Répressions violentes / Conflits intercommunautaires / Droit coutummier ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏ ͏
 
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VEILLE PHAROS / TCHAD
25 novembre 2022
 
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L’actualité de ces dernières semaines a été marquée par le climat politique tendu au Tchad, un mois après la sanglante répression des manifestations du mois d’octobre. Le bilan monte, mais n’est pas définitif. L’ONU et des ONG se sont saisies de cet événement et des équipes d’enquête internationales ont été dépêchées sur place. Dans le même temps, l’opposition et des organisations de la société civile déclarent faire l’objet d’une traque par les autorités tchadiennes.

Dans le reste de l’actualité, les conflits entre éleveurs ont fait au moins 500 morts depuis le début de l’année selon l’ONU. Plusieurs initiatives sont pourtant mises en place dans le Ouaddaï comme dans le Guéra afin de prévenir les conflits intercommunautaires dans le pays. Sur le plan religieux, des leaders craignent un glissement des sujets religieux dans le domaine politique. Le droit coutumier au Tchad est également au centre de débats. C’est particulièrement la pratique de la Dia pour indemniser les familles des victimes après un meurtre qui est remise en question.

 

The news of the past weeks has been marked by the tense political climate in Chad, one month after the bloody repression of the October demonstrations. The death toll is rising, but is not definitive. The UN and NGOs have taken up the issue and international investigation teams have been dispatched. At the same time, the opposition and civil society organizations say they are being hunted down by the Chadian authorities.

In other news, conflicts between herders have caused at least 500 deaths since the beginning of the year, according to the UN. However, several initiatives have been put in place in both Ouaddaï and Guéra to prevent inter-community conflicts in the country. On the religious front, some leaders fear that religious issues are being transferred to the political arena. Customary law in Chad is also the focus of debate. In particular, the practice of the Dia to compensate the families of victims after a murder is being questioned.

 
 

L'info phare - Source médiatique

 
 

Un mois après la répression sanglante de manifestations au Tchad, la lumière peine à être faite

Un mois après ce jour que les Tchadiens ont baptisé « jeudi noir », il subsiste de nombreuses zones d’ombre sur la sanglante répression du 20 octobre dernier. Les manifestations des opposants à la prolongation de la transition avaient été réprimées dans le sang à N’Djamena dans d’autres villes du pays. Selon le comité de l’ONU contre la torture, entre 50 et 150 personnes ont été tuées, entre 150 et 180 personnes portées disparues, plus de 1 300 personnes arrêtées ou encore entre 600 et 1 100 personnes « déportées » dans la prison de haute sécurité de Koro-Toro. La Fédération internationale des Droits de l’Homme (FIDH) et Amnesty international estiment que l’enquête internationale promise par le gouvernement peut aider à faire toute la lumière sur la répression sanglante, mais qu’elle doit s’accompagner d’une enquête d’équipe indépendante.

One month after the bloody repression of demonstrations in Chad, the outcome is still not clear

One month after this day that Chadians called "Black Thursday", there are still many gray areas on the bloody repression of October 20. Demonstrations by opponents of the extension of the transition had been bloodily repressed in N'Djamena in other cities of the country. According to the UN Committee against Torture, between 50 and 150 people were killed, between 150 and 180 people reported missing, more than 1,300 people arrested or between 600 and 1,100 people "deported" to the high prison. security of Koro-Toro. The International Federation for Human Rights (FIDH) and Amnesty International believe that the international investigation promised by the government can help shed light on the bloody repression, but that it must be accompanied by an investigation of independent team.

 
 

Sources médiatiques

 
 

Au Guéra et au Ouaddaï, des dispositifs sont mis en place pour limiter les violences intercommunautaires

Le 30 octobre à Mongo, le chef-lieu du département du Guéra, les autorités administratives, les chefs de canton, les chefs religieux se sont retrouvés pour une réunion sur la cohabitation pacifique et le vivre-ensemble. ​La réunion a abordé les questions liées au renforcement de la paix et de la prévention des conflits. Le préfet a aussi insisté sur la bonne collaboration entre les différentes autorités. Au Ouaddaï, Bachar Ali Souleymane, le gouverneur de la province du Ouaddaï, a donné des consignes pour prévenir des conflits entre éleveurs et agriculteurs. Le gouverneur demande aux éleveurs de « bien garder leurs bétails au lieu de les faire rentrer dans les champs ». Il demande également aux paysans de récolter dès que c'est la période.

