Le roman du conquérant

Le roman du conquérant
Auteur: Nédim GÛRSEL
Publication: 1999
Pays: Empire ottoman
Pages: 302
Editeur: Seuil
Langue: Turc
Compte rendu de l'oeuvre:

Le roman du conquérant

Fiche récapitulative : Le roman du conquérant, Nedim Gürsel

-          Public destinataire de l’ouvrage : à partir de 12 ans

-          Thématiques : Affrontement entre Ottomans et Byzantins

-          Genre : Roman

 

L'auteur

Né en 1951, Nedim Gürsel est un romancier turc vivant et écrivant en France depuis les années 1970. Il est également chargé de cours à l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales (Inalco) et a été Directeur de recherche au CNRS où il a notamment travaillé sur des thèmes tel le « délit de blasphème » dans la Turquie moderne et dans la tradition islamique. Un sujet qui lui est cher, lui qui a été poursuivi dans son pays pour avoir « dénigré les valeurs religieuses de la population » à la suite de la publication de son roman Les filles d’Allah (éd. Seuil). Il est l’auteur d’une trentaine d’ouvrages comprenant aussi bien des recueils de poèmes que des romans ou des essais et récits de voyage.

 

Résumé

Le roman part du point de vue d’un écrivain moderne séjournant dans une antique maison ottomane sur les bords du Bosphore en quête d’inspiration pour retracer le récit de vie du sultan Mehmed II « Fatih », le conquérant. Peu à peu, une autre temporalité s’insinue dans la première couche de récit à mesure que le personnage est happé par ce moment de bascule de l’Histoire. La lecture se déplace en 1453, alors que se déroule le long siège de Constantinople. Le roman se mue en épopée dont les protagonistes connaissent presque tous un destin tragique : le grand vizir Tchandarli Halil Pasha, le capitaine captif Antonio Rizzo qui finira empalé, le matelot Nicolo, devenu mignon et secrétaire de bord du sultan. Tous partagent, de manière brève ou assidue, l’intimité de Mehmed, permettant au lecteur de s’imprégner de la personnalité complexe et paradoxale du souverain ottoman. Celui-ci est décrit par Gürsel comme un homme lucide, conscient de l’exigence de continuité entre son règne et celui, révolu, des empereurs byzantins. Un être autant pétri de philosophie grecque que du mysticisme des maîtres soufis persans. Sa curiosité pour les sciences et techniques de son époque iront jusqu’à le faire poser pour le célèbre peintre de la Renaissance Gentile Bellini pour un portrait entré depuis dans la postérité.

Approche du pluralisme culturel et religieux

Ce roman dépeint un épisode fondateur de la conscience collective de la Turquie moderne. Pour cela, l’auteur fait appel à des regards occidentaux servant de témoins oculaires afin de mieux restituer la confrontation passionnée entre l’Islam et la Chrétienté dans une époque troublée par un affrontement séculaire entre puissances byzantines, puis vénitiennes et ottomanes.

Le livre de Nedim Gürsel a le grand mérite de confronter nos regards contemporains porteurs d’une vision bien trop souvent étriquée sur l’Histoire à un contexte social passé fait d’habitudes et de conceptions normatives éloignées de toute conception anachronique. Celles-ci sont livrées telles quelles grâce à un travail qu’on devine fourni, nourri de chroniques anciennes. On découvre à travers les pages du roman qu’une évocation éclairée de l’Histoire des rapports entre Orient et Occident est possible, une Histoire où les deux blocs civilisationnels s’entrechoquent tout en étant profondément interpénétré l’un de l’autre.

Pour aller plus loin

Pour aller plus loin, on peut se plonger dans un autre classique de la littérature turque sur l’époque ottomane, Mon est rouge, d’Orhan Pamuk.

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