyone. Seydi Issa Laye calls for mosques to be “relays for society, especially for young people”.

 
 

Une session doctrinale sur la piété populaire pour les agents pastoraux à Dakar

Au Sénégal, une session doctrinale sur la piété populaire pour les agents pastoraux a eu lieu à Dakar, du 21 au 24 février. Une quarantaine de prêtres, religieux et religieuses ont pris part à la session doctrinale sur la piété populaire pour les agents pastoraux, organisée par l’archidiocèse de Dakar. Cette session concernait la piété populaire, et a amené à un changement de regard des participants, et à des discussions sur l’évangélisation.

A doctrinal session on popular piety for pastoral agents in Dakar

In Senegal, a doctrinal session on popular piety for pastoral agents was held in Dakar, from February 21 to 24. About forty priests and religious took part in the doctrinal session on popular piety for pastoral agents, organized by the Archdiocese of Dakar. This session was about popular piety, and led to a conversion of view of the participants, and to discussions on evangelization.

 
 

Au Sénégal, un lien fort entre testament civil et musulman

À l’occasion d’un entretien avec Amadou Makhtra Kanté, imam sénégalais spécialiste du droit musulman de testament, le journal sénégalais “Sud quotidien” a proposé des articles sur le rapport entre testament civil et musulman. Au Sénégal, la loi permet à tout le monde de faire un testament de son vivant. Si le défunt n’a pas fait de testament, la loi sénégalaise permet que l’héritage des personnes qui étaient musulmanes de leur vivant soient réparties selon le droit musulman. Si un défunt priait, jeûnait, se rendait à la mosquée et célébrait l’Aïd, sa succession sera dévolue selon le droit musulman prévu par la Charia. La loi religieuse est proche du droit civil, mais les filles et veuves du défunt sont pénalisées par rapport aux fils et aux frères du défunt.

In Senegal, a strong link between civil and Muslim wills

On the occasion of an interview with Amadou Makhtra Kanté, a Senegalese imam specializing in the Muslim law of wills, the Senegalese newspaper "Sud quotidien" offered articles on the relationship between civil and Muslim wills. In Senegal, the law allows anyone to make a will during his or her lifetime. If the deceased did not make a will, Senegalese law allows the inheritance of people who were Muslims during their lifetime to be distributed according to Muslim law. If a deceased person prayed, fasted, went to the mosque and celebrated Eid, his or her estate will be devolved according to Muslim Sharia law, which is almost identical to the law. The latter is close to the civil law, but the daughters and widows of the deceased are penalized compared to the sons and brothers of the deceased.

 
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soutien veille RCA
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Niger, Nigeria, Burkina Faso et Mali. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.