Tensions politiques au Sénégal / Vers un dialogue en Guinée ? / Communautés minoritaires à l'honneur ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
Senegal guinée
VEILLE PHAROS / SÉNÉGAL - GUINÉE
14 avril 2023
 
senegal-guinee-v3
 

L’actualité de ces dernières semaines a été marquée par de vives tensions politiques et sociales à Dakar et dans le reste du Sénégal. Des manifestations massives et des affrontements entre l’opposition et les forces de sécurité ont eu lieu dans le cadre du procès d’Ousmane Sonko, accusé de diffamations. Selon le principal opposant à Macky Sall, ce procès est politique, et vise à l’écarter de l’élection présidentielle. Des heurts se sont multipliés au Sénégal en marge de ce procès. Condamné, Sonko reste néanmoins éligible.

Dans le reste de l’actualité, en Guinée, l’opposition et la junte au pouvoir ont fait un geste d’apaisement pour aller vers le dialogue. La junte a relâché un opposant, et l’opposition a repoussé une manifestation. Par ailleurs, plusieurs communautés étaient à l’honneur de la presse cette semaine, et notamment la communauté bassari en Guinée et la communauté mënik au Sénégal. Ces communautés très minoritaires se battent pour faire vivre leurs langues et leurs cultures. Au Sénégal, Amnesty International a dénoncé la dérive politique au Sénégal, et a notamment pointé du doigt la réduction de l’espace démocratique avec des restrictions à la liberté d’expression qui se multiplient. Au niveau religieux, de nouvelles photographies du fondateur du mouridisme redynamisent ce courant musulman au Sénégal.

Recent weeks have been marked by intense political and social tensions in Dakar and the rest of Senegal. Massive demonstrations and clashes between the opposition and security forces have taken place in connection with the trial of Ousmane Sonko, who is accused of defamation. According to the main opponent of Macky Sall, this trial is political, and aims to keep him out of the presidential election. Clashes have multiplied in Senegal on the sidelines of this trial. Convicted, Sonko remains eligible for election.

In other news, in Guinea, the opposition and the ruling junta made a gesture of appeasement to move towards dialogue. The junta released an opponent, and the opposition postponed a demonstration. In addition, several communities were in the news this week, including the Bassari community in Guinea and the Mënik community in Senegal. These very minority communities are fighting to keep their languages and cultures alive. In Senegal, Amnesty International denounced the political drift in Senegal, and in particular pointed the finger at the reduction of democratic space with restrictions on freedom of expression that are multiplying. At the religious level, new photographs of the founder of Mouridism are revitalizing this Muslim movement in Senegal.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Multiplication de heurts entre forces de l’ordre et opposition au Sénégal autour de l’affaire Sonko

Au Sénégal, Ousmane Sonko était à nouveau devant la justice, le 16 mars 2023. L’opposant est poursuivi pour diffamation par le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang. Il est également visé par une seconde procédure pour des accusations de viols. L’accusé a dénoncé une instrumentalisation de la justice pour l’écarter de la présidentielle de 2024. Des heurts ont eu lieu dans la matinée à Dakar, où un imposant dispositif de sécurité a été déployé. D’autres importantes manifestations ont eu lieu à Mbacke, Saint-Louis, Ziguinchor, Bignona, Podor ou Thiès. La coalition d’opposition Yewwi Askan Wi a signalé que Sonko a été empêché de sortir de chez lui, illustrant les tensions en amont de la présidentielle de février 2024.

Increased clashes between police and opposition in Senegal over Sonko case


In Senegal, Ousmane Sonko was again before the courts on March 16, 2023. The opponent is being sued for defamation by the Minister of Tourism, Mame Mbaye Niang. He is also the subject of a second lawsuit, for accusations of rape. The accused has denounced the instrumentalization of justice to keep him out of the 2024 presidential election. Clashes took place in the morning in Dakar, where an imposing security force was deployed. Other important demonstrations took place in Mbacke, Saint-Louis, Ziguinchor, Bignona, Podor or Thiès. The opposition coalition Yewwi Askan Wi reported that Sonko was prevented from leaving his home, illustrating the tensions ahead of the February 2024 presidential election.