In Guéra and Ouaddaï, measures have been put in place to limit inter-community violence

On October 30 in Mongo, the capital of the department of Guéra, the administrative authorities, the heads of the cantons, the religious leaders met for a meeting on peaceful cohabitation and living together. The meeting addressed issues related to peace building and conflict prevention. The prefect also insisted on the good collaboration between the different authorities. In Ouaddaï, Bachar Ali Souleymane, the governor of the province of Ouaddaï, gave instructions to prevent conflicts between herders and farmers. The governor asks herders to "take good care of their cattle instead of bringing them into the fields". He also asks the peasants to harvest as soon as it is time.

 
 

Après les répressions d’octobre, les opposants tchadiens s’estiment victimes d’une chasse à l’homme

Au Tchad, l’opposition, des ONG internationales, des experts de l’ONU et des responsables de l’Union africaine (UA) accusent le pouvoir de continuer de traquer les opposants. L’opposant Succès Masra a requis auprès du procureur de la Cour pénale internationale (CPI) l’ouverture d’une enquête au Tchad sur des faits présumés de crimes contre l’humanité commis lors de la répression de la manifestation du 20 octobre et lors des jours qui suivirent. Succès Masra, l’opposant en question, a assuré à l’AFP avoir été contraint de fuir son pays le 1er novembre.

After the October repressions, Chadian opponents consider themselves victims of a manhunt

In Chad, the opposition, international NGOs, UN experts and African Union (AU) officials accuse the government of continuing to hunt down opponents. The opponent Succès Masra has asked the prosecutor of the International Criminal Court (ICC) to open an investigation in Chad into alleged crimes against humanity committed during the repression of the October 20 demonstration and during days that followed. Succès Masra, the opponent in question, assured AFP that he had been forced to flee his country on November 1.

 
 

Le droit coutumier au cœur d’un débat au Tchad

Selon le comité des Nations Unies, la pratique de la Dia est très courante au Tchad, bien que contraire à la loi. Cette pratique consiste à verser une compensation à la famille de la victime par la famille du coupable en cas de meurtre ou de blessures graves. Cette pratique est presque institutionnalisée au Tchad, et en particulier dans certains milieux musulmans. Selon Pr Sébastien Touzé, du comité de l’ONU, cela contribue à « la déliquescence de l’autorité de l’État et de l’absence de justice ». Ahmad Makaïla, le représentant permanent du Tchad à Genève, a répondu aux préoccupations du Comité des Nations Unies sur les dérives de la Dia en expliquant que ces pratiques n’étaient pas en contradiction avec les procédures pénales.

Customary law at the heart of a debate in Chad

According to the UN committee, the practice of Dia is very common in Chad, although against the law. This practice consists of paying compensation to the family of the victim by the family of the culprit in the event of murder or serious injury. This practice is almost institutionalized in Chad, and in particular in certain Muslim circles. According to Pr Sébastien Touzé, of the UN committee, this contributes to “the decay of state authority and the absence of justice”. Ahmad Makaïla, the permanent representative of Chad in Geneva, responded to the concerns of the United Nations Committee on the abuses of the Dia by explaining that these practices were not in contradiction with criminal proceedings.

 
 

Sources institutionnelles

 
 

Les violences intercommunautaires ont fait plus de 500 morts en 2022 au Tchad selon l’ONU

L’agence de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (Ocha) a sorti un rapport sur les violences intercommunautaires au Tchad. Au 9 octobre 2022, Ocha a recensé 528 morts, 600 blessés et plus de 7 000 déplacés. Ces chiffres sont en hausse par rapport à l’an dernier, alors que les conflits avaient fait environ 400 victimes. Ces conflits se retrouvent principalement dans le Sud du pays, et concernent avant tout les agriculteurs et les éleveurs. Cette région attire depuis toujours les éleveurs des zones désertiques du Nord. C’est également un secteur de transhumance : leur passage entraîne régulièrement des affrontements avec les agriculteurs sédentaires.