 
 

Source médiatique

 
 

En Guinée, l’opposition et la junte se donnent une nouvelle chance de dialoguer

L'opposition en Guinée a reporté une manifestation prévue le 20 mars à Conakry pour « donner une chance aux discussions » avec la junte. La décision intervient après l'abandon des poursuites contre Abdoul Sacko, l'un des cadres des forces vives, une coalition des principaux partis, de syndicats et d’ONG. Il avait été interpellé le 11 mars, apparemment en dehors de toute procédure, et relâché le même jour, alors que des leaders religieux tentaient de mettre fin à des mois de silence entre junte et opposition et de dissiper des tensions menaçant de dégénérer dans ce pays coutumier des violences politiques. La justice reprochait à Abdoul Sacko son implication dans l'organisation de manifestations interdites.

In Guinea, the opposition and the junta give themselves another chance for dialogue

The opposition in Guinea postponed a demonstration scheduled for March 20 in Conakry to "give talks a chance" with the junta. The decision comes after charges were dropped against Abdoul Sacko, a leader of the Forces Vives, a coalition of major parties, unions, and NGOs. He was arrested on March 11, apparently without due process, and released the same day, as religious leaders sought to end months of silence between the junta and the opposition and to ease tensions that threatened to spiral out of control in a country with a history of political violence. Abdoul Sacko was accused by the courts of involvement in the organization of banned demonstrations


 
 

En Guinée, les Bassari se mobilisent pour obtenir de la reconnaissance

En novembre dernier, les Bassari organisaient près de Conakry des activités culturelles afin de se présenter aux Guinéens et à la communauté internationale. Ils forment un peuple ultra-minoritaire en Guinée. Originaires du Fouta-Djalon, dans le nord-ouest du pays, près de Koundara, ils dénoncent les discriminations dont ils sont encore victimes. Jean-Pierre Lama Boubane est le représentant de la communauté bassari, une communauté estimée à environ 1 000 membres. Ils sont confrontés à des problèmes administratifs en raison de leur difficulté à obtenir des papiers d’identité guinéens. Les Bassari vendent du petit artisanat sur les marchés, et sont également agriculteurs.

In Guinea, the Bassari mobilize to obtain recognition


Last November, the Bassari organized cultural activities near Conakry to introduce themselves to Guineans and the international community. They are an ultra-minority people in Guinea. Originally from Fouta-Djalon, in the northwest of the country, near Koundara, they denounce the discrimination of which they are still victims. Jean-Pierre Lama Boubane is the representative of the Bassari community, a community estimated at about 1000 members. They face administrative problems because of their difficulty in obtaining Guinean identity papers. The Bassari sell small handicrafts in the markets, and are also farmers.

 
 

Ousmane Sonko condamné à son procès, mais demeure éligible

Un tribunal sénégalais a condamné, jeudi 30 mars, l’opposant Ousmane Sonko à deux mois de prison avec sursis pour diffamation à l’encontre d’un ministre, une peine qui préserve son éligibilité pour la présidentielle de 2024 selon ses avocats. M. Sonko, 48 ans, devait répondre de « diffamation, injures et faux » contre le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, au cours de ce procès sous haute tension, dans une capitale quadrillée par les policiers et les gendarmes. Derrière ce procès en diffamation, c’est en effet la candidature déclarée de M. Sonko à la présidentielle de février 2024 qui est en jeu. Les textes en vigueur prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation pour diffamation.

Ousmane Sonko sentenced at his trial, but remains eligible


A Senegalese court sentenced, Thursday March 30, the opponent Ousmane Sonko to two months in prison suspended for defamation against a minister, a sentence that preserves his eligibility for the presidential election of 2024 according to his lawyers. Mr. Sonko, 48, had to answer for "defamation, insults and forgery" against the Minister of Tourism, Mame Mbaye Niang, during this trial under high tension, in a capital city cordoned off by police and gendarmes. Behind this defamation trial, it is indeed the declared candidacy of Mr. Sonko for the presidential election of February 2024 that is at stake. The texts in force provide for removal from the electoral rolls, and therefore ineligibility, in certain cases of conviction for defamation.

 
 

Au Sénégal, un artiste met en musique la langue mënik pour éviter sa disparition

Au Sénégal, l’artiste Beni Fadi passe par la musique électronique et afro-house pour préserver sa langue, le mënik, menacée de disparition. Originaire de la région de Kédougou, dans le sud-est du Sénégal, à quelques kilomètres de la Guinée, le jeune homme de 37 ans chante dans sa langue maternelle pour faire survivre sa culture et les traditions de sa communauté. Cette langue est très minoritaire et en danger au Sénégal, puisqu’elle est parlée par seulement 3 000 personnes. Dans ses chansons, il reprend aussi les contes oraux traditionnels qui sont en train de se perdre.

In Senegal, an artist puts music to the Menik language to prevent its disappearance

In Senegal, artist Beni Fadi uses electronic and Afro-house music to preserve his language, Mënik, which is threatened with extinction. Originally from the region of Kédougou, in the south-east of Senegal, a few kilometers from Guinea, the 37 year old sings in his mother tongue to keep his culture and the traditions of his community alive. This language is very much a minority and endangered in Senegal, as it is spoken by only 3,000 people. In his songs, he also uses traditional oral tales that are being lost.

 
 

Source religieuse

 
 

Au Sénégal, une grande enquête photographique documente la vie du fondateur du mouridisme

Six photos jaunies par le temps viennent de resurgir. On peut y voir Cheikh Ahmadou Bamba, le fondateur de l’importante communauté mouride, décédé en 1927. La découverte est importante, car une seule image du leader religieux était jusqu’ici connue et reproduite d’ailleurs partout dans le pays. Ces photos ont été achetées par un collectif de la communauté mouride à Lyon lors d’une vente aux enchères, après de multiples péripéties. Pour le professeur de l’université de Dakar, Massamba Guèye, la découverte de ces clichés apporte une notion d’extraordinaire : « Dans les récits oraux sur Cheikh Ahmadou Bamba, la part d’extraordinaire était plus importante que la part d’humanité. Dans la photo, la part d’humanité vient installer une base d’extraordinaire de Serigne Touba. Donc ça le replace au cœur de l’histoire et des choses à transmettre. »

In Senegal, a major photographic survey documents the life of the founder of Mouridism

Six photos yellowed by time have just resurfaced. They show Sheikh Ahmadou Bamba, the founder of the important Mouride community, who died in 1927. The discovery is important, because only one image of the religious leader was known until now and reproduced everywhere in the country. These photos were bought by a group of the Mouride community in Lyon during an auction, after many ups and downs. For the professor of the University of Dakar, Massamba Guèye, the discovery of his pictures brings a notion of the extraordinary: "In the oral accounts about Sheikh Ahmadou Bamba, the extraordinary part was more important than the human part. In the photo, the part of humanity comes to install a base of extraordinary of Serigne Touba. So it puts him at the heart of history and things to be transmitted.

 
 

Source société civile

 
 

Amnesty International alerte sur la situation politico-sociale au Sénégal

Samira Daoud, la directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre,  a lancé une alerte hier, sur la situation au Sénégal. Selon elle, « partout au Sénégal, les droits à la liberté de réunion et d’expression pacifiques sont menacés ». Elle a également souligné qu’il est aujourd’hui essentiel que « les personnes soupçonnées d’avoir fait un usage illégal de la force lors des précédentes répressions des manifestations soient traduites en justice et que les droits humains soient effectivement respectés, protégés et promus avant l’élection présidentielle de 2024 ». Un autre rapport d’Amnesty international indique que les droits à la liberté de réunion et d’expression ont été restreints en Guinée.

Amnesty International alerts on the political and social situation in Senegal

Samira Daoud, Amnesty International's Regional Director for West and Central Africa, issued a warning yesterday about the situation in Senegal. According to her, "everywhere in Senegal, the rights to freedom of peaceful assembly and expression are under threat". She also stressed that it is now essential that "those suspected of illegal use of force during previous crackdowns on demonstrations be brought to justice and that human rights be effectively respected, protected and promoted before the 2024 presidential election. Another Amnesty International report indicates that the rights to freedom of assembly and expression were restricted in Guinea.

 
banderole-veille-2
soutien veille RCA
 

Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son projet d'action au Sahel. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as part of its project in Niger, Nigeria, Burkina Faso and Mali. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.