Intercommunity violence killed more than 500 in Chad in 2022 according to the UN

The United Nations agency for the coordination of humanitarian affairs (Ocha) has released a report on intercommunity violence in Chad. As of October 9, 2022, Ocha has recorded 528 dead, 600 injured and more than 7,000 displaced. These figures are up from last year, when the conflicts claimed around 400 victims. These conflicts are found mainly in the south of the country, and primarily concern farmers and herders. This region has always attracted breeders from the northern desert areas. It is also a sector of transhumance: their passage regularly leads to clashes with sedentary farmers.

 
 

L’ONU se saisit de la répression au Tchad, une mission internationale dépêchée

Le Comité des Nations Unies contre la torture s’est réuni le 1er novembre à Genève pour se pencher sur la répression des manifestations du 20 octobre. La session a duré 2 heures, et a été à l’origine de nombreuses questions : pourquoi un tel usage de la force, comment l’expliquer, quel a été le bilan réel ? Ahmad Makaïla, l’ambassadeur du Tchad à Genève a évité la question, en expliquant que la transition n’a pas vocation à être une zone de non-droit. Par la suite, les autorités du Tchad ont accepté qu’une mission d’enquête internationale soit déployée pour faire la lumière sur les répressions. Une mission de facilitation de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC) est en cours depuis le 25 octobre.

The UN seizes the repression in Chad, an international mission dispatched

The United Nations Committee against Torture met on November 1 in Geneva to look into the crackdown on the October 20 protests. The session lasted 2 hours, and was at the origin of many questions: why such use of force, how to explain it, what was the real toll? Ahmad Makaïla, the Chadian ambassador in Geneva kicked in touch, explaining that the transition is not intended to be a zone of lawlessness. Subsequently, the Chadian authorities agreed to the deployment of an international fact-finding mission to shed light on the repressions. A facilitation mission from the Economic Community of Central African States (ECCAS) has been underway since October 25.

 
 

Source religieuse

 
 

Au Tchad, les leaders religieux mettent en garde contre toute manipulation

Selon Cheickh Abdadahim Abdoulaye Ousmane, premier Vice-président et secrétaire général du Conseil des affaires islamiques au Tchad ,« le problème du Tchad est politique et non pas religieux ». Il se référait aux manifestations d’octobre et de leur répression dans plusieurs villes de son pays. Pour l’imam, les Tchadiens gagneraient à faire la paix et à ne pas se laisser manipuler, car ils sont appelés à cohabiter dans leurs diversités pour construire ensemble l’avenir du pays. L’imam a confié que du côté de la communauté musulmane, la stratégie arrêtée a consisté à « réunir tous les imams et les prédicateurs pour les orienter et faire un sermon unique qui sera diffusé par tous les prédicateurs et destiné à être prêché à travers toutes les mosquées au Tchad ». Le but de cette initiative est de « prôner la cohabitation pacifique et le vivre-ensemble ».

In Chad, religious leaders warn against manipulation

According to Cheickh Abdadahim Abdoulaye Ousmane, First Vice-President and Secretary General of the Islamic Affairs Council in Chad, “Chad's problem is political and not religious”. He was referring to the October protests and their repression in several cities in his country. For the imam, Chadians would benefit from making peace and not allowing themselves to be manipulated, because they are called upon to live together in their diversities to build the future of the country together. The Imam said that on the side of the Muslim community, the strategy adopted was to "bring together all the imams and preachers to guide them and make a single sermon which will be broadcast by all the preachers and intended to be preached through all mosques in Chad”. The purpose of this initiative is to “advocate peaceful coexistence and living together”.

 
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Ce bulletin de veille est réalisé par l’Observatoire Pharos, observatoire du pluralisme des cultures et des religions, dans le cadre de son analyse de la situation du pluralisme culturel et religieux en Afrique centrale. Il rassemble des informations, analyses et déclarations qui ne reflètent pas systématiquement la perception de la situation par l’Observatoire Pharos, mais qui constituent des documents à intégrer dans l’analyse. Les destinataires, partenaires de l’Observatoire Pharos, sont invités à contribuer à la qualité de cette veille par le partage de toutes informations utiles et diffusables.

This newsletter is written by Pharos Observatory, an observatory of cultural and religious pluralism, as par of its analysis of religious and cultural pluralism in Central Africa. It gathers information, analyses and speeches which may not reflect Pharos Observatory's feeling about the situation, but which should be taken into account as part of the analysis. All recipients, who are Pharos Observatory partners, are encouraged to contribute to this Watch by sharing any information that is worthwhile and fit to print.